24 décembre 2010

Date anniversaire

Ca faisait longtemps que je n'avais plus publié un billet...

*

C'est étrange. C'est la première fois cette année que j'ai laissé passer la date.
Pas que j'aie complètement oublié, ça, c'est impossible. Je pense tous les jours à toi, et je doute que ça change un jour.
Mais le jour anniversaire, les autres années, il valait mieux ne pas m'approcher. La mélancolie était tellement forte que ma compagnie était insupportable. Incapable de sourire, incapable de tenir une conversation.

Cette année, ça a été différent... C'est ce jour-là qu'on a appris que c'était un garçon.

Au lieu de penser au passé, on s'est tous tournés vers l'avenir. Et ce n'est que le lendemain que j'ai remarqué. La date était passée.
Tu es toujours dans nos cœurs, dans mon cœur. Et la douleur de ta perte brutale le sera toujours également. Mais la nouvelle génération arrive. Si tu avais encore été là, tu aurais été heureux d'apprendre qu'il y a enfin un garçon dans la famille : ton arrière-petit-fils.

Il s'appellera Antoine.

20 décembre 2010

(Dés)attirance physique

Pour la 100ème du jeu d'écriture, voici le thème qui a été donné : soit « Il y a cent ans, en 1910 », soit « Dans cent ans, en 2110 ». De plus, impérativement inclure dans le texte les quatre homonymes de cent suivants : , sans, s'en, sang et sens ou sent (du verbe sentir).

*

Sans se soucier des regards acérés sur son physique assez particulier, Sacha décide aujourd'hui, chose rare, de se promener dans la Cité.
Son corps longiligne attire bien sûr les yeux des passants, tous ronds et bedonnants. Cette minceur est depuis longtemps passée de mode, qu'ose Sacha à s'attifer comme ça ? Ç'aurait été trop d'effort que d'utiliser l'illusiomètre, si elle ne sait atteindre le poids idéal grâce à un régime approprié ou une intervention adaptée ?

S'en soucier, Sacha ? Quelle idée. Elle s'en fiche de ces canons de beauté qui vantent ces vêtements super moulants assurant qu'affirmer aussi bien ses formes les rendra séduisantes à souhait.
Sacha, elle ne veut pas de tout cela. On critique son corps et ses manières d'être semblables à celles du siècle dernier. On la traite d'illuminée. Elle se rassure en pensant qu'elle n'est pas influencée par les médias. Les standards ont changé en cent ans. En 2010, toutes les femmes auraient rêvé d'avoir son corps. Elle ne l'a pas demandé, c'est le sien. Elle ne veut pas en changer.
Qui sait si dans cent ans, ou voire avant, les esprits n'auront pas à nouveau décidé que la beauté est la minceur ?

Sent-elle qu'on l'observe ? Se sent-elle en sécurité dans cette Cité qui lui est hostile par son simple physique ?
Sans doute pas. Mais ces caméras l'épient, ces gens suivent tous ses gestes. S'être risquée dehors aura peut-être mené à sa perte. Elle se retourne, sentant que quelque chose ne va pas. Sentiment d'être observée.

Sang. Une piqûre, minuscule au creux de son cou, laisse perler une goutte écarlate, éclat sombre brillant un instant avant de faner sur ses habits. Ça la démange, puis une sensation bizarre l'envahit. Elle se sent glisser dans l'inconscience.

Soudain, deux silhouettes sortent de l'ombre et s'emparent d'elle. Dans cinq ou six semaines, elle réapparaîtra, mais cette fois avec un physique aux normes...

29 novembre 2010

Lever de soleil

Il y a une semaine ou deux, avant que le temps ne commence à virer et que le froid indique qu'il avait l'intention d'installer ses quartiers d'hiver dans le coin, j'ai réussi à choper un dernier lever de soleil. Le soleil luttait...
Le froid a gagné. Il se lève maintenant trop tard pour que je puisse le prendre en photo avant de partir travailler.


*



22 novembre 2010

Idéal

Les consignes étaient : écrire un texte qui commence et termine par exactement le même mot, sans qu'il apparaisse ailleurs dans le texte.
Et un aveugle devait figurer dans le texte, sans que ce soit obligatoirement le personnage central.


*

Parfaite. C'était comme cela, ni plus ni moins, qu'il voulait qu'elle soit.
Et c'était somme toute normal, vu qu'il l'était, lui. Personne ne l'égalait, il le savait.
Mais il avait eu beau chercher, nulle part il ne l'avait trouvée. Dans chaque femme croisée, étudiée, il trouvait un horrible défaut qui la rendait indigne de lui. Il avait essayé, persévéré pourtant.

Puis un jour, il avait eu l'idée. Puisqu'aucune femme ne lui correspondrait jamais, il allait la créer. Leur montrer, à toutes ces femelles, ce à quoi elles devaient tendre, quel devrait être leur modèle. Il n'avait pas l'espoir que l'une d'elles y parvienne, mais au moins, il aurait le plaisir de contempler ce qu'était le réel désir de ses yeux et de son esprit.

Il s'attela à la tâche avec joie et enthousiasme. À force d'étude et d'observation critiques des femmes, il savait également quelles étaient les qualités précises qu'il désirait trouver chez elle.

Il commença par choisir le matériau. Il lui fallait quelque chose qui soit digne d'elle. Il choisit le marbre le plus fin, le plus pur, qui représenterait sa peau douce et lisse.

Le travail fut long et laborieux, les détails soignés à l'extrême. La forme de son visage demanda déjà un travail important. Il devait être fin, régulier. La rondeur du menton et du front s'équilibrer, lui assurant stabilité de caractère et esprit vif. Aucun angle ne devait perturber cette harmonie.

Il lui fit un nez fin en arête, pour l'imagination et la joie de vivre, de grands yeux en amande, pour la sensibilité et les émotions, une bouche souriante et charnue, pour la sensualité et la gentillesse. Il poussa le détail à l'extrême dessinant de légères fossettes illuminant encore son doux sourire. Ses cheveux demandèrent également un travail de longue haleine, il ne voulait pas risquer qu'un seul soit rebelle. Il les voulait lisse, arrivant au niveau des omoplates.

