7 décembre 2008

La poisse

Fait divers

*

La poisse! Il a fallu que ça tombe sur moi, bien sûr!

Qu'est-ce que je fous là encore? Ah, oui. Elle. Quel con je fais vraiment! Elle me jette comme une loque, mais je rapplique quand même illico, au beau milieu de la nuit! Le fait que j'aie 2 heures de routes à me coltiner, pas d'importance hein...

Je vois venir l'histoire en plus. Elle va passer des heures, à pleurer sur mon épaule, et s'épancher à propos de la énième infidélité de son Jules. Mais qu'est-ce que je fous là...

Et bien sûr, il fallait que je tombe en panne! Ca de gagné avant d'entendre les frasques de Jules. Bon, c'est quoi le souci? Un pneu crevé, il ne manquait que ça. Et le temps qui s'est mis de la partie. On n'y voit rien avec ce brouillard, à peine si je distingue le bord de la route.

Comme de bien entendu, la roue crevée est du côté où passent les voitures. Je hais Murphy, rien ne va aujourd'hui. Ce que je fais là encore? Mais pourquoi je suis tombé amoureux d'elle! Elle ne m'a attiré que des ennuis dans la vie. Et ça continue...

Hey, c'est quoi ce bruit? Mais! Il ne m'a pas vu le camion, je divague ou il me fonce droit dessus! Au diable la roue crevée, la sécurité avant tout!


En sautant par-dessus la rambarde, je songeais à l'appel que j'allais passer à la dépanneuse.

Mais ... Il est où le sol?

Quelle poisse, j'avais même pas encore passé le viaduc...

1 décembre 2008

Demande

Poème-minute, inspiration spontanée.

*

Il m'a demandé
S'il pouvait me parler
Pas ici, en privé
Il semblait gêné

Il m'a demandé
Si j'avais aimé
Ces semaines à travailler
A ses côtés

Il m'a rappelé
Nos fous-rires et nos idées
Des souvenirs de toutes ces années
D'amitié

Il m'a parlé
De ses sentiments
Qui ont changé
Avec le temps

Il m'a demandé
Si j'avais envie
Qu'on unisse nos vies
Et j'ai dit oui

25 novembre 2008

7 novembre

Jeu d'écriture. A vos Plumes, n°50.
Les éléments : 50 ans, une pelle, un flingue, un cimetière, de l'or, le Mexique.
J'ai quelque peu détourné le thème auquel on s'attendrait.
Et suite à un délire pré-scriptural, je me suis aussi fixée comme objectif d'y ajouter un harmonica.


*

Le 7 novembre. Son regard, par habitude, avait heurté le calendrier fixé près de la porte. Cette date résonnait maintenant dans son esprit, clignotait tel un néon devant ses yeux. 7 novembre. Il avait eu tant de projets pour ce jour. A croire qu’elle l’avait fait exprès. Non, il ne pouvait pas dire ça. 7 novembre. Il avait eu tant à penser, tant à faire ces derniers jours qu’il en était venu à oublier la date. Et voilà qu’elle venait pernicieusement de se rappeler à son esprit. Il aurait préféré encore l’oublier, non, ne pas y penser, mais impossible.
Enfilant son manteau noir et enfonçant son chapeau sur sa tête, Emile sortit affronter la pluie glacée.
La cérémonie fut sinistre. Hormis les membres de la famille, seuls quelques amis avaient fait le déplacement jusqu’au cimetière. Emile n’y prêtait pas attention, pas plus qu’à l’eau qui dégoulinait le long de son dos. Le regard dans le vague, une seule pensée l’obsédait, la date. Le 7 novembre. Aujourd’hui, voilà 50 ans qu’Irène et lui auraient été mariés, unis pour le meilleur et pour le pire. Des noces d’or. Et ils avaient tant vécus en 50 ans, le meilleur comme le pire. Il ne gardait pourtant que le meilleur en tête.
Il avait tout prévu pour l’occasion. Un grand dîner en famille – la maison pouvait se permettre d’accueillir la vingtaine de personnes que cela impliquait – et, à la fin du repas, son cadeau : un voyage au Mexique ! Ils n’avaient presque jamais pris de vacances, c’était l’occasion rêvée. Elle qui aurait adoré voyager.
Il faut croire que rien ne va jamais comme on le voudrait. La famille était rassemblée oui, mais autour du cercueil d’Irène, pleurant. L’exact opposé de la joyeuse ambiance prévue.
Les gens commençaient à quitter les lieux, il fallait préparer le repas de funérailles. Emile resta encore un moment là, devant le trou, à regarder les fossoyeurs lancer des mottes de terre sur le cercueil où reposait désormais sa femme. Les larmes ruisselaient sur son visage. Les fossoyeurs arrêtèrent un instant le mouvement de leurs pelles, respectant la douleur de cet homme qui venait de perdre sa compagne de toujours.
Après un long moment, il rentra à son tour. Son fils l’avait attendu, il passa un bras autour de ses épaules. Nul besoin de mots. Tout était dit. "On est là papa, tu peux compter sur nous". Le vieillard était reconnaissant de ce soutien silencieux.

