26 avril 2010

À toute vapeur.

Le but : écrire un texte, impérativement à la troisième personne du singulier sur le thème «Le pays où l’on n'arrive jamais. »

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Le voilà entraîné en pleine mer ; où il faudrait les aptitudes d'un poisson, il apporte les instincts d'un oiseau ; il aime à vivre dans l'espace, dans les régions idéales où l'on ne va plus, au pays des rêves, d'où l'on ne revient guère.

Thomas se penche, appuyé contre la rambarde du navire, tentant vainement d'apercevoir le quai qui s'éloigne ou la mer à travers la vapeur épaisse. Il soupire. Il n'a jamais aimé les transports en bateau, leur préférant de loin les voyages en tube pneumatique. Ou mieux encore, ne pas voyager, rester dans son petit cottage, avec pour compagnie sa douce Elinor.

Il n'aime pas la foule et les mondanités. Le pire étant pour lui la Saison, cette orgie de bals et de faux-semblants. Il préfère de loin le charme calme des paysages lunaires. Heureusement, la Lune est délaissée de la foule et de la bonne société depuis longtemps déjà. Cette situation lui convient très bien.

Il repense aux événements qui l'ont entraîné dans cette aventure, à revenir sur Terre. Le phototélégramme le conviant, lui, Thomas Brandon, ingénieur respecté et distingué par la Reine elle-même, à se joindre à cette expédition, a capturé son attention.
Comment était-ce possible, en cette époque où les explorateurs s'aventuraient hors du Système, d'avoir encore à découvrir quelque chose sur Terre? Il n'en avait pas plus fallu pour qu'il apprête sa spatiocalèche à vapeur pour rencontrer le commanditaire, Sir Eliott, de ce voyage.

Thomas se force à réfléchir, pour oublier le roulis des vagues qui le rend malade. D'où Sir Eliott tient ces cartes mécanographiques, il ne le sait pas. Mais si elles sont exactes, les conséquences en seraient très importantes pour la facilitation du transport spatiaire. Il a hâte d'explorer cette petite île se situant au centre du triangle des Bermudes, endroit accessible – hélas – uniquement par bateau, les terres étant trop instables que pour y poser une Station Pneumatique.

Les semaines passent, lentement, trop au goût de Thomas. Ils devraient déjà avoir atteint leur destination. Les rumeurs qui circulent parmi l'équipage sont des plus étranges. Le passé de certains passagers serait obscur, en ce compris celui de Sir Eliott. Les murmures laissent entendre que ses cartes ont été acquises dans d'une manière bien peu catholique.
De plus... ses connaissances nautiques ne sont peut-être pas très développées, mais ils devraient déjà avoir atteint les Bermudes à ce jour. Le voyage s'est fait sans encombre, ils n'ont eu à essuyer aucune tempête.

Un jour où il déambule sans but près de la salle des machines, il croise Sir Eliott, qui ne le remarque pas. C'est alors qu'il assiste à une scène étrange : Sir Eliott sort un morceau de charbon de sa poche et le croque. À la forme de celles-ci, il vient de faire des réserves. La lumière se fait dans l'esprit de Thomas. Un automate.
Le lieu où ils se dirigent, il y repense, fut témoin d'une catastrophe il y a de ça vingt ans. Un tripode d'invasion s'y était abîmé, au soulagement des terriens, qui avaient été saufs de l'extermination prévue.
Le bruit avait couru que les envahisseurs avaient pu survivre, après tout, s'ils n'étaient pas humains, peut-être ne se noyaient-ils pas.

Sir Eliott, enfin, avait trouvé le génie qui l'aiderait à remettre ses amis en état de marche.

13 avril 2010

Valet de cœur

JPH 84 - ça faisait longtemps que je n'avais plus participé, manque de temps.
Consigne : Vous devrez écrire un texte dans lequel le narrateur est un valet de jeu de cartes. Il est enfermé dans une boîte. Un jour, on vient le délivrer. Votre texte devra obligatoirement être en prose.


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Pfff, on est à l'étroit ici dedans... mais poussez-vous voyons, vous ne voyez pas que je n'ai pas de place ? Quoi le deux, tu oses te plaindre ? Je suis plus fort que toi je te signale !

Ah, enfin, de l'air frais ! Mais... eh oh, arrêtez de me secouer comme ça, je ne suis pas un prunier ! Arrêtez voyons ! J'ai le tournis, je vais être malade, ne me lancez pas en l'air comme ça, je vais me rompre le cou !

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Qu'est-ce que je disais... complètement courbaturé que je suis ! Aïe... mais bouge un peu le dix ! Laisse-donc un peu de place à notre reine. Quelle idée il a eu aussi de nous ranger aussi. Une réussite, vraiment. Pardon, reine de mon cœur, ce fourbe de dix m'a intentionnellement bousculé pour que je tombe dans vos bras. Je ne vous importunerai plus, je vous le promets.

*

Ouille, un château de cartes maintenant, qu'est-ce qu'il ne faut pas imaginer ! Je hais ce propriétaire ! Où sont les batailles d'antan? Ah, que ne donnerais-je pour me retrouver à nouveau face à mon pire adversaire, le valet de pique. Et les batailles, parfois sanglantes auxquelles nous nous sommes livrés !
Après nous avoir construit en château, celui-ci n'a rien trouvé de mieux que nous écraser de la main !

*

Du mouvement, à nouveau... que va-t-il encore nous arriver?
Oh là, quel vent ! Quelle idée de nous sortir par ce temps ! Mais... je vole ! Nous nous envolons ! Vite, rattrapez-nous !

Trop tard, nous voilà propulsés dans un trou, de lapin probablement, sous un vieil arbre. Finir dévoré par les longues dents de ce rongeur, quelle horrible fin ! Si je pouvais sauver la reine de mon cœur...

Que se passe-t-il? Où est le sol? Je tombe... !

*

... coupe la tête !

Hein? Quoi? Qu'est-ce qui se passe? Où suis-je maintenant? Ah, une dame approche. Mais !

- Ma reine...

- Mon cher valet, je n'attendais plus que vous. Je sens que nous allons accomplir de grandes choses ici... J'ai entendu parler d'un chapelier, auriez-vous l'amabilité de me le quérir, une coiffe pour ma royale tête serait du plus bel effet.

- Assurément votre grâce, mais si par malheur il refuse?

- En ce cas, je lui ferai couper la tête !

Sauf s'il l'a déjà perdue...