1 septembre 2009

Auf Wiedershen papy.

Jeu d'écriture 68c, pour le Cahier d'été.
Le texte devait commencer par cette phrase : "Parmi les papiers, il y avait une lettre curieuse."


*

Parmi les papiers, il y avait une lettre curieuse qui capta immédiatement son regard. L'écriture surtout. Bien qu'elle n'avait eu que très rarement l'occasion de la croiser, Helga reconnu tout de suite que cette lettre était issue de la main de son grand-père. Elle ne l'avait jamais connu, mort bien avant sa naissance. Le sujet était tabou dans la famille, elle n'avait jamais pu en savoir plus, à sa grande déception.
Peut-être que grâce à cette lettre, elle aurait quelques informations... Elle sourit à l'ironie de penser que c'était la mort de sa grand-mère et toute la paperasse qui l'accompagnait qui lui permettrait sans doute de connaître les circonstances de celle de son grand-père.

Elle observa un moment le morceau de papier jauni qu'elle tenait en main sans oser le lire. Pourquoi sa grand-mère l'avait-elle gardé, elle si virulente vis-à-vis de son défunt mari ? La missive était courte, quelques lignes, tout au plus. Les traits quelque peu tremblants, comme si elle avait été écrite sous le coup de l'émotion.
En haut à droite, une date. 4 juillet 1943. Peu avant sa disparition donc. Ne pouvant se retenir plus, Helga commença sa lecture.

Ma Bertha, mon amour,

Je ne peux oublier le regard que tu m'as lancé cette nuit, lorsqu'ils m'ont arrêté. Tu m'en veux, je le sais. Tu dois sans doute même me haïr.
Je ne te cacherai rien, ils m'ont battu, comme un chien. Ils voulaient que je signe ce papier. J'ai refusé. Tu dois t'en douter. Si toi tu n'as pas réussi à me convaincre, tu peux être sûre qu'eux n'y parviendront jamais. Non, ne te méprends pas, je ne te juge pas de l'avoir fait. Je comprends que tu as surtout pensé à notre petite fille. Que serait-elle devenue ? Mais même si l'idée de ne pas la voir grandir me déchire, jamais je ne pourrai me renier à ce point. J'y perdrais mon âme, je serais pire que mort en renonçant à toutes mes valeurs. Rester en vie à ce prix me serait intenable. C'est pourquoi je résisterai, encore et toujours aux nazis et à leurs idées.
J'ai entendu dire qu'ils allaient me déporter. Je suppose donc que j'ai peu d'espoir de te revoir un jour.

Prends soin de notre petite fille. Je t'aime tu sais.


Une larme tomba sur la feuille. Helga prit vite un mouchoir pour l'essuyer délicatement. Elle voulu faire de même avec une autre, un peu plus loin, mais celle-là était déjà sèche. Depuis longtemps.

Elle replia la lettre, rassérénée.

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