Le repas fut sinistre lui aussi, mais l'atmosphère commença à s'alléger. Le temps passant, les discussions reprenaient, on parlait de tout et de rien. La vie continuait son cours. Irène resterait à jamais dans le coeur de chacune des personnes présentes, mais il fallait continuer la route. Emile se surprit à sourire. Son dernier petit-fils, Hugo, avait trouvé son vieil harmonica dans le grenier et lui demandait de lui apprendre à en jouer. Le son produit par le garçon était loin d'être agréable à l'oreille, mais il était heureux.

Le soir venu, l'absence d'Irène se fit plus forte. Elle était sous terre maintenant, il réalisait tout ce que cela signifiait. La perspective de longues soirées en solitaire l'effrayait. Il monta ranger l'harmonica, tant de souvenirs et de vieux objets dans ce grenier. Son vieux flingue était-il toujours là? Désolé les vivants, je ne peux continuer sans mon Irène. Mon amour, attends-moi, j'arrive.

15 novembre 2008

Enfin en paix.

Texte envoyé au concours "Plumes d'Insomniaques".
Le principe : le thème est publié à 19h, le texte est à envoyer avant 7h le lendemain matin.
J'ai gagné... vous y croyez vous?


*

C’était la dernière personne à rencontrer. Elle le savait. Elle, c’était Gysèle. 97 ans, plus toutes ses dents peut-être (plus aucune même), mais encore toute sa tête. Quoiqu’elle eut un instant de doute en voyant la jeune femme apparaître devant elle. Celle-ci était très belle, avec ses longs cheveux noirs cascadant sur ses épaules, et ses yeux tout aussi foncés, à tel point qu’on ne distinguait plus l’iris de la pupille. Du reste, sa tenue était on ne peut plus joyeuse, formant un joli contraste : une belle robe rouge flattant agréablement ses formes, et un petit chapeau de paille agrémenté de coquelicots.
Mais Gysèle ne s'étonna pas outre mesure de la présence soudaine de la dame. Elle referma son roman.
-  Vous arrivez au bon moment, je viens de le finir, fit-elle avec un petit mouvement de tête vers le livre, qu'elle déposa sur le guéridon qui, avec les deux fauteuils encadrant l'âtre, formait le seul mobilier que cette pièce comptait.
- Je sais, répondit simplement l’inconnue.
- Je suis prête.
- Nous avons encore quelques minutes devant nous.
- Asseyez-vous donc un instant dans ce cas.

La femme en rouge s'exécuta, s'installant face à Gysèle. Elle l'observa un instant, la détaillant. Le visage de la vieille était sillonné de rides. L'on voyait bien que les malheurs et la souffrance avaient marqués cette vie. Les larmes avaient du couler plus qu'à leur tour sur ces joues qui maintenant pendaient, s'accrochant encore avec peine à sa mâchoire. Mais ce visage aujourd'hui ravagé par les années et les souffrances gardait comme une ombre, un reflet de la beauté qui avait été sienne dans les jours anciens. Les yeux surtout n'avaient rien perdu de leur éclat, ces yeux gris-bleus, qui... fixaient la jeune femme, coupant court à ses rêveries.

- Je ne vous imaginais pas comme ça. La voix était légèrement chevrotante, d'avoir trop ri ou trop pleuré. Peut-être était-ce les deux.

