5 décembre 2011

Rico

Il fallait imaginer une histoire (pas nécessairement d’amour ) entre un coq ( un vrai, pas un jouet, bibelot etc) et une pendule, histoire qui devait contenir une partie dialoguée et les cinq mots suivants : coutumier, chape, boutade, inexorablement, noyer.

*

Le soleil était déjà haut dans le ciel et une magnifique journée s'annonçait. Rico se pelotonna un peu plus dans son duvet, roucoulant de contentement tandis que le soleil lui réchauffait les plumes de ses rayons.

Un cri soudain, suivi d'un lancer de bottine particulièrement précis, vint troubler cet instant de plénitude.

Rico tomba de son perchoir, sonné, essayant de comprendre ce qui venait de lui tomber sur la tête (une bottine, découvrira-t-il...). Alors qu'il se relevait péniblement et vérifiait que sa crête était toujours intacte, des hurlements lui parvinrent.

- Crénom de nom, saleté de coq ! M'en va te bouffer si t'continues à pô m'réveiller !

Les cris se rapprochant, Rico jugea plus prudent de s'enfuir momentanément. Le fermier ne mit pas la main sur le coq fuyard, mais cela ne l'empêcha pas de hurler à travers toute la ferme le sort qu'il comptait lui réserver s'il persistait à faire la grasse matinée. C'est que le coq n'était pas coutumier des réveils à l'aurore...

Les paroles du fermier résonnèrent longuement dans son crâne réduit. L'idée d'être associé à du vin aurait de quoi plaire, s'il n'était pas prévu qu'il fasse partie intégrante du menu...

Il tenta d'éclaircir ses idées en allant se promener près de la rivière, mais les canards, ayant bien entendu le fermier plus tôt, se moquèrent de lui. Blessé, il partit. Le poulailler ne fut guère plus accueillant, les poules lui donnant des coups de bec, l'insultant, disant qu'il faisait leur risée à tous.

Il voulu en désespoir se réfugier sur le toit de la ferme, mais le soleil était maintenant à son zénith et une chape de plomb était tombée sur les environs, la chaleur faisant fuir tous les animaux vers le point d'ombre le plus proche.

De plus en plus déprimé, Rico se remit en route, cherchant un endroit, un seul où il pourrait se sentir apprécié, ou à tout le moins où il n'aurait pas à subir de boutades de la part des autres animaux.

Il se réfugia sur la branche la plus basse du noyer, celui qui était tout proche de la maison du fermier. De là, par la fenêtre, il voyait la vieille pendule. Il savait que de sa part, il n'aurait que du silence, et c'était tout ce qu'il demandait maintenant.
Il fut un temps où il avait admiré cette pendule, dont le tic-tac l'apaisait. Elle n'éprouvait rien pour lui, il le savait. Il avait tenté de lui parler un jour, sans jamais recevoir aucune réponse de sa part.

Épuisé par sa journée, il finit par s'endormir sur sa branche, dormant mal, craignant que les menaces de mort soient mises à exécution le lendemain. Comment pourrait-il bien se réveiller à temps ?

Le lendemain matin, une sonnerie résonna dans son sommeil. Quel était ce bruit ? Une deuxième sonnerie lui fit ouvrir les yeux, cherchant son origine. Ce ne pouvait être l'arbre. Une troisième, et il tourna la tête vers la fenêtre de la ferme. Une quatrième, et il vit que c'était sa pendule bien-aimée.
À ce moment, il remarqua qu'un rayon de soleil passait à l'horizon. Il était réveillé à l'aube ! Sa pendule avait répondu à sa prière, et l'aidait ! Elle l'aimait donc !

À partir de ce jour, on pouvait trouver le coq, inexorablement perché sur un arbre, chantant chaque jour nouveau avec plus d'entrain, en cœur avec sa bien-aimée.

2 commentaires:

Castor tillon a dit…

Ovin, c'est le mouton, pas le coq. D'abord.
J'ai adoré le lancer de bottine : on se croirait dans un tex Avery !

Maham a dit…

Hihihi, trop fort ton texte, j'aime bcp !!!!