Le reste du corps reçut un soin tout aussi minutieux. Les muscles gracieux de son cou laissaient place à une clavicule apparaissant à peine, donnant envie de se lover dans le creux formé.

Les heures passées à détailler chaque courbe, à faire apparaitre des formes faisant pâlir d'envie Vénus même, il ne put les compter tant elles furent nombreuses. Il y passa plusieurs années de sa vie, sans que jamais il ne s'ennuie ou ne songe même à abandonner une tâche aussi fastidieuse.

Et vint le jour où elle fut prête. Il ne cessait de la contempler, tant elle était belle. Il en fut immédiatement, et irrémédiablement, amoureux. Il passa ensuite des jours, des semaines à la regarder, à espérer de tout son être que la vie lui soit donnée.

Les dieux entendirent, et, pris de pitié et de fascination devant son œuvre, exaucèrent sa prière. Un matin, en se réveillant, il ne la trouva pas sur son socle. La vive inquiétude ressentie ne fut que de courte durée, elle se trouvait non loin, désorientée. Il se précipita vers elle, ivre de joie et remerciant tous les dieux de leur bonté.

Lorsqu'elle leva la tête vers lui, il se figea. Et comprit son erreur. Il ne pouvait prétendre à l'excellence des dieux, il payerait sa présomption. Et il avait négligé un détail. Le marbre est aveugle. Elle était telle qu'il l'avait voulue, mais elle n'était pas celle qu'il imaginait. Elle n'était pas parfaite.

20 novembre 2010

Vacances en Croatie

Oui oui, je sais, j'ai une notion du temps étrange. Je promets demain et il se passe trois jours.
J'avais dis que je posterais quelques photos de vacances, voilà chose faite.


*







Rien que pour vous faire râler, la vue du balcon de notre appart'...

23 octobre 2010

Elle chante

Un texte qui a été publié dans le Pr'Ose n°15.
Maintenant que le n°16 est sorti, je vous le livre ici.


*

Elle a décidé d'être heureuse, elle chante.
Pas particulièrement bien, pas particulièrement mal. Sa voix n'est pas exceptionnelle, mais pas désagréable. Elle chante.

Elle chante parce qu'elle aime, elle chante parce qu'elle vit, pour se distraire aussi... Elle chante sa vie, simplement.

Chanter la met de bonne humeur. Ça la fait pleurer aussi, parfois, mais pour aller mieux ensuite. Elle connaît les chansons qui guérissent.

Elle chante partout, tout le temps. Dans sa maison, dans sa voiture, dans la rue. Pas sous la douche. Elle a essayé, une fois, mais a bu la tasse et a avalé du savon. Ça n'a pas bon goût.
Elle fredonne, seule au bureau.

Un avantage, elle chante juste. Parfois, elle se plait à chanter faux, exprès, à tue-tête, juste pour le plaisir. En chœur avec la radio, sur une chanson dont elle ne connait pas les paroles. Elle fausse les notes et danse en rythme. Elle passe le temps dans les bouchons, il n'y a pas mieux pour lui redonner le sourire.

Mais tout ça, personne ne le sait. Elle ne veut pas qu'on l'entende. Elle baisse la voix lorsqu'elle croise un passant, ou qu'un collègue approche de son bureau.

Et puis un jour, il l'a entendue. Elle ne l'avait pas vu. Il est resté à l'écouter, plusieurs minutes durant, elle concentrée sur sa tâche tout en dansant et chantant.
Lorsqu'elle s'est retournée et l'a vu, elle n'a pu que sursauter, et finalement rire d'elle, rougissante. Il a été charmé.
Il lui a fallu du temps pour la convaincre de chanter à nouveau, pour lui. Rien que pour lui. Pour les autres, elle n'y arrive pas. Mais il a été patient.

On dit que maintenant, elle chante de très belles berceuses...

14 octobre 2010

Macros

Puisqu'apparemment Luna met du temps à faire voir ses photos, j'en profite pour en publier quelques unes.
Fleurs et bébêtes prises sans zoom et avec de la chance.
Trois datent d'une sortie récente au parc, les autres de mes vacances en Croatie (mais je vous en montrerai plus une autre fois ça).
Aucune retouche.








Et une spéciale dédicace à Luna (j'ai pensé à toi en prenant celle-là, elle a été prise en Croatie) :

2 octobre 2010

Inventaire

Inventaire du kit anti-froid contenu dans le coffre d'Evinrude (faut ensuite compter que j'ai un kit de survie alimentaire, vestimentaire, euh... oui, je peux vivre dedans, mais c'est pas la question).

*

Dans ma voiture à moi
Il y a :

Des mitaines
Une écharpe en laine
Longue de trois mètres
Et des guêtres

Des lunettes de soleil
Un bandeau pour les oreilles
Un poncho à capuchon
Un bonnet et un manchon

D'autres mitaines
Pas vilaines
Que je superpose
Et un foulard rose

Oui, on sent l'hiver
Et avec tout ça
Je n'aurai pas froid
Enfin, j'espère...

27 septembre 2010

Moïra

Texte participant au jeu de cette semaine, au double thème : pleine lune et révolte.
Je vous mets le texte avec fin améliorée, pas exactement celui qui a participé donc.


*

Je suis une ombre.

Vous ne me voyez pas, ne m'entendez pas. Invisible.
Dressée depuis ma naissance, un oracle avait prédit mes capacités hors du commun, j'effectue tout le sale boulot pour eux. Aucun indice, aucune trace, à peine le temps de se rendre compte qu'ils sont morts... s'ils s'en rendent comptent. Il y a peut-être un paquet de fantômes par ma faute. Je n'en ai cure, je ne les vois pas plus que vous ne me voyez.

Je suis aveugle.

Jamais je n'ai été découverte. Je les sens venir, bien avant vous. Mes sens en éveil, je me cache. Une pauvre aveugle dans la foule d'inconnus dans la rue. Car il fallait un public pour ces meurtres. Une preuve de leur assassinat.
Mes patrons pouvaient ensuite toucher le pactole. Je n'ai jamais connu les conditions de gains. Seulement celles d'exécution. Et pour celles-là, j'excelle.

