27 avril 2009

Délivrance

Un jeu d'écriture, sur le thème de l'évasion.

*

Il fait noir, très noir. Depuis combien de temps suis-je ici? Aucune idée. Voyons, réfléchissons. De nombreux mois, c'est certain. Mais le froid de l'hiver dernier, qui m'avait vu apparaître en cet endroit ne s'est pas encore manifesté. Moins d'un an donc. Impossible d'avoir une estimation plus précise. Pourtant il me semble n'avoir connu que cette prison de toute ma petite vie. Aucune notion du temps n'est possible. J'en désespère. Aucun contact avec l'extérieur, je suis seul, livré à moi-même. Et à mes geôliers aussi, probablement. Quand se décideront-ils à me faire comprendre ce qu'il attendent de moi?
Et où suis-je d'abord? J'entends parfois des voix, des rires, la vie. D'autres fois, des cris, mon cachot tremble. Serais-je sur un endroit enclin aux secousses sismiques? Ou au contraire, en hauteur, balloté par les vents? J'ai peur. Mais ça, je ne l'avouerai à personne. Ils m'ont enfermé, je ne leur ferai pas le plaisir de leur montrer ma faiblesse.
Pourquoi m'a-t-on enfermé ici? Et j'ai beau me débattre, chercher la moindre petite issue, impossible de m'enfuir. Une véritable forteresse. J'ai martellé toutes les parois, essayé chaque recoin, aucune sortie ne semble exister. Sans compter que ma cellule est très étroite. Très humide aussi. De plus, peut-être est-ce seulement une impression, mais l'espace dans lequel j'évolue se réduit en peau de chagrin. Je n'ai presque plus possibilité de bouger. Suis-je devenu claustrophobe à rester cloîtré ainsi?
Je n'en peux plus, qu'on se décide à me dire le but de ma présence ici, ou je... je... Je quoi? Pas d'issue, c'est pas d'issue en même temps... Que puis-je faire contre cela?
Allons, courage! Il ne faut pas renoncer, peut-être ai-je oublié de sonder un recoin, peut-être une échappatoire se cache-t-elle quelque part quand même.
Hmpf... je pense que je ne rêvais pas en disant que j'étais à l'étroit, il m'est presque impossible de me retourner...
Ah, mais... mais oui! Il y a un trou là! Pas grand, que du contraire, mais avec un peu de chance, j'arriverai malgré tout à m'y glisser. Qui ne tente rien n'a rien, mieux vaut ça que de rester enfermé là dedans!
Splash!
Oups. Ne plus bouger. Rester immobile...
Ca va, je pense qu'ils ne se sont rendu compte de rien. Ouf, je l'ai échappé belle. D'ailleurs, comment ai-je provoqué ce bruit? Aucune idée.
Se concentrer, sortir de là.
Ah oui, vraiment étroite malgré tout la sortie. Ho hisse, haut les coeurs, encore un peu d'efforts, j'y suis presque!

"Bravo madame, c'est un magnifique petit garçon!"

16 avril 2009

De l'évolution du guidage...

Petit délire pseudo-scientifique...

*

D'abord, il y a eu les vagues plans dessinés à l'aide d'un bâton sur le sol. Quelques dessins indiquant une vague direction, généralement où trouver de la nourriture.
Puis, des plans plus élaborés sont apparus. On en est même venus à avoir des cartes de toute une région sur papier, routes tracées et tout. Un progrès énorme.
Les années passant, la technologie aidant, les cartes routières se sont améliorées, et on a inventé même les systèmes de navigation. Autrement appelés GPS.
Ces engins se sont mis à parler! Et à se perfectionner! Imaginez : vous avez le choix entre le chemin le plus rapide, le plus court, et même parfois le plus facile! De quoi s'y perdre (pas de chance, avec un GPS).

Et on n'arrête pas le progrès! On a maintenant même le choix entre une voix de femme ou d'homme. Bientôt, il s'adaptera même à votre personnalité.
Voilà ce que ça pourrait donner...

Marin d'eau douce ou pirate des routes? :
"Bienvenue à bord, moussaillon! Indique-moi le port dans lequel tu veux jeter l'ancre, et je t'y emmènerai, en évitant la houle même, mille sabords!"
(...)
"Cap sur Triffouilli-les-Oies! Longueur du trajet : cent cinquante miles! Larguez les amarres, et à babord toutes!"

Peut mieux faire, non? Un autre essai...

Débutant :
"Veuillez effectuer des mouvements de rotation rapides sur votre volant en direction de la gauche, en prenant garde de ne pas quitter la route des yeux et de ne rien toucher. Accélérez légèrement. Lâchez la pédale d'accélérateur, enfoncez l'embrayage et passez la troisième. Accélérez à nouveau. Doucement."

Essayons encore...

Militaire :
"En avaaaant, toutes! Une deux, une deux, et un quart de tour à gauche... maintenant! Exécution!
C'est mou tout ça, vous m'f'rez 50 pompes à l'arrivée!"

C'est qu'il ferait peur... on zappe.

Pilote :
"Tour de contrôle à pilote, tour de contrôle à pilote, vous me recevez?
Ralentissez pilote, vous allez trop vite, et nous détectons un radar à 9 heures, je répète..."

Ça laisse aussi à désirer… un dernier essai.

Précision mathématique :
"Dans 153 mètres, veuillez effectuer un virage de 91° sur la droite. Votre destination se trouve à exactement 96,3 mètres, au numéro 31, sur votre gauche."

Bon, finalement, ce n'est peut-être pas tout à fait au point... on va laisser les scientifiques se pencher là dessus.

14 avril 2009

Partition rimée

Jeu d'écriture (toujours le même, sur "A vos Plumes", il porte le nom de JPH).
Les consignes : "Votre texte devra commencer par la phrase : "En entrant dans la salle à manger, ce soir-là, j’eus la très nette impression de me jeter dans la gueule du loup."
Et comporter les mots suivants : da capo, lamento, croche, partition, bémol, point d’orgue."
J'ai... complètement pété les plombs au moment de me mettre à rédiger...


*

En entrant dans la salle à manger, ce soir-là,
J’eus la très nette impression de me jeter dans la gueule du loup.
Les regards de tous étaient posés sur moi,
Je n'avais pourtant commis aucune faute de goût.

Pas le moindre bémol à ma tenue
Longue robe fluide m'allant jusqu'au chevilles
Peut-être sa couleur, quelque peu inattendue
Car elle était en soie, myrtille.

Intimidée, gênée, je me pressai d'aller à ma place
Avec l'intention de ne point me faire remarquer
Vaine initiative, hélas,
Car, seule ou aidée d'un croche-pied, je trébuchai

Je me relevai, sans un lamento
Et repris, da capo
Ma course digne, mais néanmoins effrénée
Vers le siège tant convoité

Enfin assise, je me préparai
A assister au point d'orgue de cette soirée
L'annonce du thème du nouveau JPH !
Je priai pour qu'il ne soit pas trop vache

Les quelques minutes suivantes me trouvèrent des plus perplexes
Devant un sujet aussi complexe
Mais qu'importe, j'apporterai ma partition, quoi qu'il m'en coûte
Dans pareilles conditions, de rédiger,
Et malgré mes doutes
D'être au final bien classée.