Un sourire.
- On préfère éviter de penser à moi généralement. Difficile en ce cas de se faire une idée. Et la simple mention de mon nom fait peur à ceux qui osent tenter de m'imaginer. Et il leur est plus facile de craindre quelque chose d'horrible
- C'est vrai.
- Et vous? Vous n'avez pas peur?
- Peur de quoi? De vous? Vous n'êtes pas effrayante. De ce que vous représentez? Oui, à une époque je l'avoue. Il y a longtemps...
- Et plus maintenant?
- Non. Je n'ai plus de raison de vous craindre.

Un silence vint faire suite à cette déclaration. Gysèle était partie dans ses pensées, l'autre femme contemplant la pièce presque nue aux murs fissurés. Le feu brûlait dans l'âtre, mais la chaleur qu'il procurait parvenait à peine à faire oublier les courants d'air glacé qui s'infiltraient partout, transperçaient les vêtements pour venir vous glacer les os. Dans cette vieille pièce froide, la jeunesse et la fraicheur qu'apportait la jeune femme étaient presque bienvenus.

- Vais-je souffrir?
- Non. Vous ne sentirez rien. Tout a été prévu.
- Merci.

A nouveau le silence emplit la pièce. Gysèle souriait, apaisée. Elle avait tellement souffert dans sa vie. D'abord son mari, assassiné sous ses yeux. Oh, combien de temps n'avait-elle pu dormir sans faire de cauchemar? Elle secoua un peu la tête, voulant effacer cela de sa mémoire. Elle ne voulait garder que les bons souvenirs, l'heure n'était plus aux larmes ni aux regrets.

- Vous êtes une femme étrange Gysèle. Vous ne savez pas ce qui vous attend, mais ne posez aucune question. N'êtes-vous pas curieuse?
- A quoi bon. Je n'ai nullement l'intention de me torturer l'esprit. Je le saurai bien assez tôt.

La dame en rouge se leva.

- Allons. Il est l'heure.

Elle tendit la main à Gysèle, qui l'agrippa. Avec lenteur, elle quitta son vieux fauteuil défoncé et se posta, tremblante, sur ses jambes. Les deux femmes se regardèrent.

- Un dernier souhait? Un regret?
- Le seul regret que je puisse avoir, est que j'ai perdu mon mari depuis bien trop longtemps, et mes enfants trop peu de temps après. J'aurais voulu les garder près de moi encore un peu. D'ailleurs, pourquoi moi? Pourquoi ai-je survécu?
- Parce qu'il le fallait. Pour l'exemple que vous avez donné sans le savoir à toutes ces personnes qui ont croisé votre chemin. Malgré les tempêtes et les souffrances, vous avez toujours gardé votre sourire. Ces personnes, vous les avez aidées. Vous leur avez donné la preuve que quoiqu'il arrive, il est encore possible d'être heureux.

Les larmes coulaient à nouveau sur les joues de Gysèle, mais elle ne s'en inquiétait plus. C'étaient des larmes de joie et de soulagement. D'un regard, elle fit savoir à la Grande Faucheuse qu'elle était fin prête. Elle ferma les yeux, et attendit.
Elle ne sentit plus rien. Elle rouvrit les yeux, pour découvrir sa famille, au complet! Son dernier souhait avait été réalisé. Finie sa maladie et sa vieillesse, ne restait que la joie d'une réunion autour de la survivante. Ce soir, elle s'endormirait définitivement, le coeur léger.


L'électrocardiogramme était maintenant plat. La vieille Gysèle pouvait reposer en paix. L'infirmière débrancha les machines qui gardaient la "souriante", comme ils l'appelaient, en vie. Des années de comas, et de souffrance. Mais le sourire n'avait jamais quitté ses lèvres, au grand étonnement de tous les médecins qui s'étaient succédés à son chevet.
La jeune femme en blanc regarda la seringue qui était encore sur sa table de chevet. Il fallait la faire disparaître. Personne ne devait être au courant. Médicament expérimental ils avaient dit. Qui permettait de passer ses derniers instants à vivre ses rêves.
Viviane, elle avait décidé que cette pauvre femme de la chambre 569 y avait droit. Des années qu'elle souffrait, mais qu'on ne pouvait rien faire, à cause de ce sourire. Patient conscient, ç'aurait été un meurtre. Mais Viviane n'en pouvait plus de voir cette pauvre dame souffrir et ne rien pouvoir faire pour elle. Elle n'était pas devenue infirmière pour ça. Elle regardait ce visage toujours souriant, maintenant libre de toute douleur. Elle reposait en paix.