Je suis l'Exécutrice.

Mais pas seulement. Un pouvoir ancien coule en moi. Certains disent qu'il s'agit de celui du loup, mais il n'en est rien.
La lune ne m'affecte pas comme eux, mon apparence ne change pas. Aveugle je suis, et toujours je le resterai. Même si je vous vois, je vous sens, vous entends respirer. Je sens la peur, l'espoir en vous. Vos sentiments sont miens.

Je suis Moïra.

Ils m'ont enfermée. Je devenais trop dangereuse, leur échappais. J'ai fini par comprendre. Ce qu'ils voulaient, ce qu'ils demandaient. Une conscience.
Je leur ai dit de ne plus faire appel à moi. Je ne voulais plus avoir les mains tachées de sang innocent. Ce sang dont je ne connais que trop l'odeur. Les odeurs, toutes celles des morts. Toutes différentes.
Je leur ai résisté, mais ils connaissent la moindre de mes faiblesses. Isolée, dans un environnement sec. Sans pouvoirs.

Je suis maîtresse de l'eau.

Ils n'avaient pas prévu. À la pleine lune, mes pouvoirs décuplent. Je m'étais bien gardée de le leur dire.
Ces nuits-là, je peux maîtriser l'eau contenue dans le corps humain. Le sang. Lorsque le garde est passé, je l'ai forcé à m'ouvrir. De lui, il ne reste maintenant qu'un petit tas d'os blanchis, bouillis, et quelques traces au sol. Évaporé.
Pas de preuves. Ils ne me retrouveront pas.

Je suis libre.

*

NB : Moïra existe déjà (sans les pouvoirs sur l'eau), vous risquez de la rencontrer à nouveau lorsque j'arriverai à mettre correctement ses aventures par écrit.

13 septembre 2010

Dans la classe

Thème du JPH : la rentrée.
Une silhouette devait apparaître à une fenêtre.


*

"Tu me fais tourner la tête
Mon manège à moi c'est toi
Je suis toujours à la fête
Lalalalalalala..."


Youpi, septembre est arrivé ! Si si, je le sais, même d'où je suis. J'ai été bien rangée, près de la fenêtre, et j'ai vu la prof passer dans la classe et changer le calendrier.
Ce qui signifie... je vais enfin sortir de là ! Après deux mois d'inactivité, d'immobilité, quel soulagement. Et si je sors de là... je vais LE revoir ! Oh joie !

Qui ça? Mais voyons, c'est évident! Le taille-crayon! Je suis folle de lui, il a un charme... magnétique.
Je sais qu'il fait tourner la tête des autres également, mais j'ose espérer que c'est moi qui ai accroché son regard. Ma belle robe rouge me sied fort bien, et c'est une couleur attirante. Et c'est la couleur de l'amour Pas comme la jaune, là plus loin. Elle a trompé tous ses petits copains, sans exception... Et la verte peut toujours espérer, mais le taille-crayon, il est à moi ! Qu'elle aille tenter sa chance avec le compas.

Aah, les cris des enfants rentrant dans la classe pour la première fois. Mais... que se passe-t-il? Pourquoi nous enferme-t-on?

"Plus de coloriages pour cette année les enfants, vous pouvez ranger vos crayons de couleur et sortir un cahier et un stylo-plume, ça vous sera plus utile."

7 septembre 2010

Après moi...

Poème inspiré par la simple lecture d'une phrase connue :
"Après moi, le déluge".
Mes accès poétiques sont incontrôlables et incompréhensibles. Y a sûrement à améliorer, c'est un premier jet.


*

Il n'est pas dit
Qu'à la fin de ma vie
Les étoiles s'éteindront
Et les planètes tomberont

Je n'ai pas cet orgueil
De croire qu'à ma mort
L'humanité en deuil
Gémira sur son sort

Je le sais, il n'en sera rien
Mais j'ose espérer
Qu'il se trouvera quelqu'un
Pour me pleurer

25 août 2010

Beloeil

Je suis allée à la Nuit Musicale de Beloeil cette année. Un spectacle magnifique, et pareil pour la musique (les meilleurs morceaux de Tchaïkovsky et le Carnaval des Animaux étaient joués en plus ! Tout pour me plaire).

Mais une autre chose qui est à ne pas manquer, c'est le décor : le parc du château de Beloeil. Car oui, tout se joue en plein air. Les organisateurs ont vraiment l'art de mettre le château et ses environs en valeur.

Tenez, quelques photos.







23 août 2010

Cauchemar

Premier des trois jeux de l'été, à écrire pendant les vacances (ça tombe bien, c'est là que j'avais disparu).
Il fallait écrire un texte à partir de cette ***photo***.


*

Les seuls souvenirs qu'il gardait ressemblaient à ceux d'un rêve. Un très, très mauvais rêve. Et le pire, c'est que tout cela était réel. Il avait encore du mal à l'admettre, mais quelque part, dans le fond de sa conscience, quelque chose savait déjà que ces moments hanteraient ses nuits, et qu'il se réveillerait souvent, en sueur... pour se rendre compte que tout était réel.

Il n'avait plus dormi depuis quelques jours. Trop récent. Dès qu'il fermait les yeux, il revoyait tout, revivait tout. À un détail près. Il revoyait la scène comme s'il en était un simple spectateur. Il se voyait, lui, et son père à ses côtés, tous deux face au médecin.

Le médecin... le médecin et son air compatissant. Peu importe son empathie, c'était un professionnel, ce n'était pas la première fois, ce ne serait pas la dernière. Ses paroles manquaient cruellement de sincérité. Ses explications, ses excuses, c'était trop, ou trop peu pour le petit garçon qu'il était. Trop dur à supporter. Trop insuffisant.

Sa réaction ensuite. Une réaction normale pour un enfant de dix ans, la plus saine et la plus logique possible : il avait nié, crié sur le médecin, et s'était enfui à toutes jambes. Le couloir mal éclairé et la lumière crue de la fenêtre, le bruit de ses pas qui résonnaient, c'était trop stéréotypé pour être vrai. Et pourtant. Des années durant, sa course effrénée dans le couloir troublerait ses rêves, une course qui ne prendrait jamais fin, où il n'atteindrait jamais la lumière réconfortante de la fenêtre et la vue plongeante qu'elle offrait sur la ville, si paisible, ignorante du drame qui venait de se jouer pour lui.

