29 mai 2009

La p'tite monnaie

Le thème du jeu cette fois : écrire un texte à partir d'une chanson appartenant au patrimoine francophone.
Chanson choisie : La p'tite monnaie, de Bénabar.


*

"Ding-dong".

- Oh, c'est vous ? Entrez donc ! ... Merci pour les fleurs, elles sont magnifiques ! Et pour le vin aussi, donnez ça à Renaud.

- On peut se rendre utile en quoi que ce soit ?

- Eh bien... oui ! Il faut préparer tous les crustacés, l'apéro, la salade...

Et on se dirige vers la cuisine.

- Tiens la salade, si tu as besoin de quelque chose, tu cherches, n'hésite pas, les tomates sont au frigo si tu en veux.

- Dominique, tu as un deuxième couteau à huîtres ?

- Poussez-vous, j'ai besoin de place pour couper les homards !

- Oh, bonjour (h)Omar(d), moi c'est Julie, viens ici que je te serre la pince.

Et elle le fait, sous un éclat de rire général. Tout le monde parle en même temps, rit, pique des chips à même le paquet. Finalement, il y a plus de monde en ce moment en cuisines qu'ailleurs. Tout le monde aide à la préparation du repas, un verre de champagne à la main.
Un repas de dimanche midi banal en quelque sorte (n'eût été la présence de champagne et de crustacés – unique composante du repas – il faut avouer que ce fait est exceptionnel).

Tout est coupé, dépiauté, mis sur un énorme plateau (bah oui, pour 12 personnes), on va prendre un véritable apéro, faut pas croire, ce n'était qu'une mise en bouche.

Quelques heures plus tard, le plateau est presque vidé, le joyeux brouhaha n'a pas cessé, et a même plutôt amplifié, la faute aux nombreuses bouteilles de vins dont les cadavres jonchent la table.
Le chaleureux chahut, les discussions, nous retiennent autour de la table, la peau du ventre bien tendue. Quoique... les enfants jouent maintenant dans le jardin, profitant qu'il fait encore clair, une jeune fille est endormie dans un fauteuil, on a déposé une couverture sur elle. Elle se réveille en sursaut, s'excusant de son impolitesse. La fatigue, l'alcool aidant... Pas de souci, on comprend va !
Elle se réinstalle à table, juste à temps pour le fromage. Ben non, on a plus vraiment mangé depuis tout à l'heure ! Juste continué à vider le plat, tu n'as rien raté si tu n'avais plus faim. Un petit revient et s'installe sur ses genoux, elle le chatouille et il rigole.

- Oh, j'ai un petit vin rouge pour aller avec le fromage, vous m'en direz des nouvelles !

Et de fait, les nouvelles sont bonnes, et la bouteille vide.
Les carcasses des homards on servi à faire une bisque. Vous voulez goûter avant qu'on ne la gèle ? Ah... ben non, faudra pas la geler, il n'y en a plus.

- Les enfants, rentrez ! Le dessert est servi !

Le petit n'aime pas ses croûtes et tente de les filer discrètement au chien. Personne n'est dupe, on le laisse faire.

Et après le café ? Le pousse-café bien entendu ! Alcools à base de rhums, ou alors on a quelques petites gouttes ! Prune, poire, cerise,... tant qu'à faire, sirotons tout le verger !

L'après-midi est bien entamée... Les enfants nous jouent un morceau de musique, le parrain à l'orgue, ça le fait, et l'alcool n'y est pour rien dans les applaudissements !

On sort les jeux de société maintenant ? Une partie de Taboo ! Et ça se remet à rire, entre souvenirs et blagues (parfois un peu) douteuses.
Un repas le dimanche midi en somme. Comme quoi il en faut peu. Et ça confirme le fait que le bonheur ne se trouve pas en lingots, mais plutôt en petite monnaie !

14 mai 2009

Casse-tête

Des jeux, sur le forum Place des Mots.
3 textes à écrire, en suivant 3 consignes.


*

Le logogriphe
Rédiger un texte de 300 caractères (espace compris) minimum en utilisant uniquement les lettres du mot PRINTEMPS.

Et présent, ne reste rien. Etreintes intimes, pierres serties, terminé. Empreintes méprisées. Prémisses ressenties? Nenni ! Ni intempéries, ni menteries en pire pétrin. Ni tempête ! Empire tempéré. Très épris. Et présent, entièrement piétiné. Empire restreint, n'en reste rien. Repentir insensé.
Péripéties rimées?

*

La revenante
Rédiger un texte de 300 caractères (espace compris) minimum dont chacun des mots contient la lettre E.

Une libellule en ce crépuscule de printemps vole et virevolte gaiement. Elle folâtre, et ne se soucie aucunement de ce félin caché derirère les herbes hautes, regard acéré, babines alléchées.
Accroupissement silencieux, et le prédateur prend élan, saute et croque. Belle libellule, attrapée en pleine innocence de ce funeste malheur. Une vie supplémentaire cruellement écourtée, le destin seul coupable.
Et petit minet, repas bien mérité, chasse maintenant comme ses parents.