10 novembre 2008

Prémonition

Texte-défouloir... tout simplement.

*

Tout avait commencé en fin d'après-midi. Une sombre impression que quelque chose n'allait pas. Habituellement, elle réussissait à chasser ces mauvaises pensées, mais là, pas moyen.

Il faut dire aussi que rien n'allait vraiment bien ces derniers jours! Mais selon vous, c'est facile d'abandonner comme ça son rêve, le rêve de toute une vie? Surtout dans ces conditions. Elle n'avait pas eu le choix. Enfin, soyons optimiste, il lui restait une dernière chance, un rendez-vous pour le lendemain. Ce maigre espoir lui donnait encore le sourire. Si elle parvenait à convaincre demain, il lui restait une chance! Oh, ce serait loin d'être facile, 4h de trajet supplémentaire par jour. Mais elle y arriverait oui!

Alors… à quoi était dû ce malaise? Elle n'arrivait pas à le définir. Cette inquiétude sourde s'insinuait en elle, telle un serpent prêt à étouffer sa proie. Elle n'arrivait à se concentrer sur rien, pas même le livre qu'elle avait eu tant de mal à quitter tout à l'heure, c'est dire!
On l'appelle en bas. Elle réagit instantanément, chose rare également. Que se passe-t-il?

- On part chez papy et mamy, préviens ton frère et ta sœur. Ne nous attendez pas.

La réponse fut immédiate.

- Je viens avec vous!
- Non, ça ne servira à rien. Il faut que tu te reposes pour demain.

Elle n'arriva pas à les convaincre. Pourquoi cet empressement? Simplement, le sentiment de malaise s'était renforcé. A ce moment, elle eut la certitude que quelque chose n'allait pas. Elle n'eut d'autre choix que de rester.

Commença alors l'attente, longue, inquiétante.
Dormir? Impossible! Tant qu'elle ne saurait pas de quoi il en retourne. Une petite voix en elle lui disait : "et quand tu sauras, tu pourras dormir tu penses?"
Oui, là, bien cachée, une partie d'elle savait ce qui se passait, ou tout du moins s'en doutait. Mais le reste de son esprit n'était pas prêt à admettre l'impensable.

Et le silence, le silence qui enveloppait la maison, coupait tous les bruits environnants. Etait-ce juste une impression?
Le téléphone sonna. Fébrile, elle attrapa le téléphone, qui faillit lui glisser des mains.
Les parents. Que se passe-t-il, dites-moi! Pas de réponse.
Ils avaient besoin d'un numéro de téléphone. Elle répondit, sans chercher à comprendre le pourquoi. Elle ne réfléchissait plus, ses réactions étaient comme ralenties.

Recommence l'attente, l'angoisse.
Bien des heures plus tard – quelle heure était-il d'abord? elle avait perdu la notion de temps – un bruit se fit entendre. Le retour! Enfin elle aura une réponse à ses questions. Le suspense allait prendre fin. Elle dévala les escaliers. Ils furent surpris de la voir encore éveillée. Ah tiens, 3h du matin, en effet, compréhensible…

- Vous allez enfin me dire ce qui se passe?

Elle était fatiguée, énervée. Un flot de sentiments se bousculaient en elle, de la crainte à la colère. Allait-on enfin lui dire?

- C'est papy…

Maman avait les larmes aux yeux. Pas besoin d'en dire plus. Elle ne sentait plus ses jambes, s'assit sur les marches qu'elle venait de descendre. Elle ne réalisait pas vraiment, pas encore. De la marée sentimentale de l'instant d'avant ne subsistait plus rien, qu'un grand vide. Et cette petite voix qui lui disait "je le savais", mais qui était loin de s'en réjouir.
Elle ne put retenir ses questions.

- Comment? Pourquoi?

Maman éclata en sanglots. Papa se chargea de lui expliquer. Il était pâle. Elle ne les avait jamais vus comme ça. Eux, si forts, étaient complètement abattus.

Il ne servait à rien de rester là. Vu l'heure, chacun alla se coucher. Elle remonta, mais ne parvint pas à dormir. Ni à éteindre la lumière non plus. Pourquoi avoir demandé le comment? Des images apparaissaient devant elle. Elle n'osait plus fermer les yeux.

