27 février 2010

Reflet

Une idée qui trottait dans ma tête depuis un moment. Je l'avais proposé à Pr'Ose, non retenue (au profit d'un autre texte).

*

Face au miroir, Mélanie hésite, doute.

Elle tourne la tête de tous côtés, s’observe. N’arrive pas à se décider.

- J’ai l’impression d’avoir une étrangère en face de moi, c’est perturbant… Non, ça n’ira pas non plus. Je ne me sentirais pas bien. Ce n’est plus moi en un sens…

L’autre comprend. Ce n’est rien, c'est son seul rendez-vous de l'après-midi, elles ont tout leur temps.

- L’important est que votre coupe vous convienne.

La patience est de mise aujourd’hui. Mélanie ne se savait pas si difficile, s’excuse.
Une autre couleur peut-être ?

- Pas blond non plus, ce serait trop… J’ai peur de trop de changement, qu’il ne me reconnaisse pas.
Soupir.

- J’aimerais que tout soit comme avant.

Elle a un sourire triste, bordé de rides trop tôt venues...

L’autre est un ange. Elle ne s’énerve pas, jamais. Tente de percer les pensées de Mélanie, de trouver ce qui lui conviendrait le mieux. Alors elles cherchent, encore, malgré l’heure qui tourne.

Et elles finissent par trouver. La couleur et la coupe sont parfaites. D’un châtain aux reflets cuivrés, légèrement bouclés. Mélanie passe une main dans la chevelure, s’observe encore.
La couleur des cheveux fait ressortir le vert de ses yeux, qui pétillent pour la première fois depuis longtemps. Les boucles, qui tombent délicatement dans son cou pour s’arrêter au niveau des omoplates, encadrent joliment son visage.

Les regards se croisent dans la glace, elles se sourient.

- J’ai… on dirait presque que j'ai rajeuni. Je portais une coupe semblable quand j’ai rencontré mon mari.

L’autre continue à sourire. Les mots ne veulent pas venir, bloqués par l’émotion qui noue sa gorge.

Les derniers détails sont réglés, et Mélanie est maintenant prête à sortir, à nouveau des cheveux sur la tête. Sur une chaise, un foulard, abandonné...

10 février 2010

C'est la vie

Ma participation à l'AT de Françoise Guérin (sur le site Mot Compte Double), en 1000 signes exactement titre et espaces compris, et un chat.

*

Elle a toujours aimé les animaux. Jamais une mouche écrasée, rien. Tout au plus saisissait-elle parfois une araignée par une patte, délicatement, pour la déposer au dehors, loin de la vue et des cris de sa mère.

Quand elle se promenait dans la rue, quand elle le pouvait encore, elle ne craignait pas les chiens en laisse, alors que certains changeaient de trottoir pour les éviter. Elle approchait, caressait. Même les plus féroces se laissaient amadouer par la fillette, charmeuse à sa manière.

Et surtout, elle aimait le chat de la maison. C’était elle qu’il préférait. Elle aimait le glissement de ses poils contre sa jambe, la chaleur qu’il dégageait lorsqu’il venait se coucher à ses côtés le soir dans son lit et qu’il faisait froid.

Il n’y a que par elle qu’il se laissait approcher le chat. Alors, c’est à elle qu’incomba la lourde tâche de l’attraper. Confiant, il comprit trop tard ce qui allait lui arriver.

Elle a toujours aimé les animaux. Mais ce soir, il fallait survivre.

*

Je suis cruelle, je sais.