31 janvier 2011

Fille de la lune

Le sujet du jeu : l'homme ( ou la femme ) qui a deux ombres.
Des maladresses, je reprendrai ce texte dès que j'aurai un meilleur accès informatique.

*

Je les admire. Je les envie. Je ne les aime pas. Elles m'indiffèrent. Je ne sais pas...

Elles, ce sont les filles du soleil, comme je les appelle. Deux modèles : d'un côté, la blondeur des blés, les yeux bleu lagon, le teint de pêche. De l'autre, les cheveux noir de jais, des yeux en amande si foncés qu'on s'y perd, la peau naturellement hâlée toute l'année, et le charme oriental.
Deux genres, une seule admiration. Elles sont superbes, elles brillent, on n'admire qu'elles.

Entre ces deux extrêmes, il y a moi. Enfin, pas que, mais bon. Côté physique, c'est plutôt d'une banalité consternante. Et surtout, que personne ne remarque. J'ai l'impression que toutes les couleurs se sont mélangées dans mes cheveux, pour un résultat assez particulier. Pas moche, je n'en changerais surtout pas, mais pas exceptionnel. Et c'est pareil pour le reste. Une peau trop blanche, qui ne rougit même pas, quoi qu'il arrive.
Fille de la lune, en opposition avec les autres.
Je trouve la comparaison intéressante. J'aime la nuit. La lumière est pas pareille, les gens sont plus égaux dans cette obscurité. On voit moins bien les différences.

Et l'obscurité qui recouvre tout et tout le monde efface les ombres. Et j'ai alors l'impression d'être comme les autres. Une seule ombre, commune à toute la ville. Moi, j'en ai deux.
Pas au sens littéral, non. J'en ai une physique, en fonction de la lumière, et une intérieure. Dans le cœur. C'est Sa faute. Quand Il est parti, comme ça, sans prévenir, c'est comme si le soleil à l'intérieur de moi s'était éteint. La nuit s'est installée dans mon cœur. Tout est devenu froid en dedans.

Je me suis blottie dans cette obscurité, la nuit est mon amie. Dans l'ombre, on voit moins la douleur. Depuis quatre ans qu'Il a disparu, je m'y suis habituée. Ça fait encore mal, mais pas comme au début. L'ombre, ça répare à l'intérieur.

N'empêche que ça me fait une ombre en trop. Et je ne peux me débarrasser d'aucune. Donner une ombre réelle, à qui sauf à Peter Pan? Et c'est moi qui passerais pour ne pas en avoir ensuite, donc fausse bonne idée (surtout qu'il faudrait le trouver).
Et l'interne, à qui aurais-je la cruauté d'offrir de la douleur? Même à un ennemi, je ne souhaite pas ça. Sans compter que ça pourrait ne pas fonctionner. Transmettre une douleur, c'est peut-être une copie plus qu'un transfert qui s'effectue, ça n'a jamais été tenté. Autant ne pas risquer l'expérience.

Une nuit, je me promenais dans le cimetière. J'étais allée Le voir, comme souvent. Je ne suis pas de celles qui oublient rapidement.
Comme souvent, après, je flâne entre les arbres, à la faveur de la lune. Je connais les allées, je pourrais y marcher les yeux fermés. Mais j'ai buté contre un obstacle inconnu. En me relevant, j'ai vu qu'il s'agissait d'un homme, agenouillé. La pierre devant laquelle il était était neuve. Et double. On a un peu discuté.

Pour chasser l'ombre, il faut de la lumière. Et dans mon cœur, je sens que l'aube se lève.

17 janvier 2011

Mademoiselle

Thème du jeu : écrire un dialogue entre un minéral et un végétal. Possibilité d'inclure un tiers maximum de texte non dialogué, réparti à notre guise.
Et d'avance pardon pour le manque de présence, je n'ai plus d'ordi.


*

- Une alliance des plus réussies !
- Je ne vous le fais pas dire cher ami. Bien mieux que les tentatives précédentes.
- C'est vrai que nous sommes passés par des associations moins bien réussies.
- J'aurais tendance à dire que c'était dû au fait que je n'y étais pas assez représenté ?
- Pardon ? Que voulez-vous dire par là ?
- Ce que je veux dire, c'est que je suis la base de notre tout. Il fallait la chaleur que je procure - car vous en conviendrez, le bois est chaleureux - et une structure suffisante pour apporter la stabilité nécessaire à notre collaboration.
- C'est ça, et le métal peut aller se ranger, c'est ça ?
- Oh, mon cher, que du contraire ! Si je vous ai offensé, veuillez m'en excuser, ce n'était nullement mon intention. Vous êtes la pièce maîtresse, sans vous, je ne serais qu'une simple structure, jolie peut-être, mais parfaitement inutile. J'ai besoin de votre présence et de vos propos affûtés. D'ailleurs, les gens ne voient que vous.
Je ne suis là que pour vous mettre mieux en valeur, vous soutenir de toute ma force centenaire.
- Je comprends mieux, et en effet, nulle raison de s'offusquer. C'est vrai que lors des précédents essais, lorsque vous n'étiez réduit qu'à un simple bâton, quelle catastrophe !
Ici, vous m'encadrez, me guidez. Ni notre but ni moi ne pouvons dévier. Impossible de rater notre cible en ce cas.
- C'est aussi mon avis. Bien mieux que lorsque nous étions manipulés par des mains malhabiles. Ces humains peuvent tellement trembler !
- C'est préférable qu'ils n'aient plus qu'une corde à laisser choir.
- Ah, quelqu'un vient ! Nous allons pouvoir prouver notre efficacité !
- Je n'ai aucun doute de notre réussite, vous souvenez-vous de ces essais ?
- Oh oui, et comment donc.

Et pendant que le premier homme montait sur l'échafaud, il ne put s'empêcher de regarder avec appréhension la lame qui allait quelques instants plus tard lui trancher la gorge.
C'est que la mademoiselle agissait rapidement et proprement...