Les jours suivants se passèrent comme hors du temps.
Le lendemain, son dernier espoir de voir son rêve s'accomplir se brisa. Cela ne lui fit rien. Rien ne la faisait réagir.
Elle voyait les autres pleurer tandis qu'elle avait les yeux secs.

Quelques jours passèrent comme ça, sans dormir, se forçant pour s'alimenter un minimum. Ca dura jusqu'au jour de l'enterrement.
Là, devant le cercueil, elle sembla enfin réaliser tout ce qui s'était passé. Quelqu'un vint la voir, la prit dans ses bras. Et là, la marée revint… haute. Elle se mit à sangloter, doucement d'abord, puis de plus en plus violemment. Les larmes coulaient sur ses joues, mouillaient ses vêtements et les bras protecteurs. Toutes ces larmes qui ne voulaient pas venir durant ces 3 derniers jours furent versées en quelques heures. Elle pleura longuement, réalisant enfin tout ce que cette pendaison signifiait.

Plus jamais elle ne reverrait papy…

1 novembre 2008

Atmosphère

Essai à la poésie...

*

J'ai osé ouvrir la fenêtre ce matin
Un air frileux m'a soudain soufflé au visage
Les arbres tout chargés de givre en leurs branchages,
Pleuraient amers des larmes glacées dans leur chagrin

Le sol avait pris la couleur du ciel laiteux,
Les rues absorbaient tous les univers bruissants
Le silence régnait enveloppant les passants
Emmitouflés, se pressants gelés et grincheux.

Le temps se trouvait figé, sourd et impalpable,
Appelant le soleil, ses rayons seuls capables,
D'égayer l'atmosphère de ce matin d'hiver.

Et, m'étant offerte à ce climat sibérien,
Transie, je rentrais et passais un pull-over.
J'ai osé ouvrir la fenêtre ce matin.

27 octobre 2008

Cinq à la maison (sans compter les animaux)





6h15. Le réveil sonne. Comme tous les jours, je ne réagis pas tout de suite, je prends le temps de me réveiller, à mon aise.
Soudain, mon oreille se dresse. Une porte a grincé, quelque chose a bougé. Sensation étrange. Je me lève et descends. Un ronflement se fait entendre en passant. En bas, la lumière est allumée, l'odeur du café imprègne la pièce. Des sacs trainent ouverts dans un coin. Mais! Je venais de finir le ménage!
Elle sort de la cuisine, je la prends dans mes bras. Tu m'as manqué maman. Un nouveau ronflement. Toi aussi papa.

Après deux semaines de quasi-solitude, voilà que la vie revient ici. Finis les déjeuners en solo. Le frère descend, on se met à discuter, papoter. Le chat court partout. Dans une heure ou deux, papa se lèvera, ainsi que la sœur. Profitons, tant qu'elle dort, il fait calme.
Fini le temps ou j'entendais la pluie tomber, ça rit, ça discute, les portes claquent.

Ca me manquait toute cette animation. Les parents sont rentrés de vacances.

22 octobre 2008

Le vieux Léon

Jeu d'écriture (encore!).
Thème : Sors de la cage aux lions. A insérer : Les yeux révolver, Comme un boomerang, Poignard Cupidon.


*

Maintenant qu'il était entré, Axel n'osait plus bouger. Il ne quittait pas le vieux Léon des yeux.

- Sors de cette cage, mais sors de cette cage bon sang!, ne cessait de lui crier la belle Alex. Quelle idée, se disait-elle, d'avoir accepté ce pari!

De nervosité, elle se rongeait les ongles, ses yeux gris acier fixés sur le vieux lion qui regardait nonchalamment le pauvre dentiste.

- J'ai dit que je soignerai sa rage de dent, je vais le faire! répondit-il, obstiné.

Malgré tout, Axel était loin d'être rassuré. Tentant de maîtriser ses tremblements, il attrapa sa precelle et l'approcha de la gueule de l'animal. Etonnamment, le vieux Léon, docile, ouvrit grand sa gueule. Axel commença donc l'examen.

- Ca y est, j'ai trouvé la dent cariée, cria-t-il à Alex.

