24 mai 2010

Photos souvenir.

Thème du JPH : écrire un texte comportant obligatoirement les sept éléments suivants, à utiliser à notre guise : demain, le goût du café, une petite robe de coton, une odeur de brûlé, un air de musique, une tache rouge, une intuition.

*

J'ai retrouvé les photos. Je les avais prises pour toi tu sais.

On devait se voir le lendemain.
J'avais été me promener le long du canal, juste là, où nous avions tant partagé. Le sol était couvert de feuilles mortes, mais j'avais l'impression de voir le film de nos souvenirs devant mes yeux : nos batailles de neige, mes cheveux qui avaient gelés, nos corps transis de froid... et toi qui m'avais prise dans tes bras.
J'ai pris des photos de ces endroits, qui ressemblent à n'importe quel autre au bord de l'eau, mais qui avaient tant de signification pour nous, et que tu n'avais plus vu depuis si longtemps... ton déménagement, en fait.

J'avais hâte de te revoir. Excitée comme je l'étais, j'avais préparé mes vêtements la veille : ma petite robe rouge en coton, qui s'arrêtait au niveau du genou. Je me rappelais que tu m'avais dit que j'étais jolie dans cette robe. Et je voulais l'être, pour toi.

Ce matin-là, je me suis réveillée avec une drôle de sensation. Quelque chose n'était pas normal, mais je n'arrivais pas à mettre la main dessus. Mon estomac noué, c'était sûrement la nervosité à l'idée de te revoir.
Une odeur de brûlé m'avait tirée de ma rêverie. Le café. Tant pis, il fallait que j'avale quelque chose malgré tout, je l'ai bu.

Dans le train qui m'amenait jusque chez toi, je n'ai pas cessé de vider et remplir mon sac. Vérifier son contenu : les photos que je comptais t'offrir, ainsi que ce livre dont je t'avais parlé au téléphone et qui semblait t'intéresser. Mon appareil photo, surtout ne pas l'oublier, pour garder des souvenirs de ce jour.

À la gare, je savais exactement quoi faire. Sortir du côté des guichets et t'attendre près du parking motos. Je ne sais même plus combien de temps j'ai attendu. La musique jouée dans la salle des pas-perdus, encore à portée d'oreille, me rendait folle. Et ce nœud dans mon ventre, était-ce le café brûlé que je ne digérait pas? J'en avais toujours le goût âcre, dérangeant en bouche.

N'y tenant plus, j'ai trouvé un plan de la ville et marché jusque chez toi. Heureusement que ce n'était pas trop loin, mes sandalettes n'étaient pas destinées à une longue marche à pied.

C'est en voyant les traces sur la rue devant ton immeuble que mon malaise s'est accentué, et que j'ai commencé à comprendre que quelque chose n'allait pas.
Traces de freins, débris de voiture et de moto mélangés, sang. Beaucoup de sang. Le concierge a été très gentil, il m'a indiqué dans quel hôpital avait été emmené le motard accidenté, et il m'y a conduite.
Je suis arrivée trop tard, et je n'ai même pas pu te dire au revoir. Qui étais-je, en réalité? Seule la famille avait le droit d'approcher le corps.

J'ai retrouvé les photos. Je n'ai pas eu le courage d'aller à ton enterrement. Je ne connaissais personne hormis tes parents. Et ils n'auraient pas compris je pense. Alors je les ai rangées, dans le fond d'une boîte, là où j'espère ne jamais les retrouver.

1 mai 2010

Tulipes

Ca fait un bail que je n'ai plus mis de photos, et pourtant j'en ai prises de très belles il y a peu. Des tulipes et du soleil, on voit que c'est le printemps...