31 décembre 2009

Les papillons

Deux photos qui ont participé à des petits jeux amicaux. La première est modifiée (ajout de flou et de noir et blanc), la deuxième est vierge de toute retouche.
Les deux photos ont été prises le même jour, lors de la visite d'une réserve de papillons.


*



21 décembre 2009

Famine

Cette fois-ci, il fallait raconter un conte connu - Le joueur de flûte de Hamelin - du point de vue d'un personnage secondaire de l'histoire.

*

Chaque soir, Aliénor faisait et refaisait ses comptes, inlassablement, désespérément.
Et chaque nuit, sans exception, elle finissait par se prendre la tête dans les mains, et pleurer. Elle était ruinée. Les rats, ces saletés de vermines qui avaient envahi la ville, avaient mangé toute sa maigre récolte. Elle n'avait plus rien à manger, elle n'avait plus d'argent. La fin était sans doute proche.

Ce soir-là n'échappa pas à la règle. Elle se retourna pour regarder dans le lit, son petit garçon endormi. Pauvre petit, la faim est quelque chose de difficile à vivre. Et elle savait qu'elle ne pourrait supporter de le voir souffrir. Mais que pouvait-elle faire ? La vie était dure pour les jeunes veuves, elle n'avait aucune aide, et son fils était trop jeune que pour travailler.

Cet homme, qui avait fait disparaître les rats, n'avait pas fait repousser les récoltes. Il lui faudrait attendre plusieurs mois avant que les nouvelles récoltes ne poussent, et qu'allait-elle faire entre-temps ? Seule, elle y parviendrait sans doute, difficilement, mais elle saurait s'en sortir. Mais son petit ? Son enfant, qu'elle chérissait, comment le nourrirait-elle ?

A sa table, comme chaque soir, au creux de la nuit, l'esprit d'Aliénor s'enfuyait. Elle imaginait alors des solutions, chacune plus horrible que la précédente. Elle secouait la tête, se raisonnait. Non, même mourante, elle ne se résoudrait jamais à manger son fils, ni lui faire quoi que ce soit. Elle chassait bien vite ces idées.

En désespoir de cause, elle voulu aller trouver le bourgmestre, lui expliquer sa situation. Il mangeait à sa faim lui, malgré les rats. Mais il était réputé pour être sans cœur. Comprendrait-il, ou la renverrait-il ? Elle ne savait pas, elle ne savait plus. Mais c'était son dernier espoir.

Elle croisa le dresseur de rats, leur sauveur. Et là, l'idée qui lui était venue pendant la nuit se rappela à elle, insistante, envoûtante. La faim la tiraillait, elle ne savait plus où elle en était. La fin était proche. Bientôt, elle serait morte, et si elle n'était plus là, qui s'occuperait de son enfant ?

Alors elle changea quelque peu son discours au bourgmestre. Rusa.
Et attendit le joueur de flûte, qui s'entretint avec lui juste après. Comme elle s'en doutait, il était en rage, ses quelques écus en main. Elle lui adressa quelques mots également. Convint de la difficulté de sa situation, et qu'il devait se venger.

Puis attendit. Chaque soir.
Quelques jours plus tard, ce furent les enfant qui ne revinrent pas. Ils disparurent, à tout jamais. Le sauveur floué s'était vengé.
Et elle survécut, faisant taire sa conscience en se disant qu'au moins, son fils n'avait pas souffert...

8 décembre 2009

Le passage à niveau.

Et encore un JPH.
Les consignes : le texte devait s'inspirer d'une photo, être écrit en SIL (style indirect libre), et il fallait y faire figurer une feuille de papier bleu, pliée en quatre.


*

Il avait toujours été le plus prudent, et elle le savait. Il traversait sur les passages cloutés, après avoir regardé de chaque côté de la route. Et jamais il ne serait passé si le feu était rouge, même s'il n'y avait aucune voiture à l'horizon.

Parfois, elle trouvait qu'il en faisait un peu trop, mais mieux valait ça que trop peu et risquer sa vie, c'est vrai. Elle était bien imprudente pour deux la plupart du temps. C'était le cas ce jour-là. Il lui avait donné rendez-vous sous le vieux chêne dans le parc. Elle n'avait pas compris. Que lui voulait-il ? Ils n'avaient aucun cours à réviser ce jour-là, et puis ils révisaient rarement en plein air. Parfois, avant les examens de fin d'année oui, c'était plus agréable. Ils s'installaient alors près de cet arbre, un peu à l'écart du reste du parc, et ils étudiaient. Elle l'aidait pour la physique, il l'aidait pour l'anglais. Elle n'y comprenait rien, une langue étrangère, ce n'était pas assez logique pour elle, alors ça ne rentrait pas. Rien à faire, il y passait des heures pourtant.
Le parc donc. Elle l'y avait retrouvé. Il l'attendait, nerveux, il ne tenait pas en place, c'était rare pour lui, si calme d'habitude. Dans sa main, un papier, plié en quatre. Bleu. Sa couleur préférée. Il l'avait regardée dans les yeux, et le lui avait tendu. Apparemment, sa voix faisait défaut. D'où la lettre. Perplexe, elle l'avait rapidement dépliée pour la lire. Elle devait être également nerveuse, elle avait tenté de le lire à l'envers la première fois, sans s'en rendre compte.
Son cœur s'était arrêté de battre à cet instant précis... ou battait la chamade, elle ne savait plus. Lui non plus. Les mots étaient simples et beaux. Et criants de sincérité. Quand elle releva les yeux, il la regardait toujours, encore plus nerveux que quelques minutes auparavant. L'instant avait été magique. Ils avaient ensuite décidé de se promener main dans la main, tout simplement.

Puis ils étaient arrivés à ce passage à niveau. Abaissé, un train allait arriver. Ils avaient donc attendu, sagement. Une fois le train passé, elle en avait eu marre. À quoi bon attendre que les barrières se relèvent, il n'était plus là, ils ne risquaient plus rien !
Il avait bien sûr attiré son attention sur le panneau. "Un train peut en cacher un autre". Bien sûr ! Foutaises ! Dans leur campagne perdue, il y avait maximum deux trains par jour qui passaient, ils n'allaient pas justement le faire à la même heure quand même !
Elle s'était radoucie, se rapprochant de lui. Lui plaquant un baiser sur la joue avant de s'encourir de l'autre côté. Qu'il la rejoigne donc !
Il avait hésité une fraction de seconde, mais l'avait finalement suivie.

Un train peut en cacher un autre... mais pourquoi était-il passé celui-là ? Il avait traversé, mais n'était pas encore assez éloigné des rails... le souffle du train, passant à toute vitesse, l'emporta, sous ses yeux impuissants. Elle avait hurlé.

Dans sa main, cette feuille bleue, témoin de leur idylle naissante, froissée. Jamais elle ne la perdrait.

Ils avaient 16 ans. Elle seule était restée, avec ce poids trop lourd sur la conscience...

27 novembre 2009

Cent titres

Jeu d'écriture du forum Place des Mots.
Il fallait raconter ce qu'a vu, vécu, perçu, un objet de notre choix.
Ou bien le vécu d'un lieu tout entier.


*

Je vieillis, je me flétris. Depuis longtemps je n'attire plus le regard, je le sais. Les jeunes se détournent de moi, les adultes n'ont jamais le temps : trop pressés, trop stressés, que pourrais-je leur apporter, avec toutes mes années ?

Voilà longtemps qu'on ne m'a plus touché. Voilà longtemps que je n'ai plus ressenti la caresse de mains glissant sur mon corps. Je me souviens pourtant de chacune d'entre elles.
Les unes avaient la douceur du velours, les autres étaient sèches et rugueuses. Attentionnées ou brusques, je les ai toutes aimées.
Oh, certaines m'ont froissé, parfois, mais je ne leur en tiens pas rigueur.

Ma vie fut pourtant riche, j'ai tant à partager. J'ai beaucoup voyagé, j'ai connu le confort comme les conditions difficiles. J'ai été seule compagnie sur une île déserte, on a parfois voulu me brûler.
J’ai été torturé, abandonné, trouvé, adopté, cajolé… Est-ce d'avoir trop vécu, que maintenant on m'abandonne ?

J'ai recueilli les larmes d'une jeune fille, les microbes d'un enrhumé aussi parfois... J'ai fait rire et pleurer, s’attendrir et s’emporter. Pourquoi me délaisse-t-on ? Aurais-je tant offert, qu'il ne me reste plus rien ?

N’ai-je plus aucun attrait ? Serais-je devenu si vieux, racorni, décrépit, que ma simple vue vous insupporte ? Est-ce pour cela que vous m’avez remisé ici, avec mes compagnons d’infortune ? Avec pour seul lien avec vous, dernière preuve de notre existence, le frôlement du plumeau effaçant sans relâche les traces du passage du temps.

Mais est-ce vraiment une preuve ? Un livre qui n’est pas lu, existe-t-il encore ?

9 novembre 2009

Die Wende

Ma participation à l'appel à textes de Léonie Colin, sur le thème des murs.

*

Un bruit sourd me vrille les tympans. Juste à mes côtés, quelqu'un lève une seconde fois sa masse pour l'abattre contre le béton. Je le regarde.
D'autres, maintenant encouragés, se joignent à lui. Tous les moyens sont bons. Pioche, masse, tout y passe. Chacun veut y aller de sa participation, pour pouvoir dire, dans quelques années : "jy étais".
Oui, j'y étais. Moi aussi j'y suis. Partout, des gens se pressent, se bousculent, rient. Chacun aura fait tomber son morceau de caillou. Chacun aura participé à cet événement qui restera gravé dans les mémoires.

Hier au soir, la Brandebourg a été ouverte. Il n'y a plus de frontière. Nous sommes libres, enfin.
Je reste face à cette porte, qui n'a plus lieu d'être. D'ici peu, le mur qui l'entoure ne sera plus que ruines. Un peu plus loin, quelques notes s'élèvent. Un violoncelliste est présent. Il participe lui aussi, à sa manière.
D'autres, plus pressés, escaladent, ne prennent même plus la peine de frapper contre ce mur. Ils veulent passer de l'autre côté.

Je suis heureux aussi. Enfin... je devrais l'être. Le Mur est ouvert, enfin. Et bientôt, il ne sera plus. Je devrais être heureux que ce pour quoi nous nous battons depuis tout ce temps devient enfin réalité. Mais aujourd'hui, je ne peux pas.
Hier, avant qu'ils annoncent l'ouverture du Mur, je suis venu ici. Comme tous les soirs. Pour te faire signe. Pour te voir. Mais hier, tu n'es pas venue. C'était la première fois depuis toutes ces années. J'ai attendu longtemps, mais tu n'es pas venue.

Alors aujourd'hui, au lieu de me réjouir avec les autres, la seule chose à laquelle j'arrive à penser est : "Pourquoi pas hier ? Pourquoi juste un jour trop tard ?"
Je ne te reverrai pas. Et avec cette conviction, c'est ce qui m'a tenu en vie, ici, du mauvais côté, qui s'en va.

*


Les faits sont réels. C'est Rostropovich qui jouait sur le Mur.

5 novembre 2009

On vit avec.

Encore un petit texte, comme ça. N'hésitez pas à donner votre avis.

*

On n'imagine pas toujours à quel point les gens que nous croisons tous les jours cachent au creux de leur cœur des douleurs indicibles.

Nous les croisons tous les jours, au travail ou au parc où nous allons faire notre footing hebdomadaire. Que ce soit notre collègue de plusieurs années qui est toujours là pour lancer la plaisanterie qui fera rire tout l'open-space ou la caissière du supermarché du coin avec qui nous échangeons quelques mots à force de la croiser à chaque fois que nous faisons les courses.
Nous avons parfois l'impression de les connaître, certains sont même devenus des copains, des amis.
Mais quoi au final? Nous n'échangeons que des banalités, ne savons rien ou presque d'eux. Ils ont l'air heureux, ne semblent pas avoir d'histoire.