Cette scène, il savait déjà qu'il ne l'oublierait pas. Pas plus que le visage ensanglanté de sa mère dans ce lit, les yeux exorbités regardant fixement le plafond. Des yeux que le médecin a dû fermer lui-même, pour qu'ils ne s'ouvrent plus jamais...

14 juillet 2010

Et ils vécurent heureux... ou pas - 2

Un autre?

*

La Belle et la Bête

Quelques secondes... il n'avait fallu que quelques secondes de plus, de trop.
Elle ne put que croiser une dernière fois le regard de la Bête, y lire tout son amour, avant qu'il ne s'effondre. La Belle se rua à ses côtés, prenant son visage entre ses mains, la priant de vivre. Elle se mit à sangloter, lui murmurant son amour, désespérée.
Cet aveu était tout ce qu'il fallait pour que le charme se rompe. Effrayée, étonnée, elle vit le château se parer de lumière, les domestiques redevenir humains, la Bête reprendre forme humaine également. Et quel humain ! Jamais elle n'en avait vu de si beau.
Mais il resta immobile. La Belle s'approcha de lui, mais se rendit bien vite compte que jamais il ne se relèverait.
La rose s'était fanée quelques secondes avant sa déclaration.

9 juillet 2010

Et ils vécurent heureux... ou pas - 1

Début d'une série, si ça vous plaît : les fins de contes revisités, sauce noire.
On commence avec Cendrillon, ça vous va ?


*

Cendrillon

Elle aurait dû cacher son bonheur. La marâtre ne s'était pas laissé duper. Cet air absent, ce doux sourire sur les lèvres de sa belle-fille, alors même qu'elle n'avait pu se rendre au bal, si cher à son cœur, elle en avait deviné la signification.
Elle savait pertinemment qu'aucune de ses filles ne rentrerait son pied dans la pantoufle minuscule.
Mais elle savait tout aussi bien que les pieds difformes de Cendrillon, brisés à la suite de nombreux coups, ne pourraient pas plus y rentrer...

21 juin 2010

Complètement perdus

Un jeu, encore.
Il fallait écrire un texte entièrement sous forme de dialogue, sur le thème des retrouvailles.


*

- Oh !
- AaaAaHhHHhh ! ... Pardon. Bonjour !
- Hum... euh... bonjour. Votre visage m'est familier, on se connaît non?
- Eh bien, tu... vous – oh, on peut se tutoyer hein? Merci – tu dois le savoir mieux que moi, mais je crois bien que oui. Ça fait longtemps, et question mémoire, je suis pire qu'un poisson rouge.
- Elle n'a donc pas retrouvé la mémoire... ça en devient inquiétant.
- En effet...
- Et où étais-tu passé?
- Tu vas rire... je n'en ai pas la moindre idée ! Amusant non? Mais bon, avec le sens de l'orientation non plus ça n'a jamais été l'entente...
- Oui, jamais à vous envoyer des roses, mais plutôt les pots.
- Héhé... tu sembles t'être amélioré avec la répartie !
- C'est que ça s'est fameusement vidé ces derniers temps, il était un des seuls à être resté.
- Elle a perdu tant que ça?
- Et plus encore, tu n'imagines pas.
- Heureusement que je suis revenu, ça devait être triste dans le coin.
- Merci de le rappeler.
- Elle garde l'équilibre au moins?
- Bah, elle le perds de temps en temps, ça nous a valu quelques belles chutes, mais elle le retrouve toujours assez vite, ça va de ce côté là.
- Chouette, ça fait montagnes russes alors...
- Mouais... khof khof.
- Tu tousses?
- Toujours pas la santé non.
- Rien à voir avec ça, désolé.
- J'espère qu'elle reviendra vite...
- De même... mais au fait, qui es-tu? À défaut de savoir exactement qui je suis, j'aimerais savoir à qui je parle...
- Moi? Je suis la raison voyons, qu'heureusement elle n'a jamais perdu. C'en aurait été fini d'elle autrement.
- Es-tu sûr d'avoir raison, la Raison? Elle n'aurait peut-être pas perdu sa joie de vivre si elle avait su faire abstraction de toi.
- Tu veux qu'en plus de tout elle ait fini à l'asile? La pauvre... Elle a perdu la motivation, la confiance en soi, le sommeil, l'appétit... grâce à moi, elle a gardé l'espoir.
- Aucun de ceux-là n'a été retrouvé?
- Non... Elle n'est pas loin de perdre le nord.
- Et l'amour?
- Aucune trace de lui.
- Zut... bah, en fait, c'est ptêt pas une mauvaise chose qu'elle perde le nord alors, qui sait, l'amour, elle le retrouvera peut-être au sud ! Mouahaha !
- C'est cela oui... Mais, j'y suis ! Avec tout ça, elle avait perdu son brin de folie. Bon retour parmi nous, canaille. Je suis sûr qu'avec toi elle finira par se sentir mieux, et qui sait, peut-être allons-nous bientôt retrouver la bonne humeur, vous vous entendiez si bien...

7 juin 2010

Pierrot

Consigne : raconter une histoire du point de vue d'un enfant de maximum huit ans.

*

J'ai joué toute la journée avec Jeanne. Jeanne c'est ma grande sœur, la celle qu'est là-bas. Il faisait froid dehors aujourd'hui, plus froid que les autres jours. Alors les parents ils ont pas voulu qu'on sorte. On a joué à cache-cache, mais c'est pas facile parce que les meilleures cachettes, on a pas le droit d'y aller. C'est pas bien d'entrer chez les gens.

C'est long toute une journée, surtout qu'on a pas le droit d'aller là où y a du tapis sur le sol, il paraît que c'est les parties pour les riches. On est pas riches nous.

Après déjeuner, ou alors après la sieste, je sais plus, on a voulu chasser les rats. On m'a dit qu'y en a toujours, mais nous, on en a pas trouvé. Si y en a, ils sont bien cachés.

