4 février 2009

Ils étaient heureux.

A ne pas lire au matin... au cas où...

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Ils étaient heureux. Ils étaient jeunes et la vie leur souriait. Mariés depuis un an à peine. Amoureux comme au premier jour, si ce n'est plus. Leur amour était flagrant pour tous. C'était simple, ils rayonnaient de bonheur.
Surtout elle, dont le ventre s'arrondissait un peu plus chaque jour. Quelques mois auparavant, ils avaient annoncé l'heureux événement, lors de la réunion de famille annuelle. Ils avaient attendu qu'elle soit enceinte de trois mois, pour être sûrs. Et puis, ils voulaient d'abord profiter d'avoir ce petit secret entre eux et le reste du monde. Un secret qui fut parfois difficile à garder jusqu'au repas fatidique. Ils étaient si heureux qu'ils avaient envie de le dire à tous, et en même temps de n'en rien dire à personne, pour garder ce futur petit être rien qu'à eux, encore un peu.
C'était loin maintenant. Garder l'événement secret aurait été chose impossible, vu la rondeur du ventre qu'elle portait dorénavant. Quelle joie ce fut lorsqu'elle sentit pour la première fois bouger cette petite créature à l'intérieur d'elle. Elle était sûre qu'elle s'en rappellerait toute sa vie. Eux deux, écoutant de la musique, dans les bras l'un de l'autre. Lui ayant posé ses mains sur son ventre... Ils l'avaient senti tous deux, et avaient sursauté, avant d'éclater de rire, de bonheur.
Elle ne se lassait pas de sentir ces coups dans son ventre, tantôt douloureux, tantôt caressants, toujours rassurants.
Et puis un jour, elle ne le sentit plus. Il n'était pas non plus remuant, mais un jour entier, sans un mouvement... Une vague inquiétude s'empara d'elle, mais elle se laissa rassurer, ce n'était rien.
Lorsque le lendemain, elle ne le sentit à nouveau pas bouger, la frayeur s'empara d'elle. Sans perdre un instant, ils partirent en direction de l'hôpital. Ils répétaient à qui voulait l'entendre qu'ils ne s'en remettraient pas s'il arrivait quoi que ce soit à leur petit bébé.
Hélas, les résultats des examens furent des plus pessimistes. La nouvelle tomba, telle un couperet : l'enfant était mort. Il fallait procéder immédiatement à l'accouchement. Elle eut à ce moment besoin de tout le soutien de son époux, moral et physique, pour ne pas s'effondrer. Ses yeux s'écarquillèrent d'effroi. Il lui faudrait accoucher, de manière naturelle, d'un bébé qu'elle savait déjà mort. Le travail serait long, douloureux.
Quelque chose se brisa en elle. Elle fut allongée, on l'aida du mieux qu'on put. L'être complètement inerte avait du mal à sortir, elle avait du mal à pousser, tant sa peine était grande. Elle aurait tant voulu se blottir dans ses bras, pleurer, hurler. Mais il fallait tenir le coup. Elle n'avait pas le choix. Heureusement qu'il était là, à côté d'elle, lui tenant la main. Le regard de chacun étant le reflet de l'autre. Les larmes ruisselaient sur leur visage, la douleur profonde.

Ils étaient heureux... Il leur faudrait maintenant du temps pour réapprendre à l'être.

2 commentaires:

Yunette a dit…

Cauchemar... Chose que je ne souhaiterais pas à la pire des pourritures...
Chose que jamais je n'aimerais connaitre, la douleur, immense, incommensurable douleur de la perte d'un enfant.

Chrysopale a dit…

Un peu pareil... ma pire hantise, si jamais je devais être mère...