Et puis un jour, au cours d'une conversation, une petite phrase est lâchée. Quelques mots, pas plus, vite rattrapés, vite oubliés et la conversation continue. Je n'ai pas entendu la suite de la conversation. Ces quelques mots, simples et sincères, et d'autant plus douloureux, m'ont frappée.
J'ai réalisé que derrière cette personne que je croyais connaître, au moins un peu, ne se cachait pas qu'un collègue de travail, ou un ami avec qui il m'arrive d'aller boire un verre après le boulot avec d'autres.
Derrière cet homme, qui semble si fort, se cache aussi un père qui a souffert.

"Ma fille aurait eu ton âge."

Je ne le connais pas si bien, je ne savais même pas qu'il avait eu une fille. Je ne sais pas ce que peut provoquer la perte d'un enfant, n'en ayant pas moi-même. Je ne peux qu'imaginer. Et même ça me fait mal. Ce doit être une des choses les plus difficiles à vivre.

Alors, quand j'entends ça, je prends conscience. On a beau le savoir, on oublie que chacun d'entre nous porte en lui des douleurs, des cicatrices du passé, qui parfois ont du mal à se refermer.

Alors oui je souffre parfois. Mais lorsque je pense aux autres, qui ont dû faire face à bien pire que moi, je me dis que je n'ai pas le droit de me plaindre.
Ils arrivent encore à sourire. Et je vais continuer de sourire avec eux.

26 octobre 2009

La favorite.

Le but du jeu était d'écrire un texte ayant pour thème la jalousie et incluant les mots : Argent, Escalier, Vide, Dauphin, Hésiter.

*

Elle a toujours été la favorite. Qu'on ne me sorte pas les platitudes du genre "les jumeaux sont des êtres à part", "ils ont une complicité, un lien particulier qui les unit"... Blabla, foutaises que tout ça, rien n'est vrai.
Ce qui l'est par contre, c'est qu'on se ressemble comme deux gouttes d'eau. Impossible de nous différencier. Monozygotes. Et pourtant c'est elle qu'on préfère.
C'est à elle qu'on fait les plus beaux cadeaux. Moi aussi je voulais aller nager avec les dauphins ! Elle ne les aime même pas, ce sont mes animaux favoris ! Mais non, elle y a eu droit et pas moi. Je n'ai jamais compris. Elle ne fait rien, toute la journée couchée, à attendre qu'on la serve, telle une princesse en son château. C'est ça tiens, elle la princesse, et moi Cendrillon, à récurer les escaliers et faire le ménage. J'ai toujours tenté d'être aimable, serviable. Au départ, je me disais que la situation évoluerait avec le temps, qu'on me reconnaîtrait, rien qu'un peu. Que nenni !
J'aidais aux tâches ménagères, faisais même quelques menues réparations, mais jamais je n'ai reçu ne fût-ce qu'un merci de la part de nos parents. Ils n'avaient d'yeux que pour elle. Je faisais partie intégrante du décor, je suis sûre que certains amis de la famille étaient convaincus qu'elle est enfant unique, la pauvrette...

Je ne demandais pourtant pas grand chose. Un regard, une parole de temps en temps. Qu'on cesse enfin de passer à côté de moi sans me voir.
Oh, oui, on s'est souvenu de mon existence. Lorsque les études finies, j'ai commencé à travailler, et surtout à gagner de l'argent. Il fallait que je participe aux frais de la maisonnée. Aux frais de mademoiselle oui. Je l'ai fait de bonne grâce pourtant, voyant là enfin un signe. J'avais souffert en silence, toutes ces années. Un manque d'affection, de contacts physiques.

Rien n'a changé. La plus grosse partie de ma paie allait à eux, et donc à ma sœur en somme. Je payais ses caprices, ses envies. Et il ne me restait rien à économiser.
Qu'on ne me demande pas alors pourquoi il y a deux jours, j'étais penchée par la plus haute fenêtre de la maison, hésitant à sauter ou non dans le vide. Je n'en pouvais tout simplement plus. Marre de cette vie de renom, entièrement dédiée à ma sœur. À ne rien pouvoir faire, car j'aurais tout gâché. Je devais me préserver pour elle.
J'ai eu de la chance ce jour-là, elle était en forme. Elle m'a surprise, et le fut à son tour me voyant dans cette position. Pour une fois, quelqu'un – et elle de surcroît – m'adressa la parole pour autre chose que demander un service. J'ai compris le profit que je pouvais tirer de la situation. L'ai fait approcher, lui ai parlé, peu, très simplement, pour qu'elle comprenne.

Le lendemain matin, on a retrouvé un corps écrasé en bas de la fenêtre. Le mien. Enfin, c'est ce qu'ils croient tous. J'ai enfilé sa chemise de nuit, me suis couchée dans son lit. Et j'ai attendu. Ils n'y ont vu que du feu. Ils ont un peu pleuré, pour la forme, se réjouissant surtout de ne pas avoir perdu leur chérie. Et du fait que l'opération était déjà passée, une chance, il aurait fallu trouver un autre donneur. J'ai passé quelques examens, il semblerait que le cancer ait disparu. Que j'ai des chances d'enfin me rétablir.

Après tout, je vivrai très bien avec un rein...

17 octobre 2009

Un simple bout de tissu

Simple instant de vie...

*

J'ai retrouvé mon paréo de plage.
Pas que je l'avais vraiment perdu, il ne pouvait pas être loin, mais j'ai voulu le toucher il y a un jour ou deux, sans parvenir à mettre la main dessus.
Je l'ai retrouvé dans la pile de repassage. Lavé.
Dommage... Ce que j'aime habituellement dans ce paréo, c'est qu'à la fin des vacances, il a pris l'odeur de la plage, le sable chaud, la mer... et rien que le sentir me ramène directement en vacances, au soleil.
Mais il est lavé cette fois-ci. Pas de voyage mental en perspective, il n'a que l'odeur (en passant très agréable, mais pas la même) de la lessive. Plus de la mer. Je me souviens pourtant cette année, je n'ai eu que quelques jours de congés. J'ai eu du mal à remettre mon paréo après la baignade tant il y avait du vent. J'étais frigorifiée, sans vouloir trop le montrer. Et tout ce que j'avais à enfiler comme vêtements, c'était ce morceau de tissu qui ne protégeait absolument rien et qui volait dans tous les sens et un top pas vraiment plus couvrant non plus. Heureusement qu'il y a eu le pull.
Je m'en souviens bien, mais sans l'odeur, ce n'est pas la même chose...

Il faudra que j'y retourne rapidement. J'aime la mer et la plage. Marcher pieds nus dans le sable. Et j'ai aimé voir les montagnes, si proches...

9 octobre 2009

T(r)oi(s) fois rien.

Ma participation au jeu de MDA (pour une fois, on change, le thème me plaisait bien).
Consigne :
Ecrire un texte commençant par: Cinq, quatre, trois, deux, un... ou 5, 4, 3, 2, 1. Au choix.


*

Cinq, quatre, trois, deux, un... te voilà enfin.

Cinq. Cinq secondes, les yeux dans les yeux plongés. Cinq secondes qui ont duré une éternité. Ton regard sombre m'a fait chavirer, et j'ai su que rien n'avait changé.

Quatre. Quatre mots qui, à l'époque, ont fait tant de mal. Quatre mots que je regrette, que je n'arrive pas à me pardonner. Quatre mots qui, en fait, n'étaient qu'un mensonge.
Quatre pas franchis, maintenant, pour se retrouver face à face.

Trois. Trois mois à me demander où tu étais passé, ce que tu devenais. À te chercher, à vouloir te retrouver. Essuyant échec sur échec. Mais sans piste, c'était difficile.
Trois autres mois, encore, à tenter de me résigner. À rechuter quand même, souvent, et chercher un moyen de te contacter, à nouveau sans résultat.
Trois derniers mois, enfin, à me convaincre, à remonter la pente. À finir par être sûre que ces quelques mots et notre éloignement étaient bons, que c'était ce qu'il fallait. Trois mois surtout à me voiler la face.

Deux. Toi et moi, les yeux dans les yeux. Je reprends enfin contact avec la réalité. Tu me parles, me souris, nous prenons des nouvelles l'un de l'autre. Discussion maladroite, gêne et bonheur mélangés.
Deux questions posées, tristesse refoulée.
Deux mains qui entourent une des miennes. Aussi tremblantes qu'elle.
Deux souffles coupés par l'émotion.
Deux battements de cœur, à l'unisson.

Un. Un pincement au cœur d'abord. Remords.
Un mot d'excuse, un seul, pas plus. Pas le temps. Parole coupée, yeux baissés, vue brouillée.
Un pardon. Les yeux se relèvent, pleins d'espoir. Nouveau regard.
Un instant de bonheur, et la promesse de beaucoup d'autres à venir.
Un baiser, finalement, scellant cet amour à jamais.

7 octobre 2009

La théorie du chaos.

Ma non-participation (manque de temps et d'énergie) au JPH 71.
Le thème étant la course en sac, à interpréter comme on le désirait. Seule contrainte, les mots course et sac ne pouvaient pas figurer dans le titre.


*

A vos marques... prêts... partez !

"Et c'est le coureur n°5 qui prend le meilleur départ, doublant tous ses concurrents... mais il trébuche et c'est la chute !! Le n°3 qui le suivait de peu trébuche sur le n°5 et chute également ! Le n°1 est actuellement en mauvaise posture, il se dirige droit vers la grille, il va trop à droite, attention n°1 ! ..."

Le présentateur a beau hurler ce qu'il veut, Olivier, n°2, ne l'écoute plus. Il se coupe de toute perturbation extérieure, se concentre. Il est passé juste à droite du tas formé par les deux concurrents à terre. Ils ont voulu démarrer trop vite, résultat, ils sont au sol dès le premier obstacle. Vas-y ensuite pour te relever et redémarrer dans le bon sens.
Pour sa part, il a décidé d'y aller lentement, mais sûrement. Un pied devant l'autre, l'avancer tout doucement d'abord, avant de le poser franchement sur le sol et de recommencer l'opération, les bras bien tendus devant lui. C'est qu'on y voit rien, la tête enfermée dans ce sac. Bon, en même temps, c'est fait exprès, c'est le but de l'épreuve, mais l'énervement, la concentration et l'envie de gagner rendent Olivier de mauvaise foi.

"Le coureur n°2 a pris une bonne avance sur ses adversaires et se dirige doucement vers la ligne d'arrivée... mais le n°3 s'est mis à courir ! Mauvaise direction n°3, il va percuter le n°2!..."

Les autres se laissaient guider par la voix du présentateur, Olivier n'y faisait pas attention. Ah. Un poteau... on tâte, doucement, un pas de côté, rester bien droit, face à la ligne d'arrivée. S'il ne tourne qu'un peu, sa trajectoire sera complètement fichue. On continue à avancer.
SHBLAM !
C'était quoi ça? Olivier peste et profère de nombreux jurons envers l'imbécile qui vient de lui foncer dedans. Avec ça, il est bon pour être désorienté ! L'autre se relève et se remet à courir. Technique comme une autre. Il se remet debout, doucement. Le poteau devrait être à sa droite. C'est bon, il y est toujours. Petit regret que l'autre coureur ne l'ai pas embouti au lieu de lui, ç'aurait été plus drôle. On continue à avancer. Un pas en avant. Un autre encore. Personne pour le frôler ou le bousculer. On avance.

"C'est la folie sur la piste, à se demander si l'un des concurrents arrivera un jour à atteindre la ligne d'arrivée... le n°2..."

Ne pas écouter, se concentrer.