C'était pas bon le repas ce soir. Pas de viande, et les légumes, ils étaient pas frais. Puis en fait j'aime pas les légumes. Et après papa et maman ils ont demandé qu'on aille dormir.
C'est là que ça n'a plus été normal.
Tout a bougé – je suis presque tombé du lit – et beaucoup de bruit. Papa et maman nous ont réveillés, et ils nous ont dit de mettre des vêtements chauds. On a pas compris, on voulait dormir nous, il était tard, mais on a obéit.

Dans le couloir, des gens couraient tout partout. On s'est fait bousculer, on a perdu papa et maman de vue. On nous a dit qu'il fallait monter et qu'on les retrouverait là-bas.
Mais en haut des escaliers, juste avant là où il y a du tapis au sol, on avait fermé des grilles pour pas qu'on passe. J'avais même pas vu qu'il y avait des grilles.
Un monsieur très gentil nous a dit de le suivre, qu'il savait comment on pouvait monter. Comme c'était de l'autre côté qu'on retrouverait nos parents, on l'a suivi, on avait peur.

Je sais pas par où on est passé, il nous a fait grimper une échelle, vous savez, ces barres en métal qui dépassent des murs. C'est plus dur à monter que je pensais, mais on y est arrivés.

Là, il y avait encore plus de monde que d'où on venait. Des gens, partout, on nous poussait. Je serrais très fort la main de Jeanne, je voulais surtout pas la perdre. On est allés dans le même sens que les autres, c'est sûrement là qu'ils étaient.
C'est joli par là, on avait pas pu y aller avant. Y avait même des gens qui jouaient de la musique.

Et puis, tout est allé très vite. Un monsieur nous a pris, Jeanne et moi, et nous a déposé dans une petite barque. On voulait pas, on voulait voir papa et maman nous. Puis le monsieur, il a embrassé une dame avec un gros ventre qui était là aussi, comme papa et maman ils s'embrassent quand ils pensent qu'on voit pas, et il est ressorti. Faut dire qu'on était serrés, il aurait pas pu s'asseoir, il y avait plus de place. Avant qu'on ait pu rouspéter, le canot est descendu dans l'eau.

Partout sur l'eau, j'ai vu des barques comme la nôtre, plein de gens. On avait froid, très froid, heureusement qu'on était beaucoup, on se tenait un peu chaud serrés tous ensemble.

Je voyais les étoiles et la mer, j'étais pas assis dans le bon sens. Mais quand je me suis retourné pour voir, le gros bateau dans lequel on était, il allait dans le fond de l'eau. Des gens criaient partout, je sais pas pourquoi, ça m'a fait pleurer.

Puis vous êtes arrivés et vous nous avez pris sur ce bateau, et c'est là que vous nous avez montré le gros glaçon.

Dites monsieur, ils sont où mon papa et ma maman?

24 mai 2010

Photos souvenir.

Thème du JPH : écrire un texte comportant obligatoirement les sept éléments suivants, à utiliser à notre guise : demain, le goût du café, une petite robe de coton, une odeur de brûlé, un air de musique, une tache rouge, une intuition.

*

J'ai retrouvé les photos. Je les avais prises pour toi tu sais.

On devait se voir le lendemain.
J'avais été me promener le long du canal, juste là, où nous avions tant partagé. Le sol était couvert de feuilles mortes, mais j'avais l'impression de voir le film de nos souvenirs devant mes yeux : nos batailles de neige, mes cheveux qui avaient gelés, nos corps transis de froid... et toi qui m'avais prise dans tes bras.
J'ai pris des photos de ces endroits, qui ressemblent à n'importe quel autre au bord de l'eau, mais qui avaient tant de signification pour nous, et que tu n'avais plus vu depuis si longtemps... ton déménagement, en fait.

J'avais hâte de te revoir. Excitée comme je l'étais, j'avais préparé mes vêtements la veille : ma petite robe rouge en coton, qui s'arrêtait au niveau du genou. Je me rappelais que tu m'avais dit que j'étais jolie dans cette robe. Et je voulais l'être, pour toi.

Ce matin-là, je me suis réveillée avec une drôle de sensation. Quelque chose n'était pas normal, mais je n'arrivais pas à mettre la main dessus. Mon estomac noué, c'était sûrement la nervosité à l'idée de te revoir.
Une odeur de brûlé m'avait tirée de ma rêverie. Le café. Tant pis, il fallait que j'avale quelque chose malgré tout, je l'ai bu.

Dans le train qui m'amenait jusque chez toi, je n'ai pas cessé de vider et remplir mon sac. Vérifier son contenu : les photos que je comptais t'offrir, ainsi que ce livre dont je t'avais parlé au téléphone et qui semblait t'intéresser. Mon appareil photo, surtout ne pas l'oublier, pour garder des souvenirs de ce jour.

À la gare, je savais exactement quoi faire. Sortir du côté des guichets et t'attendre près du parking motos. Je ne sais même plus combien de temps j'ai attendu. La musique jouée dans la salle des pas-perdus, encore à portée d'oreille, me rendait folle. Et ce nœud dans mon ventre, était-ce le café brûlé que je ne digérait pas? J'en avais toujours le goût âcre, dérangeant en bouche.

N'y tenant plus, j'ai trouvé un plan de la ville et marché jusque chez toi. Heureusement que ce n'était pas trop loin, mes sandalettes n'étaient pas destinées à une longue marche à pied.

C'est en voyant les traces sur la rue devant ton immeuble que mon malaise s'est accentué, et que j'ai commencé à comprendre que quelque chose n'allait pas.
Traces de freins, débris de voiture et de moto mélangés, sang. Beaucoup de sang. Le concierge a été très gentil, il m'a indiqué dans quel hôpital avait été emmené le motard accidenté, et il m'y a conduite.
Je suis arrivée trop tard, et je n'ai même pas pu te dire au revoir. Qui étais-je, en réalité? Seule la famille avait le droit d'approcher le corps.

J'ai retrouvé les photos. Je n'ai pas eu le courage d'aller à ton enterrement. Je ne connaissais personne hormis tes parents. Et ils n'auraient pas compris je pense. Alors je les ai rangées, dans le fond d'une boîte, là où j'espère ne jamais les retrouver.