Mais quelle erreur d'avoir relâché un instant sa vigilance! Ni une, ni deux, le lion avait refermé sa gueule sur la main du dentiste qui, hurlant de douleur, tentait de se libérer. Alex poussa un cri de stupéfaction.
Comment faire lâcher prise à l'animal? Mais l'inquiétude était passée, et faisait maintenant place à la fureur. Pas question d'abîmer SON Axel!
Il lui répétait souvent, probablement en raison de leur couleur, qu'elle avait les yeux revolvers. Le moment était venu de le vérifier. Elle fixa l'animal, et tira. Deux coups, brefs.
La bête s'effondra dans un bruit mat, tandis qu'Axel récupérait sa main, pour évaluer les dégâts. Un doigt pendouillait lamentablement, encore rattaché à la main par un tendon. Tout à coup, il se sentit mal, et manqua de tourner de l'œil.
Alex s'était rapprochée de lui, pour le soutenir et le soigner.

- Pas d'autre choix, il faut le couper complètement.

Elle sortit son poignard de la poche arrière de son pantalon, d'où il ne sortait jamais. Malgré sa douleur, Axel ne put s'empêcher de sourire à la vue de l'objet tranchant, se remémorant leur première rencontre. Ce poignard leur avait sauvé la mise et avait provoqué leur rapprochement. Il avait donc tout naturellement été rebaptisé "Cupidon".

Avant qu'il n'ait eu le temps de crier, elle avait coupé le morceau de doigt, et l'avait lancé au loin.

- Mais! Il fallait le garder!

A peine eut-il le temps de prononcer ces mots, que le doigt revenait dans la main de la belle Alex… comme un boomerang?


Ouvrant difficilement les yeux, l'esprit complètement embrumé, Axel s'extirpa avec difficultés de son lit pour aller éteindre la chaine hi-fi. C'est sûr, il n'oublierait plus de la couper avant d'aller dormir maintenant…

15 octobre 2008

Plat en sauce

Jeu d'écriture.
Consigne : dans une cuisine.


*

La maison est somme toute banale. Elle ne se différencie en rien des maisons voisines. La même façade que les autres habitations de la rue, le même toit en pente.
Non, rien en apparence ne laisse penser que se déroulait là un drame, affreux! Mais entrons donc, pour en avoir le coeur net...
Là, un tablier autour de la taille, se trouve un homme devant les fourneaux. Le fourneau pour être plus précis. Un vieux poèle comme utilisaient nos grands-mères, où brûle un feu de bois. Touillant alternativement dans l'une ou l'autre des marmites qu'il a devant lui. L'homme a les mains sales d'avoir manipulé tant de nourriture. Mais imaginez ! Près de 30 kilos de viande viennent d'être tranformés en goulash, et 10 autres ont été incorporés haché dans une ratatouille. L'odeur qui s'échappe des casseroles embaume toute la maison, voire même la rue.

Il rajoute un peu de paprika pour l'assaisonnement. Hmmm, on en mangerait presque! Et de fait, la spatule de notre homme se porte inconsciemment vers sa bouche, réflexe normal de tout cuisinier. La meilleure manière de vérifier l'assaisonnement est de goûter. La spatule se rapproche inexorablement de ses lèvres, lorsque tout à coup il réalise son geste!
Un air de dégoût se peint sur son visage, alors qu'il éloigne prestement son ustensile. Ouf! Il l'a échappée belle. Et dire qu'il a failli en manger! Rien que cette idée lui donne un haut-le-coeur. Il se précipite vers les toilettes, y déverse un peu de bile. Bon, se rappeler qu'il ne faut surtout pas goûter ça.

Il ouvre le fourneau pour vérifier l'état du feu. Un souffle brûlant lui arrive en plein visage. Il se recule, chancelant légèrement, et rajoute une bûche. Il faut une chaleur intense pour que les os brûlent. Restera à utiliser les cendres dans l'engrais qu'il utilise pour faire pousser ses fleurs, et il sera impossible d'en retrouver une trace. Il sourit. Ce fut le point problématique, les os, lorsqu'il avait tout mis au point. Quelques os dans les plats, passe encore, mais imaginez un fémur!

Tout est presque cuit. La viande à point. Personne ne se douterait qu'il s'agit en fait de chair humaine qui se trouve dans ces plats, en lieu et place de boeuf ou de porc. Cette nuit, notre homme ira jeter toute cette "nourriture" dans différentes poubelles à chaque bout de la ville.