Et... victoire ! Son pied touche la bande sur le sol délimitant la piste de course. Il la franchit, il a gagné ! Olivier ne se tient plus de joie, il enlève ce sac noir qui occulte sa vue, tout sourire, et se prépare à recevoir les acclamations du public. Mais lorsqu'il se tourne vers les gradins, il ne découvre que des doigts pointés vers lui et des faces hilares. Perplexe, il se retourne... il vient de franchir la ligne de départ ! Sa chute un peu plus tôt lui avait fait faire demi-tour. Olivier enrage.
Les autres concurrents n'en mènent pas plus large, l'un d'eux a fini par se cogner au poteau et s'assommer...

"C'est la pagaille sur le terrain... quelqu'un arrivera-t-il un jour à franchir ces 50 mètres?"

Quelques jours plus tard, dans un bureau.

"Bon... je pense qu'on va abandonner cette épreuve pour les Intervilles... 5h qu'il a fallu pour qu'il y en ait un qui franchisse la ligne! On ne peut pas se permettre ça..."

2 octobre 2009

Avis

Parce que.

*

Ceci était ma dernière tentative.
J'y ai cru, en vain j'ai attendu. N'espère plus rien de moi.
Ne t'inquiète pas, je ne te dérangerai plus. J'estime avoir suffisamment tenté, je ne supporterais pas un nouvel échec.

J'étais prête à tout, en dépit du bon sens. Ça ne semble pas t'intéresser.

J'aimerais te haïr, je n'y arrive même pas. Je ne sais même pas comment je réagirais si tu te décidais à donner des nouvelles.
Mais je ne ferai plus rien. Je ne peux plus. Je ne t'oublierai pas non plus, c'est impossible.

Mais si tu ne fais rien en ce sens, plus jamais nous ne nous verrons.

Adieu.

26 septembre 2009

Rien de pire

Faut pas me laisser seule avec mes délires...

*

Il n'est rien de pire que de passer une soirée entière à attendre quelqu'un. Surtout si sa venue n'est qu'hypothétique. On espère, simplement. Et le manque de certitude ajoute à la nervosité.

Il est tard maintenant. Beaucoup trop tard. Tu ne viendras plus. Ce n'est plus possible. Pourtant l'angoisse persiste. Elle s'est insinuée en moi, fait partie de moi depuis quelques jours. Depuis l'annonce de cette soirée, et de l'espoir de peut-être t'y rencontrer. Mon estomac se contracte, se tortille, m'empêche de penser à autre chose.

Je n'arrive pas à profiter de la soirée. Elle pourrait être bonne pourtant. De la musique, une compagnie agréable pour des conversations qui le sont tout autant. Je feins, mais je n'arrive pas à me convaincre. Et je ne sais pas si dans ce cas, j'arrive à convaincre les autres. Je discute gaiement, j'écoute la musique et je trompe ma nervosité en aidant au service. Mais toujours, il faut que je me tourne vers cette porte, dans l'espoir de te voir apparaître. Espoir vain, je le sais, mais je ne peux m'en empêcher.
On me voit bien distraite, on se demande ce qui m'arrive, je ne dis rien. Ils ne comprendraient pas je pense.

Il est tard, mais je n'arrive pas à me résoudre à partir, à dire que je suis fatiguée, que je rentre chez moi. Alors je reste là, et j'attends.
Il est beaucoup trop tard maintenant. Tout le monde est parti. La vaisselle presque finie. Mes yeux se ferment malgré moi tandis que j'essuie les verres. Et pourtant, toujours cette porte. Cet espoir. Je me traite d'idiote, je ne sais pas m'en empêcher malgré tout.

Non, rien de pire que d'attendre si ce n'est de ne plus rien à avoir à attendre. Ni personne.
Du verglas sous les roues, ta voiture qui dérape.
Rien de pire.

24 septembre 2009

Week-end évasion

Et on se demande pourquoi je voulais pas rentrer...

14 septembre 2009

NPC*

JPH n°69 :
Ecrire une page de journal intime d'une personne vivant à une époque différente de la nôtre, soit dans le passé, soit dans le futur, où le narrateur (ou la narratrice) raconte une expérience nouvelle pour lui (ou pour elle).
Contrainte supplémentaire : votre texte ne devra présenter aucun caractère "coquin".


*

#4856
Ça y est, je me suis décidé aujourd'hui. Je suis allé au Centre NPC. Le coût est là, mais ça en vaut la peine, j'en suis sûr. Tout le monde en a un, et depuis le temps que j'en rêvais... Je le recevrai dans une semaine !
#4857
Mon Clone de Compagnie est arrivé à la maison. C'est bizarre, je ne me voyais pas si grand.
C'est un soulagement de savoir que je n'aurai plus dorénavant à m'occuper du ménage et de la cuisine. Plus besoin de séduire une fille toutes les deux à trois semaines sous un prétexte idiot, juste pour qu'elle passe quelques jours à la maison et le fasse à ma place. Le bonheur !
Et surtout, je vais pouvoir revoir Analya. La vraie, la seule qui compte. La seule que je n'arrive pas à avoir. J'irai dans sa boutique demain après le boulot. J'ai le temps maintenant.
#4858
J'ai réussi à avoir une discussion normale avec Analya. On a bu un verre ensemble. Il semblerait que ça lui ait plu.
Fait étrange : le Clone est sorti dans la rue aujourd'hui. Pour relever le courrier. Je pensais qu'ils étaient programmés pour ne pas sortir de chez eux.
#4859
J'ai obtenu un rendez-vous avec Analya ! Je vais réserver dans le plus beau restaurant de la ville !
#4860
Mauvaise idée de lui avoir parlé du clone, elle semble tout à fait contre cette pratique. Je lui ai dit qu'il fallait vivre avec son temps. Je pense qu'elle est partie fâchée.
#4861
Le Clone m'a demandé comment c'était le travail et s'il pouvait un jour essayer. J'ai refusé.
#4862
Il y a un problème avec le Clone, c'est certain !
Je pense que je vais m'en débarrasser, ça plaira à Analya en plus. Je retournerai la voir, avec des fleurs. Des tulirdées. Ce sont ses préférées.
#4863
J'ai voulu téléphoner au Centre, mais ma ligne ne fonctionne plus. J'irai les voir demain.

#1
Enfin seul. C'est mieux que de se croiser à longueur de pièces dans la maison. Je me débrouille mieux sans lui de toute façon. C'est un soulagement.
#2
Des officiers sont venus me trouver, sur décret du Centre. Un défaut de fabrication de certains Clones de compagnie. Ils sont vite repartis, il n'y a plus de clone ici.
J'ai rendez-vous demain avec Analya. Elle s'est excusée pour son comportement la semaine dernière. Je n'ai pas compris.
#3
La soirée s'est passée à merveille. Elle m'a remercié de me soucier de la déontologie et de m'être défait de l'Autre.
Elle m'a juste trouvé plus grand apparemment. Ça lui passera.

*NPC = nouvelle personne de compagnie

9 septembre 2009

Maman

C'est pas joyeux, je préviens...

*

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu froid quand maman n'était pas là.

Le premier cri de la naissance n'en était-il pas un signe ?

Toute petite, elle m'a raconté que je pleurais dès qu'elle me couchait dans mon berceau. J'en ai déduit que quitter ses bras et sa chaleur réconfortants m'était insupportable. Loin d'elle, jamais je n'ai eu de fièvre. Mais j'ai eu froid.

Bien sûr, j'ai grandi. Et elle est entrée à l'hôpital. C'est papa qui s'est occupé de nous à l'époque. Je me souviens, c'était l'hiver. Je ne savais pas quoi mettre, c'est maman qui avait l'habitude de choisir nos vêtements. J'ai mal choisi. Papa n'a pas vu, et il gelait ce jour-là. Je suis rentrée de l'école grelottante, pour finir emmitouflée dans une grande couverture. J'y suis restée toute la soirée sans parvenir à me réchauffer.

Elle a guéri. Tout est allé mieux. J'ai entamé des études supérieures. J'étais grande, je ne suis plus partie en vacances avec eux, pour pouvoir faire un job d'étudiant. Comble de malchance, deux jours après leur départ à tous, le chauffe-eau est tombé en panne. Un mois à prendre des douches froides, il m'était impossible d'aller tous les jours chez ma grand-mère, elle habitait trop loin. L'été n'a jamais été aussi pourri. J'ai même dû faire du feu dans la cheminée pour ne pas mourir de froid...

Chacune de ces fois, tu n'étais pas là maman. J'ai eu froid. Et quand je regarde le trou au fond duquel on va maintenant te déposer, je me demande si cette sensation glaciale au creux de mes os partira un jour...

3 septembre 2009

Ce matin...

Poésie du matin-chagrin, inspirée du ciel se montrant par la fenêtre. Merci Jeffw.

*

Aujourd'hui, air lourd, chaleur étouffante
Ce soir, merci l'orage
Le ciel se dégage
L'air est plus frais
Arc-en-ciel sur nuages dorés
C'est beau l'été.

*

Le ciel est gris et uniforme
La pluie contre la vitre
Petites gouttelettes
Doucement
Tombent

Partent les soucis
J'aime la pluie.

*

Ce matin, morne rituel des voitures sur l'autoroute
Bouchons, entre klaxons et pots d'échappement
Mal réveillée, le regard se promène
Brouillard sur la route
Lambeaux de nuages
Dans les branches
Soleil perçant
Ses rayons
Et le ciel
Tout doré

Voilà une belle journée

1 septembre 2009

Auf Wiedershen papy.

Jeu d'écriture 68c, pour le Cahier d'été.
Le texte devait commencer par cette phrase : "Parmi les papiers, il y avait une lettre curieuse."


*

Parmi les papiers, il y avait une lettre curieuse qui capta immédiatement son regard. L'écriture surtout. Bien qu'elle n'avait eu que très rarement l'occasion de la croiser, Helga reconnu tout de suite que cette lettre était issue de la main de son grand-père. Elle ne l'avait jamais connu, mort bien avant sa naissance. Le sujet était tabou dans la famille, elle n'avait jamais pu en savoir plus, à sa grande déception.
Peut-être que grâce à cette lettre, elle aurait quelques informations... Elle sourit à l'ironie de penser que c'était la mort de sa grand-mère et toute la paperasse qui l'accompagnait qui lui permettrait sans doute de connaître les circonstances de celle de son grand-père.

Elle observa un moment le morceau de papier jauni qu'elle tenait en main sans oser le lire. Pourquoi sa grand-mère l'avait-elle gardé, elle si virulente vis-à-vis de son défunt mari ? La missive était courte, quelques lignes, tout au plus. Les traits quelque peu tremblants, comme si elle avait été écrite sous le coup de l'émotion.
En haut à droite, une date. 4 juillet 1943. Peu avant sa disparition donc. Ne pouvant se retenir plus, Helga commença sa lecture.

Ma Bertha, mon amour,

Je ne peux oublier le regard que tu m'as lancé cette nuit, lorsqu'ils m'ont arrêté. Tu m'en veux, je le sais. Tu dois sans doute même me haïr.
Je ne te cacherai rien, ils m'ont battu, comme un chien. Ils voulaient que je signe ce papier. J'ai refusé. Tu dois t'en douter. Si toi tu n'as pas réussi à me convaincre, tu peux être sûre qu'eux n'y parviendront jamais. Non, ne te méprends pas, je ne te juge pas de l'avoir fait. Je comprends que tu as surtout pensé à notre petite fille. Que serait-elle devenue ? Mais même si l'idée de ne pas la voir grandir me déchire, jamais je ne pourrai me renier à ce point. J'y perdrais mon âme, je serais pire que mort en renonçant à toutes mes valeurs. Rester en vie à ce prix me serait intenable. C'est pourquoi je résisterai, encore et toujours aux nazis et à leurs idées.
J'ai entendu dire qu'ils allaient me déporter. Je suppose donc que j'ai peu d'espoir de te revoir un jour.

Prends soin de notre petite fille. Je t'aime tu sais.