1 mai 2010

Tulipes

Ca fait un bail que je n'ai plus mis de photos, et pourtant j'en ai prises de très belles il y a peu. Des tulipes et du soleil, on voit que c'est le printemps...









26 avril 2010

À toute vapeur.

Le but : écrire un texte, impérativement à la troisième personne du singulier sur le thème «Le pays où l’on n'arrive jamais. »

*

Le voilà entraîné en pleine mer ; où il faudrait les aptitudes d'un poisson, il apporte les instincts d'un oiseau ; il aime à vivre dans l'espace, dans les régions idéales où l'on ne va plus, au pays des rêves, d'où l'on ne revient guère.

Thomas se penche, appuyé contre la rambarde du navire, tentant vainement d'apercevoir le quai qui s'éloigne ou la mer à travers la vapeur épaisse. Il soupire. Il n'a jamais aimé les transports en bateau, leur préférant de loin les voyages en tube pneumatique. Ou mieux encore, ne pas voyager, rester dans son petit cottage, avec pour compagnie sa douce Elinor.

Il n'aime pas la foule et les mondanités. Le pire étant pour lui la Saison, cette orgie de bals et de faux-semblants. Il préfère de loin le charme calme des paysages lunaires. Heureusement, la Lune est délaissée de la foule et de la bonne société depuis longtemps déjà. Cette situation lui convient très bien.

Il repense aux événements qui l'ont entraîné dans cette aventure, à revenir sur Terre. Le phototélégramme le conviant, lui, Thomas Brandon, ingénieur respecté et distingué par la Reine elle-même, à se joindre à cette expédition, a capturé son attention.
Comment était-ce possible, en cette époque où les explorateurs s'aventuraient hors du Système, d'avoir encore à découvrir quelque chose sur Terre? Il n'en avait pas plus fallu pour qu'il apprête sa spatiocalèche à vapeur pour rencontrer le commanditaire, Sir Eliott, de ce voyage.

Thomas se force à réfléchir, pour oublier le roulis des vagues qui le rend malade. D'où Sir Eliott tient ces cartes mécanographiques, il ne le sait pas. Mais si elles sont exactes, les conséquences en seraient très importantes pour la facilitation du transport spatiaire. Il a hâte d'explorer cette petite île se situant au centre du triangle des Bermudes, endroit accessible – hélas – uniquement par bateau, les terres étant trop instables que pour y poser une Station Pneumatique.

Les semaines passent, lentement, trop au goût de Thomas. Ils devraient déjà avoir atteint leur destination. Les rumeurs qui circulent parmi l'équipage sont des plus étranges. Le passé de certains passagers serait obscur, en ce compris celui de Sir Eliott. Les murmures laissent entendre que ses cartes ont été acquises dans d'une manière bien peu catholique.
De plus... ses connaissances nautiques ne sont peut-être pas très développées, mais ils devraient déjà avoir atteint les Bermudes à ce jour. Le voyage s'est fait sans encombre, ils n'ont eu à essuyer aucune tempête.

Un jour où il déambule sans but près de la salle des machines, il croise Sir Eliott, qui ne le remarque pas. C'est alors qu'il assiste à une scène étrange : Sir Eliott sort un morceau de charbon de sa poche et le croque. À la forme de celles-ci, il vient de faire des réserves. La lumière se fait dans l'esprit de Thomas. Un automate.
Le lieu où ils se dirigent, il y repense, fut témoin d'une catastrophe il y a de ça vingt ans. Un tripode d'invasion s'y était abîmé, au soulagement des terriens, qui avaient été saufs de l'extermination prévue.
Le bruit avait couru que les envahisseurs avaient pu survivre, après tout, s'ils n'étaient pas humains, peut-être ne se noyaient-ils pas.

Sir Eliott, enfin, avait trouvé le génie qui l'aiderait à remettre ses amis en état de marche.

13 avril 2010

Valet de cœur

JPH 84 - ça faisait longtemps que je n'avais plus participé, manque de temps.
Consigne : Vous devrez écrire un texte dans lequel le narrateur est un valet de jeu de cartes. Il est enfermé dans une boîte. Un jour, on vient le délivrer. Votre texte devra obligatoirement être en prose.


*


Pfff, on est à l'étroit ici dedans... mais poussez-vous voyons, vous ne voyez pas que je n'ai pas de place ? Quoi le deux, tu oses te plaindre ? Je suis plus fort que toi je te signale !

Ah, enfin, de l'air frais ! Mais... eh oh, arrêtez de me secouer comme ça, je ne suis pas un prunier ! Arrêtez voyons ! J'ai le tournis, je vais être malade, ne me lancez pas en l'air comme ça, je vais me rompre le cou !

*

Qu'est-ce que je disais... complètement courbaturé que je suis ! Aïe... mais bouge un peu le dix ! Laisse-donc un peu de place à notre reine. Quelle idée il a eu aussi de nous ranger aussi. Une réussite, vraiment. Pardon, reine de mon cœur, ce fourbe de dix m'a intentionnellement bousculé pour que je tombe dans vos bras. Je ne vous importunerai plus, je vous le promets.

*

Ouille, un château de cartes maintenant, qu'est-ce qu'il ne faut pas imaginer ! Je hais ce propriétaire ! Où sont les batailles d'antan? Ah, que ne donnerais-je pour me retrouver à nouveau face à mon pire adversaire, le valet de pique. Et les batailles, parfois sanglantes auxquelles nous nous sommes livrés !
Après nous avoir construit en château, celui-ci n'a rien trouvé de mieux que nous écraser de la main !

*

Du mouvement, à nouveau... que va-t-il encore nous arriver?
Oh là, quel vent ! Quelle idée de nous sortir par ce temps ! Mais... je vole ! Nous nous envolons ! Vite, rattrapez-nous !

Trop tard, nous voilà propulsés dans un trou, de lapin probablement, sous un vieil arbre. Finir dévoré par les longues dents de ce rongeur, quelle horrible fin ! Si je pouvais sauver la reine de mon cœur...

Que se passe-t-il? Où est le sol? Je tombe... !

*

... coupe la tête !