Oui, il s'agit du crime parfait, vraiment. Car si quelqu'un découvre cette nourriture, ce qui est encore possible, qui imaginerait qu'il s'agit d'un humain? Non, la seule pensée qui viendrait à l'esprit de ce passant serait de se dire que les gens qui habitent le quartier ne font vraiment pas attention et ont gaspillé...

6 octobre 2008

Défroqué

Jeu d'écriture. Le premier auquel j'ai participé.
Consignes : suranné.
Et les mots à insérer l'étaient : battre sa coulpe, adamantin, zélateur, vespéral, vilipender, prolixe.


*

Frère Ciprian était en rage. Que le père Guilhem, le zélateur, ne l'aimât pas, il s'en était accomodé. Mais le vilipender de la sorte, devant tout le monastère de Saint Thomas-en-Forêt!

Surtout qu'il ne voyait pas en quoi il avait matière à battre sa coulpe en cette occasion. Ses voeux, il les tenait en haute estime et les respectait, il assistait à la plupart des offices, de mâtines à complies, et ce, quelque prenant que fût son travail au cellier ou en cuisines.


Car il en avait fait du chemin, Ciprian. Etant né le benjamin d'une famille nombreuse et pauvre de surcroît, ses parents en avaient fait don au monastère. C'était là chose courante. Force est d'avouer que ses débuts furent difficiles. A la vie calme et paisible du cloître, il préférait le travail aux champs. Les voeux monastiques ne lui convenaient pas – surtout celui d'obéissance – et il devait beaucoup au vieil évêque, qui l'avait pris en charge dès son arrivée. Ses enseignements lui furent très précieux, et il avait été prolixe en la matière. Frère Ciprian se souvenait encore avec nostalgie des pénitences que l'évêque lui avait infligées, telles que recopier le vespéral à la main, travail pour le moins fastidieux habituellement réservé aux copistes.


Las, ce vieil évêque était mort quelque jours plus tôt. Ce fut un coup dur pour toute la petite communauté monastique. Des élections allaient être organisées, et force était de constater que le père Guilhem faisait tout ce qui était en son pouvoir pour éliminer le jeune cellerier de son chemin.

La honte qu'il venait de se voir infliger fut l'élément décisif. Il se leva et soutint le regard adamantin que le père Guilhem avait posé sur lui.

- Bien que c'eût été avec grand joie, nous n'allons point nous attarder sur la casuistique de l'affaire. Je reconnais tout à fait aider régulièrement de pauvres hères de passage, en leur fournissant quelque viatique pour qu'ils puissent continuer leur voyage. Je leur donne peut-être un peu plus qu'il ne faut, mais n'avons nous point fait voeu de pauvreté, que pour nous plaindre de la disparition d'un jambon ou l'autre?


Il savait qu'il n'aurait jamais dû prendre la parole. Le père Guilhem était homme cupide, et cherchait par-dessus tout à élever ce monastère au rang de cathédrale. Mais pour cela, il avait besoin d'argent. La générosité de Ciprian ne lui seyait guère.

- Et qu'avez-vous à dire au sujet de cette... cette femme qui séjourne à l'hostellerie? lui répondit le moine.

- Qu'aurai-je à dire de plus que précédemment? Elle est de passage, et j'ai passé la journée en sa compagnie pour l'aider à faire quelques provisions en vue de son départ. Rien de tout cela n'est interdit.


Ciprian avait menti. La jeune femme l'avait troublé, comme rarement auparavant. Il avait pris cette excuse pour passer la journée en sa compagnie.

- C'est inconvenant! Que vont penser les villageois en voyant un moine et une jeune femme ensemble? Auriez-vous oublié les voeux que vous défendiez encore avec tant de force il y a un instant? M'est avis que notre bon évêque était trop doux avec vous. Il n'a jamais pu vous apprendre l'obéissance. Vous êtes une honte pour ce monastère!


C'en fut trop. Ciprian se leva, décidé. Sa décision était prise bien avant cette altercation de toute façon. Il était amoureux.

5 octobre 2008

Chrysopale




Plus bafouilleuse qu'écrivain (ou alors, écrit-vaine, ça sans doute), je me décide à publier mes quelques écrits, histoire de les confronter à des yeux extérieurs.

Toute critique, tout conseil est bienvenu.