23 août 2010

Cauchemar

Premier des trois jeux de l'été, à écrire pendant les vacances (ça tombe bien, c'est là que j'avais disparu).
Il fallait écrire un texte à partir de cette ***photo***.


*

Les seuls souvenirs qu'il gardait ressemblaient à ceux d'un rêve. Un très, très mauvais rêve. Et le pire, c'est que tout cela était réel. Il avait encore du mal à l'admettre, mais quelque part, dans le fond de sa conscience, quelque chose savait déjà que ces moments hanteraient ses nuits, et qu'il se réveillerait souvent, en sueur... pour se rendre compte que tout était réel.

Il n'avait plus dormi depuis quelques jours. Trop récent. Dès qu'il fermait les yeux, il revoyait tout, revivait tout. À un détail près. Il revoyait la scène comme s'il en était un simple spectateur. Il se voyait, lui, et son père à ses côtés, tous deux face au médecin.

Le médecin... le médecin et son air compatissant. Peu importe son empathie, c'était un professionnel, ce n'était pas la première fois, ce ne serait pas la dernière. Ses paroles manquaient cruellement de sincérité. Ses explications, ses excuses, c'était trop, ou trop peu pour le petit garçon qu'il était. Trop dur à supporter. Trop insuffisant.

Sa réaction ensuite. Une réaction normale pour un enfant de dix ans, la plus saine et la plus logique possible : il avait nié, crié sur le médecin, et s'était enfui à toutes jambes. Le couloir mal éclairé et la lumière crue de la fenêtre, le bruit de ses pas qui résonnaient, c'était trop stéréotypé pour être vrai. Et pourtant. Des années durant, sa course effrénée dans le couloir troublerait ses rêves, une course qui ne prendrait jamais fin, où il n'atteindrait jamais la lumière réconfortante de la fenêtre et la vue plongeante qu'elle offrait sur la ville, si paisible, ignorante du drame qui venait de se jouer pour lui.

Cette scène, il savait déjà qu'il ne l'oublierait pas. Pas plus que le visage ensanglanté de sa mère dans ce lit, les yeux exorbités regardant fixement le plafond. Des yeux que le médecin a dû fermer lui-même, pour qu'ils ne s'ouvrent plus jamais...

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