Hein? Quoi? Qu'est-ce qui se passe? Où suis-je maintenant? Ah, une dame approche. Mais !

- Ma reine...

- Mon cher valet, je n'attendais plus que vous. Je sens que nous allons accomplir de grandes choses ici... J'ai entendu parler d'un chapelier, auriez-vous l'amabilité de me le quérir, une coiffe pour ma royale tête serait du plus bel effet.

- Assurément votre grâce, mais si par malheur il refuse?

- En ce cas, je lui ferai couper la tête !

Sauf s'il l'a déjà perdue...

23 mars 2010

Avec ou sans

Deuxième texte non retenu pour Pr'Ose.
Encore une idée qui me trottait dans la tête, merci Emma de m'avoir incitée à les coucher sur papier.


*

C'est drôle... je ne suis pas vraiment étonnée. Un peu comme si je l'avais toujours su, inconsciemment. Sans doute est-ce le cas. Sent-on ces choses-là ?

Certains détails en tout cas m'apparaissent plus clairement.
Adolescente, j'en étais convaincue, sans trop savoir pourquoi. Pourtant, ce n'est pas le genre de sujet auquel on pense à 16 ans et quelques. À cet âge, on a la vie devant soi, on s'amuse. L'avenir, on le garde pour plus tard.
Je m'étais raisonnée à l'époque, ces pensées n'avaient absolument aucun fondement, Il n'y avait aucune raison que je ne sois pas comme tout le monde. Ce n'était qu'une fantaisie de mon esprit, due à une lecture récente.

J'avais donc fait taire cette intuition. Mais un autre point me tracassait, outre mes douleurs, que je croyais normales. Je n'ai jamais réussi à savoir si je voulais avoir un enfant ou pas. Oh, la question était facilement réglée lorsqu'on me la posait. "C'est une décision qui se prend à deux, on verra ça avec le père lorsque je l'aurai trouvé." Facile.
Mais quoi? Je n'avais vraiment pas d'avis? Je connaissais le pour et le contre, bien évidemment. Je sais aussi que voir un bébé, ou un petit enfant, m'a toujours attendrie à un point inimaginable, la tendresse que ces petits êtres éveillent en moi. Heureusement que j'ai pu m'occuper de ma nièce régulièrement. Mais je ne me suis jamais approprié vraiment cette idée.

Tu vois, ce n'est pas grand chose, je sais, mais tout ça fait qu'en quelque sorte, j'étais préparée à l'annonce du médecin ce matin.

Pourtant... si tu savais comme je suis déçue. Avec toi, je m'étais mise à rêver de famille nombreuse...

Je suis désolée. Jamais je ne pourrais t'offrir cette petite fille qui aurait eu mon visage et tes yeux, comme tu l'aurais tant voulu. Jamais je ne pourrai connaître le bonheur de donner la vie. Ça fait mal d'y penser...

Mais, après tout, notre rêve de petite fille pourrait lui se concrétiser. Petite, j'imaginais mes poupées adopter un petit orphelin défavorisé. Ces poupées, ce pourraient être nous...
Après tout, s'il ne nous ressemble pas physiquement, quelle importance ? Nous pourrions l'élever, lui inculquer nos valeurs. Et son caractère serait à notre image, mélange de toi et moi. N'est-ce pas là le plus important ?

Quoi qu'il en soit, j'aimerais te dire à nouveau qu'avec ou sans enfant, il y a une chose que je sais avec certitude : c'est à tes côtés que je veux passer ma vie, et vieillir.

Je t'aime.

27 février 2010

Reflet

Une idée qui trottait dans ma tête depuis un moment. Je l'avais proposé à Pr'Ose, non retenue (au profit d'un autre texte).

*

Face au miroir, Mélanie hésite, doute.

Elle tourne la tête de tous côtés, s’observe. N’arrive pas à se décider.

- J’ai l’impression d’avoir une étrangère en face de moi, c’est perturbant… Non, ça n’ira pas non plus. Je ne me sentirais pas bien. Ce n’est plus moi en un sens…

L’autre comprend. Ce n’est rien, c'est son seul rendez-vous de l'après-midi, elles ont tout leur temps.

- L’important est que votre coupe vous convienne.

La patience est de mise aujourd’hui. Mélanie ne se savait pas si difficile, s’excuse.
Une autre couleur peut-être ?

- Pas blond non plus, ce serait trop… J’ai peur de trop de changement, qu’il ne me reconnaisse pas.
Soupir.

- J’aimerais que tout soit comme avant.

Elle a un sourire triste, bordé de rides trop tôt venues...

L’autre est un ange. Elle ne s’énerve pas, jamais. Tente de percer les pensées de Mélanie, de trouver ce qui lui conviendrait le mieux. Alors elles cherchent, encore, malgré l’heure qui tourne.

Et elles finissent par trouver. La couleur et la coupe sont parfaites. D’un châtain aux reflets cuivrés, légèrement bouclés. Mélanie passe une main dans la chevelure, s’observe encore.
La couleur des cheveux fait ressortir le vert de ses yeux, qui pétillent pour la première fois depuis longtemps. Les boucles, qui tombent délicatement dans son cou pour s’arrêter au niveau des omoplates, encadrent joliment son visage.

Les regards se croisent dans la glace, elles se sourient.

- J’ai… on dirait presque que j'ai rajeuni. Je portais une coupe semblable quand j’ai rencontré mon mari.

L’autre continue à sourire. Les mots ne veulent pas venir, bloqués par l’émotion qui noue sa gorge.

Les derniers détails sont réglés, et Mélanie est maintenant prête à sortir, à nouveau des cheveux sur la tête. Sur une chaise, un foulard, abandonné...

10 février 2010

C'est la vie

Ma participation à l'AT de Françoise Guérin (sur le site Mot Compte Double), en 1000 signes exactement titre et espaces compris, et un chat.

*

Elle a toujours aimé les animaux. Jamais une mouche écrasée, rien. Tout au plus saisissait-elle parfois une araignée par une patte, délicatement, pour la déposer au dehors, loin de la vue et des cris de sa mère.