Une larme tomba sur la feuille. Helga prit vite un mouchoir pour l'essuyer délicatement. Elle voulu faire de même avec une autre, un peu plus loin, mais celle-là était déjà sèche. Depuis longtemps.

Elle replia la lettre, rassérénée.

25 août 2009

Arc-en-ciel

Hier soir, le temps était bizarre. Ciel bleu, mais pas d'air. Il faisait lourd et chaud. Et bien sûr, au soir, un bel orage pour rafraîchir tout ça. J'allais pas m'en plaindre, on était pas loin de la Chrys à l'étouffée.

Et surtout, le ciel auquel on a eu droit juste après! Il s'était donc dégagé, laissant le soleil envoyer quelques rayons avant d'aller se coucher. Un arc-en-ciel s'est formé, sur fond des restes de nuages dorés par le soleil couchant. Magnifique. Et de ma chambre, je le voyais dans son entièreté!

Les photos ne donnent qu'un petit aperçu, mais je vous les livre quand même.




19 août 2009

Via Appia - I


Un vieux bus déglingué s'arrête enfin et nous descendons.
Je ne savais pas que des ancêtres pareils roulaient encore. A se demander de quelle époque il date celui-là. Pourtant, à la station, les autres bus semblaient tout à fait corrects. Le poteau doit être tout aussi vieux. L'arrêt ne doit pas servir souvent.

Je m'étends un peu, je vois les autres faire de même. Il faut dire qu'on était plutôt bien secoués là-dedans ! Quelques soubresauts, un vrombissement, et le bus disparait après un virage.

Le bruit du moteur s'estompe rapidement, pour laisser la place au seul stridulement des criquets. Nous sommes maintenant loin de toute civilisation. Mis à part ce bandeau de route goudronnée par lequel nous sommes venus, rien de récent. Nous le laissons derrière nous. Droit devant, une route, antique celle-là. Notre but. La Via Appia Antiqua.
2000 ans d'histoire au minimum, et des pavés au moins aussi âgés.
Nous commençons par une petite pause, pour nous imprégner de l'histoire et de l'ambiance... Un regard en arrière, elle est longue la Via Appia. Par là-bas, elle se dirige vers les Trois Tavernes. Un peu loin pour nos pieds.
Tout ce que nous voulons, c'est remonter vers Rome, en utilisant la "vieille" méthode.
Combien de kilomètres nous nous apprêtons à parcourir, aucune idée. Quelques-uns très certainement, mais impossible d'être plus précise vu mon sens de l'orientation aussi développé que celui d'une petite cuiller.

L'initiateur de la balade est bien organisé. Assis au milieu des ruines de ce qui a probablement été un tombeau, nous apprenons l'histoire de cette route. Elle devient en un sens plus réelle à nos yeux.

Quelques photos plus tard, nous nous mettons enfin en route...

27 juillet 2009

Ciel! Que c'est beau...

Bon, puisque Luna semble les attendre de pied ferme, je me motive un peu pour vous livrer quelques photos de mon sujet d'étude favori : le ciel!
Surtout, les jeux de nuages, les levers et couchers de soleil... et je suis parfois capable de me lever très tôt rien que pour voir le soleil se lever sur la mer (même en vacances, si si, je vous promets).

Bon, tout ça pour vous montrer quelques levers de soleil, pris par la fenêtre de ma chambre (c'est le plus simple bizarrement).







23 juillet 2009

Feu mon mari

Jeu d'écriture.
Thème : la rencontre (qui pourra être insolite, amoureuse, du 3ème type, etc)
Inclure les mots : douleur, sommet, portrait, sévère, hanter.


*

"J'avais froid."
Voilà la seule explication qu'elle m'avait fournie. Et elle ne semblait pas capable de m'en fournir une plus logique, ou à défaut plus complète. Sa seule réponse à mes questions, si sévères soient-elles, restait inchangée. "J'avais froid".

Elle, restait là, serrant la couverture que je lui avais donnée contre elle, à contempler les flammes qui dévoraient sa maison. Elle fixait ce spectacle d'horreur avec un détachement effrayant, comme on contemplerait un portrait au musée. J'en avais vu avec les années, des personnes qui avaient vu leur demeure partir en fumée. Une vision qui hantait parfois pendant des années...
Mais cette femme m'intriguait. Elle n'avait absolument aucune réaction, pas le moindre cri de douleur, pas la moindre larme, pas le moindre mouvement esquissé vers sa maison pour tenter d'en sauver quelque chose. Rien. Elle restait aussi immobile qu'une statue, fixant le brasier.
Il me fallait pourtant l'interroger.

- Vous vivez seule ici ? Vous avez un mari ? Où se trouve-t-il ?
J'étais nerveux, je posais toutes les questions à la fois sans lui laisser le temps de me donner une réponse, qui fut particulièrement laconique.
- Il est mort...
Ton neutre. Elle me fit frissonner.
Pourtant mon sentiment de malaise face à cette femme atteignit des sommets lorsque mon adjoint vint me trouver. Le feu venait d'être maîtrisé.

- Monsieur, on a retrouvé les restes d'un corps carbonisé parmi les décombres.
Déglutissant avec peine, je me retournai vers elle, toujours aussi statique. Les ruines fumantes de sa petite bicoque donnaient l'impression d'être captivantes à ses yeux. Elle était toujours aussi réactive que la femme de Lot après transformation en statue de sel...

Finalement, elle ouvrit la bouche pour prononcer plus de trois mots.

- J'avais froid. Très froid. Plus de bois. Je me suis dit qu'avec tout l'alcool qu'il avait encore avalé, il ferait un bon feu...

Je m'en souviendrai de cet incendie...

*

La réponse à la question que tout le monde se pose : pourquoi j'ai choisi un titre qui gâche le texte et dévoile l'histoire? Simplement parce que je ne l'ai pas remarqué... mais genre absolument pas... j'ai honte...

5 juillet 2009

Acrostiche

Petit jeu d'écriture, acrostiche basé sur le mot "nyctalope". Devant aussi servir de thème.

*

Ni égards, ni regards
Y suis-je indifférent ?
Celui qu'on croise sans voir
Triste ombre des passants
Abandonné, seul, mon avantage
La nuit, lors que vous peinez à cheminer
Oublieux de vos pensées volages
Paf! Je vous éclaire, dans ma bonté
Eh oui, je suis le lampadaire...

23 juin 2009

Le dernier vol...

Je vous rassure tout de suite, aucune tendance à quoi que ce soit, juste une inspiration qui vient parfois à de drôle de moments...

*

Ça y est, je suis au bout. Au bout de tout, du rouleau pour commencer, et de ma vie, pour finir. Pour en finir. C'est aujourd'hui, c'est maintenant que ma vie va se terminer. Douce ivresse que de se sentir – pour une fois – maître de son destin...
Il ne me reste plus qu'à le faire. Rien ne me retient.

Avant le dernier saut, avant le dernier plongeon, j'offre à mes yeux ce spectacle de la ville étendue devant moi. Je domine tout. Pourquoi ne suis-je venu plus tôt? Sans doute n'étais-je pas prêt. Si j'avais vu ce spectacle avant, peut-être aurais-je pris peur, je n'aurais pas eu le courage d'aller jusqu'au bout ce soir.

Une inspiration, un battement de cœur qui s'accélère, et un pas en avant... la chute.

Sur mon lit, une lettre. Elle explique tout. Tout ce que je ne comprends pas. Tout ce que je n'arrive pas à dire. Tout ce que je n'arrive plus à vivre. Vous la lirez... trop tard. Avant ou après que la police vienne vous voir pour la reconnaissance? Si tant est que vous sachiez me reconnaître lorsque je serai en bas. J'accélère. Je vais vite.
Le vent me fouette le visage, je vole, j'ai l'impression d'être un oiseau.
Mon vol se stabilise, sans doute une histoire de forces de frottement et de vitesse maximale de chute. Elle est rapide la vitesse maximale, des larmes perlent au coin de mes yeux.

Mi-chemin. C'est bête mais pourtant vrai, jusqu'à l'atterrissage – qui promet d'être violent – je serai vivant, conscient. De tout ce qui se passe.

La ville se rapproche de plus en plus vite. La rue aussi. Et cette chute qui n'en finit pas, que j'aimerais ne jamais voir finir. L'adrénaline est à son maximum. C'est vraiment impressionnant de n'être suspendu à rien comme ça, de se sentir ... libre. Vivant aussi. Jamais je ne me suis senti aussi vivant que ces quelques secondes, avant de mourir. Je me surprends à laisser passer un éclat de rire. Vivant oui, c'est le mot, heureux !

Quelques mètres encore. Finalement, cela en vaut-il la peine? Oui, je suis à bout, mais la vie est si belle et la mort, ce n'est que... le néant !
Battre des bras, remuer, non, non, je ne veux pas atterrir, je ...

*SPROTCHH*

6 juin 2009

Le foulard

Juste une envie de mettre des mots sur mes sentiments...

*

J'ai noué mon foulard autour de mes hanches. Puis j'ai eu un instant d'arrêt. Un flash back. C'était l'été passé. Je portais cette même jupe, mon foulard noué par-dessus. Il faisait chaud, le soleil brillait. Et j'étais venue te voir. Je venais toutes les semaines te tenir compagnie quelques heures, et j'aimais ça. Habillée ainsi, avec mes sandalettes blanches et mon léger bronzage, tu m'avais dit que j'avais l'air d'une bohémienne, que j'étais jolie. J'ai souri mais, bien entendu, je ne t'ai pas crue. Je me sentais bien dans cette tenue, je me sentais bien auprès de toi.
En échange d'une compagnie régulière et d'un peu d'aide, lorsque tu l'acceptais, j'avais droit à ton expérience de la vie, à de précieux conseils, gravés maintenant dans mon cœur.

Ce doit être une des dernières fois où je t'ai vue.
Puis tu es rentrée à l'hôpital, je n'ai pas eu le droit de venir te voir. Un mois plus tard, c'en était fini. Il était triste ton enterrement. Tu étais, tu es toujours un modèle de courage pour moi, toi qui malgré la maladie et l'infirmité avais encore régulièrement le sourire, et ne pensais qu'aux autres.
J'ai noué mon foulard autour de mes hanches, et tous ces souvenirs sont revenus à ma mémoire. J'ai étouffé un sanglot et raccroché un sourire à mes lèvres, décidant de suivre ton modèle. Tu seras toujours dans mon cœur.

29 mai 2009

La p'tite monnaie

Le thème du jeu cette fois : écrire un texte à partir d'une chanson appartenant au patrimoine francophone.
Chanson choisie : La p'tite monnaie, de Bénabar.


*

"Ding-dong".

- Oh, c'est vous ? Entrez donc ! ... Merci pour les fleurs, elles sont magnifiques ! Et pour le vin aussi, donnez ça à Renaud.

- On peut se rendre utile en quoi que ce soit ?

- Eh bien... oui ! Il faut préparer tous les crustacés, l'apéro, la salade...

Et on se dirige vers la cuisine.

- Tiens la salade, si tu as besoin de quelque chose, tu cherches, n'hésite pas, les tomates sont au frigo si tu en veux.

- Dominique, tu as un deuxième couteau à huîtres ?

- Poussez-vous, j'ai besoin de place pour couper les homards !

- Oh, bonjour (h)Omar(d), moi c'est Julie, viens ici que je te serre la pince.

Et elle le fait, sous un éclat de rire général. Tout le monde parle en même temps, rit, pique des chips à même le paquet. Finalement, il y a plus de monde en ce moment en cuisines qu'ailleurs. Tout le monde aide à la préparation du repas, un verre de champagne à la main.
Un repas de dimanche midi banal en quelque sorte (n'eût été la présence de champagne et de crustacés – unique composante du repas – il faut avouer que ce fait est exceptionnel).

