20 juin 2011

Mal à droite

Consignes : les personnages principaux devront être la main droite et la main gauche d'un individu.
Il fallait également insérer un proverbe. Cherchez pas, je l'ai oublié.


*

C’est mon amie. Mon ennemie. Ma jumelle. Si semblables et pourtant si différentes. Opposées même.

J’avoue, longtemps j’ai été jalouse d’elle. Si habile, si souple, si douée. A coté, je faisais pâle figure ! J’ai toujours été trop timide.
Dès qu’une tâche demandant plus d’agilité m’échouait – ce qui était rare – je devenais nerveuse, me mettais à trembler, et finalement abandonnais.

Le second rôle m’a donc été attribué à vie. Toujours là à la seconder, un travail utile certes, mais dans l’ombre, celui que nul ne remarque.

Une fois, j’ai tenté de me venger, de renverser la situation. Nous étions en équilibre, tout reposait sur nous et notre habileté à travailler de concert. Une faiblesse passagère, pile au bon moment, et nous étions tombées, juste sur elle. Six semaines de plâtre, où le beau rôle allait me revenir.
Douce illusion ! Elle n’a été que plus admirée, recevant des petits mots et des signatures par dizaines sur le plâtre devenu multicolore. Sans compter sur le fait que je n’ai jamais réussi à tenir un crayon et écrire aussi bien qu’elle. Les autres actions réussissaient encore, quoiqu’à un degré plus faible, mais mon écriture est parfaitement illisible. J’ai compris la leçon, et ai gardé ma place.
Je me suis dévouée à fond dans mon attribution d’aide, et en ai même été récompensée. Parfois, l’effort était fait de me donner le rôle principal, et quoique maladroite, je m’y appliquais de toute mon âme. Cela nous a parfois permis de nous tirer de situations inconfortables, où il m’était plus facile d’agir qu’elle.

Depuis, je l’aide. Je tiens ce qu’elle manipule, je plante la fourchette dans la viande pendant qu’elle coupe, je tiens le livre pendant qu’elle en tourne les pages, je tiens le volant pendant qu’elle change de vitesse, je joue les accords et les arpèges tandis qu’elle pianote les mélodies. J’ai parfois un peu de regret, mais je sais que c’est là ma place, et elle me convient.

Malgré tout, aujourd’hui, c’est à moi aujourd’hui qu’on glisse l’anneau d’or. Et même si l’honneur de glisser son jumeau à la main qui nous est chère lui revient, c’est moi qui ai le bonheur de soutenir cette dernière, pour lui faciliter la tâche, et de la caresser.

5 juin 2011

Jour de pluie

J'ai pas encore vraiment trouvé le titre...

*


Un homme sous la pluie vient de s'effondrer.

Plus rien ne lui importe, son costume trempé, son retard probable à son prochain rendez-vous, son rhume certain. Il est là. Figé. Le temps s'est arrêté.

Un instant plus tôt, il marchait résolument, tête haute, sourire aux lèvres, fier et conquérant. Quelques secondes ont suffi à le briser.

Telle une statue, la pluie semble n'avoir pas prise sur lui. Son regard est fixe, il est insensible à ce qui se passe autour de lui.

Son portable lui glisse des mains et va s'écraser sur le bitume. Le bruit le ramène à la réalité, un peu. Il regarde les miettes de ce qui a été son téléphone, cligne des yeux, comme s'il se réveillait. Et là, il craque. Impossible de faire les deux pas nécessaires pour atteindre le banc public. Il tombe à genoux sur le sol inondé, plonge sa tête dans ses mains. La pluie masque les larmes, mais pas les soubresauts qui secouent ses épaules.

Un parapluie vient le protéger quelque peu, un passant attentionné. Il ne le remarque pas, ne le remercie même pas lorsque, longtemps plus tard, il parvient à se relever.

Il mettra des heures à parvenir à l'hôpital, ses jambes refusant de le porter. À quoi bon de toute façon ? Arriver plus tôt n'aurait rien changé. Elle était déjà morte. Il fallait juste le confirmer.
Il ressortira de l'établissement encore plus affligé, si cela est possible. Difficile d'affronter un accidenté de la route. Mais ce collier, il l'aurait reconnu entre mille. Il le lui avait offert le matin même, pour leur anniversaire.