Quand elle se promenait dans la rue, quand elle le pouvait encore, elle ne craignait pas les chiens en laisse, alors que certains changeaient de trottoir pour les éviter. Elle approchait, caressait. Même les plus féroces se laissaient amadouer par la fillette, charmeuse à sa manière.

Et surtout, elle aimait le chat de la maison. C’était elle qu’il préférait. Elle aimait le glissement de ses poils contre sa jambe, la chaleur qu’il dégageait lorsqu’il venait se coucher à ses côtés le soir dans son lit et qu’il faisait froid.

Il n’y a que par elle qu’il se laissait approcher le chat. Alors, c’est à elle qu’incomba la lourde tâche de l’attraper. Confiant, il comprit trop tard ce qui allait lui arriver.

Elle a toujours aimé les animaux. Mais ce soir, il fallait survivre.

*

Je suis cruelle, je sais.

6 janvier 2010

Un châle

"Je" est un autre... juste pour prévenir. J'aime simplement écrire comme ça.
Par contre j'en connais un qui va encore dire que je ne fais que parler chiffons...


*

Le facteur m'a fait une belle surprise ce matin. Il avait un colis pour moi. J'étais étonnée, je n'avais rien commandé, je n'attendais rien.

Ton paquet m'a fait très plaisir en même temps qu'il m'a intriguée. Que pouvais-tu bien m'avoir envoyé, en quel honneur, et surtout, qu'est-ce que ça pouvait bien être pour être aussi léger?
Tu imagines que j'ai réglé au plus vite les formalités avec le facteur. Je pense que jamais je n'ai fait une signature aussi illisible. Mais tant pis.

Par souci d'ordre (et probablement par masochisme aussi), j'ai tenu à ouvrir le carton correctement. Chercher les ouvertures, enlever tout le papier collant que tu avais mis autour, pour être sûre que personne ne l'ouvre en chemin... En même temps tu as raison, ils ne se gênent parfois pas de vérifier le contenu des paquets donc. En tout cas, je t'affirme que tu es très douée pour faire des emballages résistants.

Tu aurais dû voir ma tête quand j'ai découvert le châle. Je ne m'y attendais absolument pas, c'était une surprise totale.
Mais aussi, comment aurais-je pu deviner que rien qu'en t'ayant complimenté sur ton beau châle la dernière fois que nous nous sommes vues, tu allais décider de m'en crocheter un? Je sais le temps que ça te prend !
Et la couleur ! Tu me connais vraiment bien, framboise, c'était exactement ce qu'il me fallait ! Je l'ai directement mis d'ailleurs, il est si doux et si chaud.

Il fallait absolument que je te remercie immédiatement. J'ai donc directement attrapé mon téléphone et composé ton numéro.
Lorsque plus tard j'ai raccroché, j'étais beaucoup moins joyeuse. Tu venais d'avoir les résultats de l'hôpital pour tes yeux. C'est inopérable, d'ici quelques mois, tu seras aveugle. Ça m'a fait un choc.
Je regarde le châle, en pensant qu'il sera peut-être le dernier que tu auras pu faire. C'est idiot de penser à ça, mais c'est la seule manière dont j'arrive à me formuler la dure nouvelle que tu viens de m'annoncer.

Et surtout, je regarde les choses, les paysages, différemment maintenant. Comme ce soleil qui commence à se coucher. Le ciel est légèrement rosé, ça se mélange au bleu, c'est étrange. Et magnifique. Je m'imagine te le décrire. C'est ce que je ferai sous peu, je vais m'installer chez toi. Je te ferai aussi la lecture, tu aimes tant lire...

3 janvier 2010

Les boutons

Texte faisant partie de ma participation au Casse-tête du forum Place des Mots.

Texte libre... ou presque : rédiger un texte commençant par la phrase:" Et ce bouton, il sert à quoi ?"

J'ai un peu pété les plombs, pour changer...


*

- Et ce bouton, il sert à quoi ?
- Ah, celui-là, ça s'appelle un bouton de manchette. Les hommes portaient ça aux poignets de leurs chemises. C'était des vêtements pour le haut du corps, attends, je dois avoir un croquis quelque part...

Quel plaisir pour Alikéa de garder sa petite nièce pour l'après-midi. Cette dernière était curieuse de tout, et la collection de boutons de sa tante l'avait de suite captivée. Il faut dire qu'elle était impressionnante. Elle avait rangé son grenier en une sorte d'exposition de boutons. Et elle en avait de toutes les sortes, de toutes les époques... le travail de plusieurs dizaines d'années.

Les heures filaient imperceptiblement, la petite demandant des explications sur chaque nouveau bouton, comment il était porté.
Elle avait été fascinée par les boutons en nacre, de la même utilité que les normaux d'à côté, mais tellement plus jolis !

Les boutons d'acné l'avaient répugnée par contre. Quelle horreur ! Comment les "ados" de la préhistoire osaient-ils porter ça sur leur visage ? C'était tellement inesthétique !

Les boutons des machines de la même époque étaient étranges aussi. Un pour chaque fonction, incapables de fonctionner par télépathie. Comme c'était étrange !
Et ceux qui étaient placardés aux murs, assez moches par ailleurs, pour faire venir la lumière aussi...

Après avoir passé aussi les boutons des plantes, sans oublier les magnifiques "Boutons d'or" dont elle ne comprenait toujours pas le nom, la fillette fut attirée par une boîte étrange un peu à l'écart des autres. En soulevant le couvercle, elle vit un énorme bouton qui occupait toute la caisse.

- Et celui-là tati?

- Ah, celui-là, c'est une pièce unique. J'ai mis du temps à le trouver, tu peux me croire. C'est ce que les dirigeants appelaient le "bouton rouge". Un truc qui faisait peur à tout le monde. Apparemment, en appuyant dessus, ils pouvaient détruire l'humanité d'un coup, juste comme ça.

- Mais c'est pas possible ça !

- Je sais ma chérie, mais que veux-tu, ils y croyaient eux. Et ça leur faisait très peur.

- Et tu penses que ça ferait quoi si j'appuyais sur le bouton ?

- Rien sans doute. La vague menace que ça devait représenter n'existe plus, c'est beaucoup trop vieux. Vas-y si tu veux...

Et c'est comme ça que la race humaine disparut...