Tout est coupé, dépiauté, mis sur un énorme plateau (bah oui, pour 12 personnes), on va prendre un véritable apéro, faut pas croire, ce n'était qu'une mise en bouche.

Quelques heures plus tard, le plateau est presque vidé, le joyeux brouhaha n'a pas cessé, et a même plutôt amplifié, la faute aux nombreuses bouteilles de vins dont les cadavres jonchent la table.
Le chaleureux chahut, les discussions, nous retiennent autour de la table, la peau du ventre bien tendue. Quoique... les enfants jouent maintenant dans le jardin, profitant qu'il fait encore clair, une jeune fille est endormie dans un fauteuil, on a déposé une couverture sur elle. Elle se réveille en sursaut, s'excusant de son impolitesse. La fatigue, l'alcool aidant... Pas de souci, on comprend va !
Elle se réinstalle à table, juste à temps pour le fromage. Ben non, on a plus vraiment mangé depuis tout à l'heure ! Juste continué à vider le plat, tu n'as rien raté si tu n'avais plus faim. Un petit revient et s'installe sur ses genoux, elle le chatouille et il rigole.

- Oh, j'ai un petit vin rouge pour aller avec le fromage, vous m'en direz des nouvelles !

Et de fait, les nouvelles sont bonnes, et la bouteille vide.
Les carcasses des homards on servi à faire une bisque. Vous voulez goûter avant qu'on ne la gèle ? Ah... ben non, faudra pas la geler, il n'y en a plus.

- Les enfants, rentrez ! Le dessert est servi !

Le petit n'aime pas ses croûtes et tente de les filer discrètement au chien. Personne n'est dupe, on le laisse faire.

Et après le café ? Le pousse-café bien entendu ! Alcools à base de rhums, ou alors on a quelques petites gouttes ! Prune, poire, cerise,... tant qu'à faire, sirotons tout le verger !

L'après-midi est bien entamée... Les enfants nous jouent un morceau de musique, le parrain à l'orgue, ça le fait, et l'alcool n'y est pour rien dans les applaudissements !

On sort les jeux de société maintenant ? Une partie de Taboo ! Et ça se remet à rire, entre souvenirs et blagues (parfois un peu) douteuses.
Un repas le dimanche midi en somme. Comme quoi il en faut peu. Et ça confirme le fait que le bonheur ne se trouve pas en lingots, mais plutôt en petite monnaie !

14 mai 2009

Casse-tête

Des jeux, sur le forum Place des Mots.
3 textes à écrire, en suivant 3 consignes.


*

Le logogriphe
Rédiger un texte de 300 caractères (espace compris) minimum en utilisant uniquement les lettres du mot PRINTEMPS.

Et présent, ne reste rien. Etreintes intimes, pierres serties, terminé. Empreintes méprisées. Prémisses ressenties? Nenni ! Ni intempéries, ni menteries en pire pétrin. Ni tempête ! Empire tempéré. Très épris. Et présent, entièrement piétiné. Empire restreint, n'en reste rien. Repentir insensé.
Péripéties rimées?

*

La revenante
Rédiger un texte de 300 caractères (espace compris) minimum dont chacun des mots contient la lettre E.

Une libellule en ce crépuscule de printemps vole et virevolte gaiement. Elle folâtre, et ne se soucie aucunement de ce félin caché derirère les herbes hautes, regard acéré, babines alléchées.
Accroupissement silencieux, et le prédateur prend élan, saute et croque. Belle libellule, attrapée en pleine innocence de ce funeste malheur. Une vie supplémentaire cruellement écourtée, le destin seul coupable.
Et petit minet, repas bien mérité, chasse maintenant comme ses parents.

*

Texte libre (ou presque)
Rédiger un texte de 3000 caractères (espaces compris) maximum et commençant par la phrase suivante : "Pousse-toi, je ne vois rien !"

"Pousse-toi, je ne vois rien!"
Je croyais être seul. Je me retournai donc vivement, pour me retrouver le nez dans une masse de cheveux hirsutes. L'odeur se dégageant de la personne qui se trouvait là raviva en moi de vifs souvenirs, et je su qui était en face de moi bien avant d'avoir fini mon mouvement de recul pour mieux l'observer.
Son visage, ses traits m'étaient familiers. Je la connaissais. Je l'aimais. Pourtant, il m'était impossible de me souvenir en quelles circonstances nous nous étions auparavant croisés.
Mes yeux rencontrèrent les siens, et nous nous fixâmes ainsi un long moment. Je me perdais dans ses si beaux iris, si étranges aussi. Leur couleur était étonnante, d'un vert tendre et vif, nervuré de traits plus foncés, le tout cerclé d'un fin trait bleu ciel.
Elle sentait mon doute, autant que ma certitude de me rappeler d'elle. Elle me souriait tendrement. Je me surpris à lui rendre son sourire, continuant à l'observer. Ses cheveux étaient aussi étranges que ses yeux. Châtains, aux couleurs changeantes. Je savais qu'il serait doux d'y glisser ma main et de les caresser.
Malgré son apparence, elle n'était pas humaine. Cela se sentait.

Elle se remit à parler.

"Je ne vois rien, que regardes-tu comme ça?"

Sa voix. Ce fut elle qui libéra les derniers verrous de ma mémoire. Sa voix claire et chantante comme le vent qui bruisse dans les feuilles d'un arbre.
Je murmurais :
"Mélide"

Elle me sourit. Un flot de souvenir refluait maintenant. Elle habitait le pommier centenaire du pré tout près de chez moi. J'y avais passé des heures étant enfant, et ensuite adolescent. Ce pommier était mon refuge, ma forteresse. J'aimais m'y rendre lorsque je me sentais mal, ou alors simplement lorsque je voulais être seul. Plus tard, j'y allais également pour la voir. Je me rappelai avec nostalgie notre première rencontre. Un jour, je devais avoir 9 ou 10 ans, où mon père m'avait puni. Je m'y étais réfugié en pleurant et elle m'était apparue, m'avait consolé.
Elle avait ensuite été ma compagne toutes ces années, m'avait vu grandir. Plus tard, nous nous étions aimés. Passionément. Hélas, je dus quitter le domicile familial, à regrets il faut dire. Elle ne pouvait pas s'éloigner de son arbre. Mes sens se souvenaient encore de notre dernière étreinte.

"Que regardes-tu?"

Elle me tira brusquement de mes pensées en répétant à nouveau sa question. Je jetais un oeil vers la minuscule fenêtre par laquelle mon esprit s'était envolé un peu plus tôt. Que regardais-je exactement? Je fis un pas de côté pour lui permettre de voir avec moi. Le paysage avait changé. Un grand pré s'étendait maintenant à perte de vue, avec en son centre, un pommier centenaire. Elle était revenue, à mes côtés.

13 mai 2009

Peurs.

Billet...

*

Je viens de l'avoir au téléphone. Je lui ai annoncé, je ne voulais pas qu'elle l'apprenne par quelqu'un d'autre. On a tant partagé ici à deux, je lui devais ça, je me le devais. Depuis ce matin, j'ai une boule au creux de l'estomac, et je sens qu'elle va tout doucement remonter, jusqu'à ce soir, quand on se verra.
Je l'ai eue au téléphone, et j'ai senti sa déception. Elle ne comprend pas. La boule est montée d'un cran. Si elle ne comprend pas, comment cela se passera-t-il avec les autres? Elle ne m'a fait aucun reproche, non, rien, mais elle a écourté la conversation. Deux minutes tout au plus. Elle était pressée, mais ce n'était qu'une excuse.

Et depuis, j'en tremblerais presque. Comment ce sera ce soir? Je n'ai pas tenu, tu es au courant, en gros. Je n'ai pas tenu, c'est trop gros pour moi. Je me vois déjà ce soir, j'imagine le regard que nous échangerons. Tu sais, et ça se verra dans tes yeux. Comme une lueur de complicité, voilée malgré tout par ton incompréhension, peut-être la déception. Je ne t'ai pas encore expliqué, et même lorsque ce sera fait, je ne sais pas si tu comprendras bien. J'imagine ton regard, et je sais qu'à ce moment-là, la boule sera énorme dans ma gorge. J'ai déjà peur.
Je vous quitte. N'allez pas croire, ce n'est pas vraiment de gaieté de cœur, je sens déjà que, tous, vous me manquerez. Énormément. C'est ça qui me fait peur. Et en même temps, il le faut. Je vous quitte, mais je ne vous abandonne pas. Je vais là où on m'envoie, même si on m'y envoie parce que je me suis montrée prête pour. Je vous quitte, parce qu'avec vous, même si je vous aime, je ne peux pas rester.

27 avril 2009

Délivrance

Un jeu d'écriture, sur le thème de l'évasion.

*

Il fait noir, très noir. Depuis combien de temps suis-je ici? Aucune idée. Voyons, réfléchissons. De nombreux mois, c'est certain. Mais le froid de l'hiver dernier, qui m'avait vu apparaître en cet endroit ne s'est pas encore manifesté. Moins d'un an donc. Impossible d'avoir une estimation plus précise. Pourtant il me semble n'avoir connu que cette prison de toute ma petite vie. Aucune notion du temps n'est possible. J'en désespère. Aucun contact avec l'extérieur, je suis seul, livré à moi-même. Et à mes geôliers aussi, probablement. Quand se décideront-ils à me faire comprendre ce qu'il attendent de moi?
Et où suis-je d'abord? J'entends parfois des voix, des rires, la vie. D'autres fois, des cris, mon cachot tremble. Serais-je sur un endroit enclin aux secousses sismiques? Ou au contraire, en hauteur, balloté par les vents? J'ai peur. Mais ça, je ne l'avouerai à personne. Ils m'ont enfermé, je ne leur ferai pas le plaisir de leur montrer ma faiblesse.
Pourquoi m'a-t-on enfermé ici? Et j'ai beau me débattre, chercher la moindre petite issue, impossible de m'enfuir. Une véritable forteresse. J'ai martellé toutes les parois, essayé chaque recoin, aucune sortie ne semble exister. Sans compter que ma cellule est très étroite. Très humide aussi. De plus, peut-être est-ce seulement une impression, mais l'espace dans lequel j'évolue se réduit en peau de chagrin. Je n'ai presque plus possibilité de bouger. Suis-je devenu claustrophobe à rester cloîtré ainsi?
Je n'en peux plus, qu'on se décide à me dire le but de ma présence ici, ou je... je... Je quoi? Pas d'issue, c'est pas d'issue en même temps... Que puis-je faire contre cela?
Allons, courage! Il ne faut pas renoncer, peut-être ai-je oublié de sonder un recoin, peut-être une échappatoire se cache-t-elle quelque part quand même.
Hmpf... je pense que je ne rêvais pas en disant que j'étais à l'étroit, il m'est presque impossible de me retourner...
Ah, mais... mais oui! Il y a un trou là! Pas grand, que du contraire, mais avec un peu de chance, j'arriverai malgré tout à m'y glisser. Qui ne tente rien n'a rien, mieux vaut ça que de rester enfermé là dedans!
Splash!
Oups. Ne plus bouger. Rester immobile...
Ca va, je pense qu'ils ne se sont rendu compte de rien. Ouf, je l'ai échappé belle. D'ailleurs, comment ai-je provoqué ce bruit? Aucune idée.
Se concentrer, sortir de là.
Ah oui, vraiment étroite malgré tout la sortie. Ho hisse, haut les coeurs, encore un peu d'efforts, j'y suis presque!

"Bravo madame, c'est un magnifique petit garçon!"

16 avril 2009

De l'évolution du guidage...

Petit délire pseudo-scientifique...