*

Texte libre (ou presque)
Rédiger un texte de 3000 caractères (espaces compris) maximum et commençant par la phrase suivante : "Pousse-toi, je ne vois rien !"

"Pousse-toi, je ne vois rien!"
Je croyais être seul. Je me retournai donc vivement, pour me retrouver le nez dans une masse de cheveux hirsutes. L'odeur se dégageant de la personne qui se trouvait là raviva en moi de vifs souvenirs, et je su qui était en face de moi bien avant d'avoir fini mon mouvement de recul pour mieux l'observer.
Son visage, ses traits m'étaient familiers. Je la connaissais. Je l'aimais. Pourtant, il m'était impossible de me souvenir en quelles circonstances nous nous étions auparavant croisés.
Mes yeux rencontrèrent les siens, et nous nous fixâmes ainsi un long moment. Je me perdais dans ses si beaux iris, si étranges aussi. Leur couleur était étonnante, d'un vert tendre et vif, nervuré de traits plus foncés, le tout cerclé d'un fin trait bleu ciel.
Elle sentait mon doute, autant que ma certitude de me rappeler d'elle. Elle me souriait tendrement. Je me surpris à lui rendre son sourire, continuant à l'observer. Ses cheveux étaient aussi étranges que ses yeux. Châtains, aux couleurs changeantes. Je savais qu'il serait doux d'y glisser ma main et de les caresser.
Malgré son apparence, elle n'était pas humaine. Cela se sentait.

Elle se remit à parler.

"Je ne vois rien, que regardes-tu comme ça?"

Sa voix. Ce fut elle qui libéra les derniers verrous de ma mémoire. Sa voix claire et chantante comme le vent qui bruisse dans les feuilles d'un arbre.
Je murmurais :
"Mélide"

Elle me sourit. Un flot de souvenir refluait maintenant. Elle habitait le pommier centenaire du pré tout près de chez moi. J'y avais passé des heures étant enfant, et ensuite adolescent. Ce pommier était mon refuge, ma forteresse. J'aimais m'y rendre lorsque je me sentais mal, ou alors simplement lorsque je voulais être seul. Plus tard, j'y allais également pour la voir. Je me rappelai avec nostalgie notre première rencontre. Un jour, je devais avoir 9 ou 10 ans, où mon père m'avait puni. Je m'y étais réfugié en pleurant et elle m'était apparue, m'avait consolé.
Elle avait ensuite été ma compagne toutes ces années, m'avait vu grandir. Plus tard, nous nous étions aimés. Passionément. Hélas, je dus quitter le domicile familial, à regrets il faut dire. Elle ne pouvait pas s'éloigner de son arbre. Mes sens se souvenaient encore de notre dernière étreinte.

"Que regardes-tu?"

Elle me tira brusquement de mes pensées en répétant à nouveau sa question. Je jetais un oeil vers la minuscule fenêtre par laquelle mon esprit s'était envolé un peu plus tôt. Que regardais-je exactement? Je fis un pas de côté pour lui permettre de voir avec moi. Le paysage avait changé. Un grand pré s'étendait maintenant à perte de vue, avec en son centre, un pommier centenaire. Elle était revenue, à mes côtés.

13 mai 2009

Peurs.

Billet...

*

Je viens de l'avoir au téléphone. Je lui ai annoncé, je ne voulais pas qu'elle l'apprenne par quelqu'un d'autre. On a tant partagé ici à deux, je lui devais ça, je me le devais. Depuis ce matin, j'ai une boule au creux de l'estomac, et je sens qu'elle va tout doucement remonter, jusqu'à ce soir, quand on se verra.
Je l'ai eue au téléphone, et j'ai senti sa déception. Elle ne comprend pas. La boule est montée d'un cran. Si elle ne comprend pas, comment cela se passera-t-il avec les autres? Elle ne m'a fait aucun reproche, non, rien, mais elle a écourté la conversation. Deux minutes tout au plus. Elle était pressée, mais ce n'était qu'une excuse.

Et depuis, j'en tremblerais presque. Comment ce sera ce soir? Je n'ai pas tenu, tu es au courant, en gros. Je n'ai pas tenu, c'est trop gros pour moi. Je me vois déjà ce soir, j'imagine le regard que nous échangerons. Tu sais, et ça se verra dans tes yeux. Comme une lueur de complicité, voilée malgré tout par ton incompréhension, peut-être la déception. Je ne t'ai pas encore expliqué, et même lorsque ce sera fait, je ne sais pas si tu comprendras bien. J'imagine ton regard, et je sais qu'à ce moment-là, la boule sera énorme dans ma gorge. J'ai déjà peur.
Je vous quitte. N'allez pas croire, ce n'est pas vraiment de gaieté de cœur, je sens déjà que, tous, vous me manquerez. Énormément. C'est ça qui me fait peur. Et en même temps, il le faut. Je vous quitte, mais je ne vous abandonne pas. Je vais là où on m'envoie, même si on m'y envoie parce que je me suis montrée prête pour. Je vous quitte, parce qu'avec vous, même si je vous aime, je ne peux pas rester.