*

D'abord, il y a eu les vagues plans dessinés à l'aide d'un bâton sur le sol. Quelques dessins indiquant une vague direction, généralement où trouver de la nourriture.
Puis, des plans plus élaborés sont apparus. On en est même venus à avoir des cartes de toute une région sur papier, routes tracées et tout. Un progrès énorme.
Les années passant, la technologie aidant, les cartes routières se sont améliorées, et on a inventé même les systèmes de navigation. Autrement appelés GPS.
Ces engins se sont mis à parler! Et à se perfectionner! Imaginez : vous avez le choix entre le chemin le plus rapide, le plus court, et même parfois le plus facile! De quoi s'y perdre (pas de chance, avec un GPS).

Et on n'arrête pas le progrès! On a maintenant même le choix entre une voix de femme ou d'homme. Bientôt, il s'adaptera même à votre personnalité.
Voilà ce que ça pourrait donner...

Marin d'eau douce ou pirate des routes? :
"Bienvenue à bord, moussaillon! Indique-moi le port dans lequel tu veux jeter l'ancre, et je t'y emmènerai, en évitant la houle même, mille sabords!"
(...)
"Cap sur Triffouilli-les-Oies! Longueur du trajet : cent cinquante miles! Larguez les amarres, et à babord toutes!"

Peut mieux faire, non? Un autre essai...

Débutant :
"Veuillez effectuer des mouvements de rotation rapides sur votre volant en direction de la gauche, en prenant garde de ne pas quitter la route des yeux et de ne rien toucher. Accélérez légèrement. Lâchez la pédale d'accélérateur, enfoncez l'embrayage et passez la troisième. Accélérez à nouveau. Doucement."

Essayons encore...

Militaire :
"En avaaaant, toutes! Une deux, une deux, et un quart de tour à gauche... maintenant! Exécution!
C'est mou tout ça, vous m'f'rez 50 pompes à l'arrivée!"

C'est qu'il ferait peur... on zappe.

Pilote :
"Tour de contrôle à pilote, tour de contrôle à pilote, vous me recevez?
Ralentissez pilote, vous allez trop vite, et nous détectons un radar à 9 heures, je répète..."

Ça laisse aussi à désirer… un dernier essai.

Précision mathématique :
"Dans 153 mètres, veuillez effectuer un virage de 91° sur la droite. Votre destination se trouve à exactement 96,3 mètres, au numéro 31, sur votre gauche."

Bon, finalement, ce n'est peut-être pas tout à fait au point... on va laisser les scientifiques se pencher là dessus.

14 avril 2009

Partition rimée

Jeu d'écriture (toujours le même, sur "A vos Plumes", il porte le nom de JPH).
Les consignes : "Votre texte devra commencer par la phrase : "En entrant dans la salle à manger, ce soir-là, j’eus la très nette impression de me jeter dans la gueule du loup."
Et comporter les mots suivants : da capo, lamento, croche, partition, bémol, point d’orgue."
J'ai... complètement pété les plombs au moment de me mettre à rédiger...


*

En entrant dans la salle à manger, ce soir-là,
J’eus la très nette impression de me jeter dans la gueule du loup.
Les regards de tous étaient posés sur moi,
Je n'avais pourtant commis aucune faute de goût.

Pas le moindre bémol à ma tenue
Longue robe fluide m'allant jusqu'au chevilles
Peut-être sa couleur, quelque peu inattendue
Car elle était en soie, myrtille.

Intimidée, gênée, je me pressai d'aller à ma place
Avec l'intention de ne point me faire remarquer
Vaine initiative, hélas,
Car, seule ou aidée d'un croche-pied, je trébuchai

Je me relevai, sans un lamento
Et repris, da capo
Ma course digne, mais néanmoins effrénée
Vers le siège tant convoité

Enfin assise, je me préparai
A assister au point d'orgue de cette soirée
L'annonce du thème du nouveau JPH !
Je priai pour qu'il ne soit pas trop vache

Les quelques minutes suivantes me trouvèrent des plus perplexes
Devant un sujet aussi complexe
Mais qu'importe, j'apporterai ma partition, quoi qu'il m'en coûte
Dans pareilles conditions, de rédiger,
Et malgré mes doutes
D'être au final bien classée.

30 mars 2009

Vie au long.

Jeu d'écriture.
Illustrez à votre manière le proverbe : "Une hirondelle ne fait pas le printemps."
Mot interdit : soleil.


*

D'abord le claquement sec de deux attaches métalliques qui s'ouvrent de concert. Le léger souffle provoqué par l'air s'infiltrant dans le coffret. Le couvercle s'ouvrit, permettant à la lumière de venir frapper le bois verni, et découvrant un intérieur tapissé de velours. Un peu de poussière en suspension dans les rais de lumière ajoutait à la magie de l'acte.
Une main effleura l'instrument, s'éloigna, attrapa l'archet, étonnamment long. Les crins sombres luisaient sous les projecteurs éclairant la scène. La baguette s'éleva, le violon alla se poser sur la clavicule de son propriétaire, retenu par le menton.
Le silence qui régnait était lourd. Chacun des mouvements du violoniste était observé. Une personne osa émettre un toussotement, qu'elle calma bien vite.
 
La première note s'éleva, longue, plaintive, rompant le silence. Tous retinrent leur souffle. Une simple note, mais dont les vibrations atteignirent chacun des spectateurs au plus profond d'eux-même.
Elle se répercutait sur les murs, revenait, résonnait dans la salle conçue et créée pour en optimiser l'acoustique.
Sans transition aucune, le la fut abandonné pour une série de notes, aigues, rapides, joyeuses. Il fut immédiatement suivi par l'ensemble de l'orchestre, resté en retrait jusqu'à maintenant. Altos, violoncelles, contrebasses, chacun y allait de sa partie, de sa partition, pour apporter sa touche à l'ensemble. Ils ne gênaient pas le violoniste, bien au contraire, ils magnifiaient la musique qui émanait de son instrument.

C'est le printemps, zéphyr léger dans tes cheveux dorés, ta jupe qui vole au vent... Moineaux, rossignols, tous fêtent son arrivée en pépiements, piaillements. L'eau de la fontaine a recommencé à couler. Un léger clapotis, ta main dans l'eau. Le doux muguet, le lilas fleurissant et leurs effluves enivrantes. Ton odeur aussi, sucrée, indéfinissable. Toutes ces couleurs, l'eau qui scintille, les arbres qui se parent de leurs plus beaux verts. Ton sourire, tes yeux qui pétillent...
Un nuage sombre à l'horizon, vent qui s'intensifie, pluie, toi qui cours te mettre à l'abri, trempée. Il repart aussitôt, laissant le pré scintillant de gouttelettes, un arc-en-ciel?
La nuit tombe, le ciel se pare de ses plus belles couleurs, orange, rouge, doré... Tu frissones. Toi tout contre moi...
Danse des étoiles, danse de nos corps enlacés.


La musique était fraiche, comme une légère brise au retour des beaux jours.... Allegro.

Rien ne manquait au tableau, rien n'était de trop non plus. Tout comme une hirondelle à elle seule ne pouvait annoncer sa venue, le premier violon n'aurait pu interpréter le Printemps de Vivaldi, sans l'orchestre qui l'accompagnait.

5 mars 2009

Correspondance en la mineur.

Texte écrit en collaboration avec Lunatik.

*

Mon aimé,

J'ai sous les doigts le foulard que vous abandonnâtes dans votre précipitation à quitter ma demeure. Légère et fragile comme vos promesses, la dentelle se dérobe à mes caresses. J'ai sur le corps les marques délicates de vos passions et de vos égarements d'une nuit. J'ai dans le cœur les éclats tranchants de vos indifférences d'antan et de votre fuite d'hier, fichés sous le velours cramoisi de ma robe au drapé irréprochable.

Mais parce que je devine dans les emportements qui vous échappent et dans les faiblesses qui vous assaillent, l'aveu d'un mal qui vous obsède et vous ronge, je vous pardonne. Tout. La rudesse de vos égards comme la violence de vos propos.
Je ne suis plus une enfant, j'ai compris depuis longtemps qu'en vous soustrayant à la société vous tentiez surtout d’échapper aux serres avides de sa curiosité et de sa médisance.
Tandis que je grandissais et que vous vieillissiez, je suivais secrètement la lente évolution de votre déchéance. Peu m'importe que vous ne goûtiez plus les mélodies qu'en esprit, que vous ne distinguiez plus mes pas lorsque je me range à vos côtés et que mes soupirs vous deviennent inaudibles. Je sais que les vibrations d'un piano touchent encore votre âme et il me reste tout mon corps pour vous dire combien je vous aime.

J'ai sous les doigts l'étoffe que vous abandonnâtes dans votre précipitation à quitter mes bras. Misérable et froissée comme mes espérances, elle repose au creux de ma main tremblante. J'ai sur le visage les marques de mon incertitude et de mon égarement. Mais j'ai dans le cœur un reste d'amour pour vous, un reste assez vaste pour nous engloutir tous deux. Car je crois en la tendresse de vos étreintes.

Voilà des années que je vous attends. Je déambule dans des pièces vides qui résonnent des pas étouffés des domestiques, dans des jardins vides qui résonnent des rires muets des enfants, dans des rues vides qui résonnent des cris silencieux des mendiants. Sans vous, sans la chaleur de vos mains pour apaiser mes sens, sans la force de vos symphonies pour bercer mes songes, sans vous tout n'est que vide et silence.

Élise.

*

Ma tendre Élise,

Voici la troisième fois que je recommence cette lettre. Il faut croire que les notes se glissent plus facilement sous ma plume que les mots...

Me pardonnerez-vous jamais ma conduite odieuse de cette nuit? Je me suis véritablement comporté comme le pire rustre que cette terre ait porté. Blâmez-m'en, si tel est votre souhait, je le mérite. Je vous imagine blessée et furieuse à mon endroit, avec raison. Depuis ce matin, je guette avec inquiétude mais résignation le courrier qui m’annoncera ma disgrâce.

Comment vous faire comprendre que ceci n'est nullement dû à vous, mais à moi seul? Non, vous n'avez rien à vous reprocher, douce Élise, rien qui puisse jouer en votre défaveur. Il ne pourrait en être autrement tant vous êtes parfaite. Qu'avez-vous lors à aimer à ce pauvre compositeur dans le déclin que je suis?
Que pourrais-je vous apporter? Déjà je ne puis plus profiter d'entendre votre voix si belle et si douce. Vous avez la vie devant vous, et je ne puis faire obstacle à votre bonheur. Voilà pourquoi je me suis enfui, tel un lâche.

Malgré tout, je tenais à vous affirmer que jamais aucune autre ne pourra posséder mon cœur, jamais, jamais. Pas plus que mon corps, qu'il garde pour toujours les souvenirs de vos caresses...

*

Mon bien-aimé.

Depuis cette première nuit si douce, que vous devez regretter si fort pour ne plus paraître ici ni dans aucun salon, depuis cette dernière nuit si tendre, je reste seule en mes appartements, sans nouvelles et sans forces. Le doute dans lequel me plonge votre silence devient insupportable.
Je crains de vous importuner en vous renouvelant aujourd'hui encore les gages de ma passion. Alors même que je redoute votre courroux, je suis de nouveau, ainsi que chaque soir, étendue sur le sofa à vous écrire avec l'âme qui gite et qui chavire.

Avez-vous reçu mes lettres, seulement ?

J'ai peut être, emportée par mes phrases et le souvenir de vos regards, outrepassé les limites de la bienséance. Mais je ne saurais m'en excuser. Je devrais rougir de chaque mot que ma plume a laissé échapper, pourtant je ne puis que pleurer ceux qu'elle n'a pas osés.
J'espère chaque matin un billet de votre main mais le coursier ne porte jour après jour, semaine après semaine, que l'ennuyeux cortège d'invitations mondaines auxquelles je ne prends plus la peine de répondre…

Je suis lasse, mon adoré, non de vous mais des impatiences de mon cœur qui exige considération. Je voudrais ne plus l'écouter, je voudrais comme vous me réfugier dans le cocon rassurant de la surdité.
Ne plus l'entendre pour ne plus souffrir.
Ne plus entendre pour vous rejoindre enfin.
Et si cela ne se peut, si je ne puis vivre à vos côtés, alors je pars.

Élise.

*

Ma belle aimée,

Encre rouge, synonyme de la passion que je vous voue. Je puis tout me permettre, cette lettre ira rejoindre les précédentes, achevées ou non, dans ce joli petit coffret en bois qui, faute de mieux, orne ma table de chevet. Je l'ai découvert au hasard d'une promenade, quelques jours après cette fameuse nuit. Il vous plairait à coup sûr. Le paysage gravé dans le bois sombre est tout simplement sublime. Tout comme vous, douce Élise. En y conservant mes lettres, j'ai l'impression qu'elles vous parviennent malgré tout. Je vous imagine les lire, sur ce même sofa où je vous ai pour la première fois enlacée, où... La première, et la dernière. O Dieu, pourquoi faut-il s'éloigner de ce qu'on aime ainsi. Vivre, je ne le peux qu'entièrement avec vous, ou pas du tout, mais je vous aime trop pour vous imposer cette vie que je mène. Vous méritez mieux, bien mieux que moi.

Chacune de vos lettres est pour moi une joie et un supplice. Vos mots sans cesse me ramènent à cette nuit que vous refusez d'oublier. Vos termes passionnés ravivent mes souvenirs, et il me faut parfois me faire violence pour m'empêcher de vous rejoindre en votre exil. Pourtant il le faut. Surmonterez-vous la peine que je vous ai causée? Il eût mieux valu que nous ne nous rencontrions jamais. Déjà j'ai disparu de votre entourage. Comment lors osez-vous priver la société d'un de ses plus beaux atours, de votre beauté, à cause de moi? Chacune de vos lettres est une torture, pourtant je ne peux me résigner à vous supplier de cesser. Recevoir un mot de moi ne ferait que vous conforter dans votre persévérance à m'écrire. Et composer une lettre m'est si difficile! Voyez comme ma prose est malhabile.

Je vous parle de composer. Et bien soit. Jamais vous ne me lirez, mais peut-être, un jour, m'entendrez vous. Je me rappelle votre passion pour le pianoforte. Cet instrument qui m'est si cher. Ses vibrations sont pour moi aussi claires que vos paroles, lorsqu'il m'était encore loisible de vous entendre. Fermez les yeux et écoutez. C'est votre lettre que j'écris là. Ce sont mes sentiments que, pour une fois, j'arrive à exprimer. M'entendez-vous? Ressentez-vous ces notes? Elles vous disent "je t'aime"…

Adieu, ma mie. Mais je vous en conjure, ne méconnaissez jamais le cœur de votre fidèle Ludwig.

Éternellement vôtre,

Ludwig

*

Mon tendre ami.

Tant d'années ont passé depuis cette nuit où je voulus croire aveuglément en notre amour. Mais pas une journée sans que je pense à vous, pas un matin sans que je m'éveille l'esprit alangui encore de songes où vous m'apparaissez. Je me suis éloignée certes, mais contrainte, mais forcée car je vous l'assure, je ne vous ai point quitté. Et je retrouve, en prenant la plume pour vous écrire, l'insouciance et la passion qui depuis m'avaient désertée.

J'ai entendu ce jour une bagatelle fort belle que vous composâtes, selon les murmures de salons, il y a plus de quinze ans déjà pour une inconnue. Serait-ce la réponse tant espérée à mes nombreuses lettres demeurées sans retour ?
Alors sans doute cela signifie-t-il que j’ai trop longtemps douté de nous. Et vous de moi.
Ces heures, ces mois, ces années l’un sans l’autre sont autant d’instants de bonheur que nous ne rattraperons jamais. Mais il nous reste encore à vivre et à aimer, il ne tient qu’à nous de ne plus rien laisser perdre.
C’est décidé : je prends le bateau dès que possible pour rallier la France. De là, je vous rejoindrai chez votre frère, où j’ai appris que vous séjourniez. A moins que vous ne retourniez à Vienne, passé Noël.

Peu me chaut, en vérité.
Où que vous soyez, je vous retrouverai.
Ainsi c’est dans vos bras que je verrai éclore le printemps.

Élise.

*

Madame.

J'apprends aujourd'hui votre arrivée imminente en ma demeure de Gneixendorf. J'ai le regret de vous annoncer que les funérailles ont eu lieu ce matin à Vienne. Vous restez évidemment la bienvenue ici, j'ai fait préparer une chambre que vous devez vous sentir libre d'occuper aussi longtemps qu'il vous plaira.

Il faut que vous sachiez que mon frère m'a longuement entretenu à votre sujet et que ses dernières pensées furent pour vous. Il a laissé à votre intention un coffret qu'il m'a chargé de vous remettre. Il contient toutes vos lettres. Et les siennes.

Votre dévoué,
Johann van Beethoven.

18 février 2009

Diraïr

Une nouvelle SF, apparemment encore à améliorer...

*

Diraïr restait figé devant la porte, la main sur la poignée, il hésitait. Oserait-il aller plus loin ? Il regarda à nouveau le numéro inscrit au dessus du montant : 41. Aucun doute possible, il ne s’était pas trompé.

Disettes, famines… La faim est partout. Des millions de gens meurent.
Seuls quelques nantis, grands directeurs ou haut-placés, ont les moyens de se payer deux repas par jour, dont un chaud, de porter des vêtements décents. Et même alors, un tel étalage de luxe est choquant pour leurs employés, qui ressemblent plus aux squelettes vivants des camps de concentration d’il y a quelques siècles qu’à des humains. Il ne se passe pas quelques jours sans que l’un d’eux s’effondre sur son bureau, mort de faim. Et pourtant ils sont privilégiés : une fois par semaine, ils ont droit à un sandwich au boulot.
Dans la rue, la situation est bien pire : les cadavres jonchent le sol.
Et ce n’est pas tout. Les logements sont minuscules, et les familles s’y entassent, parfois dormant à 10 dans une pièce. Il n’y a plus d’espace, nulle part. Ni de nourriture bientôt. Le pétrole ? Epuisé depuis bien longtemps, le seul moyen de transport étant la marche à pied. Dans des rues bondées.
La situation devient ingérable, il faut faire quelque chose.


Finalement, il avait ouvert, et restait maintenant dans l’embrasure de la porte. Le néon du couloir derrière lui constituait la seule source de lumière, mais elle était largement suffisante. A 70 ans, il était encore dans la pleine force de l’âge, et les problèmes de vue n’arriveraient pas avant quelques dizaines d’années. Son visage était lisse, et son corps, semblable à celui d’un enfant de 12 ans.

En fin de compte, la solution fut apportée par les scientifiques. Après de nombreuses propositions, dont un comprimé d’éternité, rendant la reproduction inutile (qui fut vite rejeté, pour des raisons évidentes, les scientifiques ayant le bon sens de savoir que l’acte de reproduction ne serait pas abandonné par des adultes conscients), l’un d’eux – que l’on ne connaissait que sous le surnom de Shark – exposa le fruit de ses recherches : un médicament qui empêchait de grandir. Maintenus à leur taille d’enfant, les besoins de chaque être humain seraient réduits de moitié, au minimum. Et tout serait adapté à leur taille, les problèmes de logement seraient donc réglés également. Surtout que le temps que le produit soit en circulation, une bonne partie de la population serait morte.
La solution fut adoptée à l’unanimité. Les gains d’énergie et de place seraient considérables avec cette invention révolutionnaire.


Il ne bougeait pas, il restait là, à scruter la silhouette allongée au milieu de la pièce ténébreuse.
Des années qu’il travaillait à la Base de Reproduction. Des années sans savoir ce qui se passait derrière ces portes toutes semblables du Couloir de Gestation. Aujourd’hui, il avait enfreint la règle. Il avait ouvert une des portes… SA porte.

Une question pertinente fut soulevée : et la reproduction ? Le clonage n’était pas envisageable, ne formant que des êtres attardés, dont la société n’avait nul besoin.
La réponse vint rapidement. Quelques personnes seraient dispensées du traitement, et parviendraient à leur taille adulte. Des femmes. Gardées dès leur plus tendre enfance dans la Base. Leur utilité : la reproduction. Cloîtrées, elles ne serviraient qu’à être inséminées et accoucher.


La curiosité l’emportant, il fit quelques pas dans la pièce, s’approchant du corps. Un corps de géant comparé à lui. Une femme. Inconsciente. Elle semblait dormir. Ses cheveux auburn épars sur ce qui ressemblait à un oreiller. Elle était belle, très belle, et malgré son sommeil, on voyait toute la douceur qui émanait de sa personne. Une proéminence formait une bosse dans les couvertures au niveau de son ventre. Elle était enceinte. C’était donc à ça que ressemblait un adulte. Il s’étonna de sa taille. Dire qu’il était considéré comme grand parmi ses amis. Il les dépassait bien tous de quelques centimètres, mais la femme couchée là était bien plus grande que lui.

Malgré des heures de discussions, un point avait été omis. Un détail, un défaut dans la solution miracle.

Diraïr, comme la plupart des employés de la Base, n'était en contact qu'avec les fillettes. A partir du moment où leur puberté commençait, personne ne savait ce qu'il advenait d'elles. Personne non plus n'avait conscience de ce qu'était la puberté et des changements qui allaient de pair. Mais lui voulait savoir! Après de nombreuses recherches, il avait découvert ce qui se cachait derrière ces portes. Il savait que la 41ème était celle qui l’avait vu naître.

Shark s’en était vite rendu compte, mais n’avait rien dit, entrevoyant l’opportunité qui s’offrait à lui : il fallait quelqu’un pour administrer le traitement, pour gérer tout cela.

Il continuait à observer la femme… sa mère ? D’où lui venait ce mot, il n’en savait rien. Ce que signifiait le mot mère, il l’avait compris en même temps qu'il s’était imposé à son esprit.
Il jeta un regard alentour, tentant de maîtriser les sentiments qui se bousculaient en lui. Le lit, qui occupait le centre de la pièce, était entouré d’une quantité impressionnante d’appareils. La femme n’avait toujours pas bougé. Elle semblait plongée dans un coma artificiel, gardée en vie grâce à tout ce matériel.

Les années passaient, les gens vivaient dans l’opulence. Le taux de mortalité chuta de manière vertigineuse, les gens atteignant sans problème les 150 ans. Aucune raison de se plaindre.

Diraïr leva une main tremblante vers le corps étendu et la posa doucement sur celle de la femme. Un frisson le parcourut. Un bruit dans son dos le fit se retourner brusquement. Son cœur s’emballa. Il savait qu’il n’avait pas le droit de se trouver là. Il risquait gros s’il était découvert… l’éradication…

Mais lorsque tout le monde eut reçu le traitement, et que les problèmes de surpopulation et y afférant se furent résorbés, Shark prit le pouvoir. Un plein pouvoir. Discret, de manière à ce que personne ne songe à se rebeller, mais omniprésent.
Et les gêneurs disparaissaient, mystérieusement, éradiqués.


Devant lui, une silhouette sombre se découpant dans la clarté du couloir, un sbire de Shark. Il fit un pas en arrière, ses pires craintes se confirmaient. Il avait été repéré. Jamais il n’aurait cru que Shark réagirait aussi rapidement.
La réaction de Diraïr fut tout aussi rapide. Il avait déjà eu à faire à ces sbires. Il courut dans sa direction pour, au dernier moment, plonger et se glisser entre ses pieds. Là, le couloir. Il ne fallait surtout pas qu’il arrête de courir. S’il se faisait rattraper, il était foutu. Il courait, droit devant lui, tournant ici à droite, là à gauche. Il connaissait la Base par cœur, mais son poursuivant également.
Plus qu’une solution, sortir du bâtiment. Là, il aurait une chance de lui échapper. Infime, mais réelle. Arrivé dans la rue, il hésita un instant sur la direction à prendre. Cet instant lui fut fatal, car au même moment, un autre sbire le surprit et l’immobilisa.

Une voix résonna en lui. Le ton était glacial, métallique. Ses yeux s’écarquillèrent d’effroi lorsqu’il comprit exactement ce que signifiait l’éradication. Un châtiment des plus adaptés à son cas, voilà ce que lui répétait Shark. Et même lorsque la voix eut fini son discours, les mots ne cessaient de tourner dans sa tête, de revenir sans cesse à son esprit, chargés de toute l’horreur de la torture qui l’attendait. Il n’avait plus qu’un espoir, en finir, au plus vite, et mourir.
Il eut un instant de regret pour sa mère, mais il était impuissant.

Le corps déstructuré de Diraïr servirait à nourrir et régénérer le corps de sa mère, et également… à sa prochaine fécondation…

4 février 2009

Ils étaient heureux.

A ne pas lire au matin... au cas où...

*

Ils étaient heureux. Ils étaient jeunes et la vie leur souriait. Mariés depuis un an à peine. Amoureux comme au premier jour, si ce n'est plus. Leur amour était flagrant pour tous. C'était simple, ils rayonnaient de bonheur.
Surtout elle, dont le ventre s'arrondissait un peu plus chaque jour. Quelques mois auparavant, ils avaient annoncé l'heureux événement, lors de la réunion de famille annuelle. Ils avaient attendu qu'elle soit enceinte de trois mois, pour être sûrs. Et puis, ils voulaient d'abord profiter d'avoir ce petit secret entre eux et le reste du monde. Un secret qui fut parfois difficile à garder jusqu'au repas fatidique. Ils étaient si heureux qu'ils avaient envie de le dire à tous, et en même temps de n'en rien dire à personne, pour garder ce futur petit être rien qu'à eux, encore un peu.
C'était loin maintenant. Garder l'événement secret aurait été chose impossible, vu la rondeur du ventre qu'elle portait dorénavant. Quelle joie ce fut lorsqu'elle sentit pour la première fois bouger cette petite créature à l'intérieur d'elle. Elle était sûre qu'elle s'en rappellerait toute sa vie. Eux deux, écoutant de la musique, dans les bras l'un de l'autre. Lui ayant posé ses mains sur son ventre... Ils l'avaient senti tous deux, et avaient sursauté, avant d'éclater de rire, de bonheur.
Elle ne se lassait pas de sentir ces coups dans son ventre, tantôt douloureux, tantôt caressants, toujours rassurants.
Et puis un jour, elle ne le sentit plus. Il n'était pas non plus remuant, mais un jour entier, sans un mouvement... Une vague inquiétude s'empara d'elle, mais elle se laissa rassurer, ce n'était rien.
Lorsque le lendemain, elle ne le sentit à nouveau pas bouger, la frayeur s'empara d'elle. Sans perdre un instant, ils partirent en direction de l'hôpital. Ils répétaient à qui voulait l'entendre qu'ils ne s'en remettraient pas s'il arrivait quoi que ce soit à leur petit bébé.
Hélas, les résultats des examens furent des plus pessimistes. La nouvelle tomba, telle un couperet : l'enfant était mort. Il fallait procéder immédiatement à l'accouchement. Elle eut à ce moment besoin de tout le soutien de son époux, moral et physique, pour ne pas s'effondrer. Ses yeux s'écarquillèrent d'effroi. Il lui faudrait accoucher, de manière naturelle, d'un bébé qu'elle savait déjà mort. Le travail serait long, douloureux.
Quelque chose se brisa en elle. Elle fut allongée, on l'aida du mieux qu'on put. L'être complètement inerte avait du mal à sortir, elle avait du mal à pousser, tant sa peine était grande. Elle aurait tant voulu se blottir dans ses bras, pleurer, hurler. Mais il fallait tenir le coup. Elle n'avait pas le choix. Heureusement qu'il était là, à côté d'elle, lui tenant la main. Le regard de chacun étant le reflet de l'autre. Les larmes ruisselaient sur leur visage, la douleur profonde.

Ils étaient heureux... Il leur faudrait maintenant du temps pour réapprendre à l'être.

3 février 2009

Miroir, mon beau miroir

Jeu d'écriture.
"Un homme se travesti devant un miroir en pied". Monologue intérieur imposé.


*

Marre. J'en peux plus. Mais qu'ai-je donc fait pour mériter cette vie? Etait-ce ma faute si j'étais si beau? Il semblerait que oui, puisqu'on m'en a puni.
Mais pardon, j'ai oublié de me présenter. Je m'appelle Narcisse. Oui oui, comme la fleur. D'ailleurs, c'est en mon honneur que celle-ci fut créée, telle une gloire à ma beauté éblouissante. Mais mon histoire, tout le monde la connait, pas besoin de la répéter.
Ce que vous ne savez pas, c'est qu'à ma mort, un petit malin a cru drôle de me transformer en miroir. En me laissant mes capacités de réflexion et de parole qui plus est! En un mot : l'enfer (oui, c'était Hadès le petit comique, il parait qu'il ne s'amuse pas assez là en bas). J'aurais préféré les Champs-Elysées, mais bon, je ne les avais pas mérités.

Je vous vois d'ici tirer une drôle de tête. Un miroir pensant et parlant? Mais on l'aurait su! Mais vous l'avez su! C'est qui qui était obligé de répéter inlassablement à cette sorcière aigrie et moche qu'elle était la plus belle? C'est bibi! Une vraie torture que de voir son visage déformé par la rage lorsque je lui ai annoncé l'implacable vérité. J'aime la beauté moi, pourquoi ne m'a-t-on pas confié à Blanche-Neige à la place?

Et au fil des siècles, j'ai du en refléter des faces, et rarement des plus belles. Mais celui-ci, c'est le pompon! Non mais je vous jure! Un post ado encore recouvert de boutons, qui passe le plus clair de ses journées devant son ordinateur. Je vous passe le détail des cheveux gras, des boutons percés (devant moi, mais ça éclabousse idiot, fais un peu attention!) et la masse graisseuse surnuméraire. Mais alors, allez savoir ce qui lui arrive aujourd'hui, il a décidé de se faire beau. T'aurais du t'y prendre plus tôt mon vieux, y a beaucoup de travail avant d'arriver à un résultat potable.
Tiens, c'est vrai que lavé et coiffé, il a déjà meilleure allure. Bonne idée ça, troque ton pyjama contre une tenue décente pour sortir. Pff, et le voilà qui hésite. Jean ou pantalon noir? Chemise ou T-shirt? Bonne question hein? Ah! Non, pas les chaussures blanches par pitié! C'est une abomination! Oui, voilà, des chaussures toutes simples, et dis-crè-tes! Excellent choix! A croire que tu m'entends... Raaah, mais arrête d'hésiter à savoir quelle couleur te va le mieux au teint! Tout te va mieux que ce pyjama que tu ne quittes presque jamais! Mais d'ailleurs, pourquoi t'as décidé de te mettre sur ton trente et un toi aujourd'hui? Bon, j'imagine bien que tu ne vas pas me le dire, mais j'aimerais savoir quand même. On m'a permis de penser, à vos risques et périls!

Ah? Ben tiens, quand je disais que tu étais pathétique... voilà que tu te confesses à ton miroir. Juste pour info : je suis pas curé hein, je peux pas t'absoudre! Mais bon, ça va satisfaire ma curiosité au moins. Quoi? Un rencard? Une fille? D'où tu la connais, tu sors jamais? Ah... suis-je bête. Par internet bien sûr. Et aujourd'hui c'est la première rencontre dans la vie réelle?
J'espère que tu ne lui as pas fait croire que tu étais beau comme un dieu grec quand même hein. J'ai dit que tu étais potable, mais beau...
Non, allez, je suis gentil quand même, et je te souhaite bon courage pour ce rendez-vous! Tu me raconteras comment ça s'est passé hein?

2 janvier 2009

Voyage au bout de la nuit.

Jeu d'écriture.
Lieu : une aire de repos d’autoroute
Contexte : Un soir où vous rentriez tranquillement chez vous, vous vous arrêtez pour vous reposer quelques minutes. Mais qu’est ce qui vous a retenu sur cette aire jusqu’à l’aube ?
Mots obligatoires dans le texte : clepsydre, brume, étoile, manuscrit, alchimie
(NB : histoires de pannes de voiture ou d’amour interdites)


*

Comment te dire ce qui m'a pris ce jour-là? Je pense que moi-même ne le sais pas vraiment. Je me rappelle m'être dirigé vers la voiture, clés en mains, et puis, un blanc. Ma mémoire refuse de me rendre ces quelques heures dérobées. J'ai beau réfléchir, la dernière image qui m'apparaît, c'est la clepsydre ornant l'entrée du bâtiment (quelle idée d'ailleurs, de mettre ça là... pour "faire joli" sans doute...)

Je me revois ensuite revenir à un mode de pensée conscient. J'étais sur l'autoroute, filant droit vers le nord. J'ai mis peu de temps à me repérer. De toute évidence, l'esprit en mode "automatique", je m'étais dirigé immédiatement, attiré comme l'aiguille d'une boussole, et avais roulé à vitesse constante. Mon retour à la conscience n'a rien changé à la situation. Non, j'ai continué ma route, vers le nord, toujours plus loin. Ce qui semblait être un coup de tête est devenu une résolution ferme en moi. Je ne savais pas exactement où j'allais, mais la direction, ça! Peut être que là, je comprendrai enfin pourquoi. Pourquoi moi, pourquoi toi, pourquoi cette alchimie qui nous liait! Et aussi, le pourquoi de ta disparition...


Tu me répétais souvent – oh, comme j'aimais à entendre le son de ta voix –, que notre vie n'est pas un roman tout écrit, mais plutôt un manuscrit, que nous écrivons de notre plume, plein de nos ratures... Avec cette aventure, je comprends mieux ce que tu voulais dire.


Je ne sais plus maintenant depuis combien de jours je roule. Mes jours sont ponctués d'arrêts pour faire le plein d'essence et manger, mes nuits d'arrêts sur de vagues aires d'autoroute. Je suis en Russie depuis un moment il paraît. Ca s'est vu à l'état de l'autoroute. Enfin, si on peut appeler ça une autoroute. Tu avais raison lorsque tu disais qu'ici il n'y avait pas de route, mais que des directions. Ce sur quoi je roule s'apparente plus au chemin de terre qu'à l'autoroute, hormis sa fréquentation.


Il commence à se faire tard, je le sens. Pourtant le soleil n'est pas encore très bas. Tant pis, j'ai sommeil, la prochaine aire de repos, je m'arrête, et je dors. Quoique, après avoir regardé le coucher du soleil. C'est un spectacle qui m'a toujours ému. Ces dégradés de couleurs changeantes, jusqu'à ce que la nuit gagne le combat sur le jour et qu'apparaissent les étoiles, en honneur à la lune et à la nuit vainqueresses.

Mais il semblerait que le spectacle soit différent ce soir. Quand je disais qu'il était déjà tard. Le soleil semble hésiter à se coucher. Et le voilà qui, prêt à disparaître sous la ligne d'horizon, décide, non pas de se déclarer vaincu comme chaque soir, mais de remonter dans le ciel, lentement.

Et c'est là que j'ai compris. Voilà donc ce qu'était une nuit blanche, une nuit ou l'astre du jour ne se couche pas. A force de rouler vers le nord, j'avais dépassé le cercle polaire.

Ce soir, cette nuit plutôt, la bataille ne fut pas remportée par la nuit, mais par le jour.


Et, l'esprit encore rempli de toutes ces images fabuleuses, gravées maintenant à jamais en moi, je repris la route, en sens inverse, dans la brume matinale.

Il m'en aura fallu du chemin, littéralement, pour te comprendre et, enfin, faire mon deuil de toi...